Chapitre 28

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Le bus avance calmement dans le soleil couchant. Les passagers sont silencieux. Une mère berce son enfant, ses courses entre ses jambes. Un étudiant prostré dans sa musique semble perdu dans un autre monde. Un aîné regarde les deux adolescents devant lui. Sous le regard du vieil homme, Loïs se triture les boutons de chemise. Il n'est pas habitué à cette tenue et l'excitation le rend nerveux. Comme si, cette soirée allait être essentielle à sa vie. Éridan à côté de lui, semble être dans le même état d'esprit.


« Stressé ? demande-t-il soudain.

– Un peu mais je sais pas pourquoi.

– Moi, je sais ! Je sais absolument pas danser », plaisante Éridan.

Ils rient et l'atmosphère autour d'eux se fait moins pressante.

Le bus finit par s'arrêter. Ils descendent nerveusement. Dans la rue, les lycéens finissants commencent à arriver. Tous vêtus sur leur trente et un, déjà enthousiastes et heureux à l'idée d'user les semelles de leurs chaussures.

Alors qu'ils n'ont fait que quelques pas, ils entendent leur nom. Ana se précipite vers eux aussi vite que ses escarpins lui permettent. Elle lève les pans de sa robe blanche pour éviter la chute, mais alors qu'elle arrive à leur hauteur, elle trébuche et se rattrape in extremis au bras de Loïs. Essoufflée et hilare, elle tente de reprendre son souffle sous l'œil amusé des deux garçons.

« Je vous ai... cherché... partout... commence-t-elle, ses propos entrecoupés de respirations.

– On t'a appelé, mais tu répondais pas !

– J'ai laissé ma pochette dans les affaires de Romane.

– T'es là depuis longtemps ?

– Là n'est pas la question, elle est full stressée, faut que vous m'aidiez ! »

Ils n'ont pas le temps de répondre qu'elle tire Loïs par le bras qu'elle tenait encore. Ils se retrouvent alors malgré eux à courir à en perdre haleine, écartant les quelques passants de « pardon, excusez-nous », lâchés dans leur essoufflement. Dans une urgence exagérée, ils sont entraînés par la frénésie d'Ana. Et peu à peu, ce qui était une simple hâte, devient une course. Leurs chaussures martèlent le trottoir tandis que la rue se fait de plus en plus animée. Les promeneurs ou fêtards, les regardent passer, amusés ou étonnés. La soirée n'a pas commencé que, déjà, l'euphorie et la folie s'est invitée.

Finalement, les grilles du lycée se profilent au loin. Ils arrivent, hilares, au portail et reprennent leur souffle comme ils le peuvent. Loïs jette un œil sur sa montre.

« On a vingt minutes avant qu'ils montent sur scène !

– Vos potes ouvrent le bal et vous arrivez sur le fil ! Bande d'ingrats ! s'exclame Ana.

– On s'est dit qu'on n'aurait pas besoin de nous...

– Bon dépêchez-vous, il faut que vous vous fassiez enregistrer. »

L'attente n'est pas encore longue. Les deux garçons passent le portique d'accueil rapidement. Et enfin, ils entrent dans l'établissement, leur tampon en forme d'étoile sur la main. Ana se recoiffe nerveusement en les attendant, ses cheveux, simplement retenus par une broche argentée, se baladent ici et là, remués par la course. Ils la rejoignent et un peu plus calmement que précédemment, ils se dirigent ensemble en salle de musique.

Le local poussiéreux s'est transformé en grande loge commune pour l'occasion. Trois groupes sont programmés pour la soirée afin de mettre l'ambiance. Quelques finissants se préparent aussi pour des intermèdes de toutes sortes. Mais l'ouverture de la soirée est donnée au groupe de ses amis.

Jusqu'à s'envolerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant