10- Second entrainement

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Anakin 

J'ai eu envie d'appeler tous les jours, mais j'ai réussi à me tenir ! A la place, j'ai dévoré ces deux webtoons, mis des étoiles et des commentaires. Mes copains ont appris à supporter mes sautes d'humeur. Je suis tantôt dépressif, limite amorphe, tantôt de mauvaise humeur, enragé. Je sens bien que je ne tourne plus rond. Le jeudi j'ai trépigné toute la journée, enfin il est l'heure du cours amateurs. Ils arrivent tous ensemble sauf deux, qui avaient un travail à terminer et arrivent cinq minutes en retard.

─ Je ne veux pas savoir ! C'est cinquante pompes. Vous bosserez votre TP plus vite et apprenez à gérer votre temps !

Je fais connaissance avec les autres malades. Je suis scié aussi par la beauté d'Elijah, le deuxième asthmatique. Il est brun, des yeux bleus, un visage avec des traits doux et une peau laiteuse, à se demander s'il y a un lien entre la maladie et la beauté. En tout cas à mon grand soulagement, celui-là ne m'intéresse pas.

Je leur demande de s'échauffer et de faire dix tours de stade.

─ Plus vite ! Vous vous trainez ! ... Les souffreteux si vous ne le sentez pas, vous vous arrêtez avant !

Plusieurs s'arrêtent. Je remarque que Martial continue doucement. Ils terminent difficilement leurs tours.

─ Vous avez couru dans la semaine ? Comme je vous ai demandé ?

Je regarde Martial en disant cela et lui fais signe de me donner son téléphone. C'est un vieux modèle démodé et minuscule, avec une coque en paillette grise.

─ C'est quoi ce téléphone ? je m'exclame malgré moi.

─ Je l'aime bien, il fonctionne bien et il n'est pas trop gros dans la main, répond Martial gêné.

─ Des trucs gros dans la main, c'est bien !

C'est sorti tout seul ! La vache, il faut que je me calme.

─ Et pour les films pornos, tu fais comment ? j'insiste bien lourd.

Martial hausse les épaules, sans répondre, il baisse les yeux, visiblement il n'aime pas que je l'affiche.

─ Tes dessins te suffisent, sans doute.

J'arrête de l'embêter et regarde son appli de course. Martial a couru le samedi soir, il a fait trois kilomètres à la vitesse d'une tortue. Je ne peux m'empêcher d'être amusé par lui.

─ Montrez-moi les autres, ceux qui ont couru, je note vos temps.

─ On peut les fausser nos applis, remarque Stéphane.

─ Bravo, belle mentalité ! C'est pour votre bien que je vous ai demandé de courir. Je peux aussi vous mettre présent à l'entrainement et vous ne venez pas !

─ Pardon, coach. Ne te fâche pas !

La moitié a couru seulement.

J'en désigne un au hasard dans le groupe de ceux qui n'a pas respecté sa part du contrat.

─ Toi ! tu n'as pas couru, tu me feras un tableau avec le relevé des temps de tout le monde. Ceux qui ont couru vous faites des temps de mémé !

─ Tu fais du combien toi ? demande Pascal.

─ Du vingt kilomètres heure mon gars ! Bon essayez d'atteindre le huit kilomètres heure et ceux qui n'ont pas couru : c'est deux fois !

─ Mais boss ?

─ Quelque chose à dire ? je fais menaçant.

─ Non ...si... Je vais faire un tableau de décompte pour le retour de Diego, en même temps que le fichier Excel.

─ Si tu veux. Allez ! On fait des passes ! Dépêchez-vous ! Vous me faites perdre du temps.

Je les corrige tous, soucieux de les entrainer le mieux possible.

─ Travaillez les mollets ! Les passes ! Je tâche d'être partout, ne cessant de crier, c'est crevant d'ailleurs, je n'avais pas réalisé à quel point notre coach devait s'épuiser sur le terrain.

Ils font des matches, je suis scié par la qualité des gestes de certains. Martial et Marcus envoient souvent des paniers depuis l'autre bout de la salle. Je me rappelle ce qu'a dit Diego. En effet, ces gars sont étonnants.

Je redistribue les équipes et décide de jouer avec eux, contre toute attente je m'amuse vraiment et ils me mettent en difficulté.

─ Bravo les anguilles, faites les anguilles !

─ C'est qui les anguilles ? demande Radi.

─ Martial et Marcus. Les bloqueurs Nathan, Pascal et Radi, bloquez-les ! Gênez-les ! Les autres faites les courir et donnez-leur du fil à retordre. Pour les bloqueurs, je n'ai pas la technique des meilleurs gars chez nous, mais vous devez vraiment les bloquer, sans qu'ils ne puissent rien vous reprocher. Il faudra que je les fasse venir une fois nos deux ailiers, pour qu'ils vous fassent une démonstration.

En parlant ainsi, je réalise que je commence à prendre mon rôle de coach au sérieux.

Martial est dans le camp adverse et je me fais plaisir de le bloquer. Il saute dans mes bras et se glisse contre moi, si j'avais encore le moindre doute, c'est mort ! Car il me rend fou de désir.

Quand l'heure de fin approche, ils bâillent tous et s'écroulent comme des ressorts cassés quand j'annonce que l'entrainement est terminé.

─ Bande de chochottes ! je rigole moqueur.

Je ronge mon frein pendant que tous se rassemblent pour ranger les ballons et les différents ustensiles de l'entrainement. Ils partent au compte-goutte, quand Martial est sur le point de partir, je l'appelle.

─ Allez-y, fait-il à ses amis. Je rentrerai après.

On est seul tous les deux dans le gymnase, sa poitrine se soulève doucement. Ses yeux verts lumineux sont assortis à son survêtement démodé, sur lui c'est un appel à l'amour.

─ Tu as l'air crevé ? je demande.

Pas la meilleure des entrées en matière, mais je peux difficilement lui dire : embrasse-moi tout de suite.

─ Je suis épuisé, reconnait Martial.

─ Tu veux que je te ramène en voiture, nos dortoirs sont à côté ?

─ Non c'est bon, je suis en vélo. Il me le désigne sur le parking devant nous.

J'ai envie de lui demander de sortir avec moi, mais ça ferait trop bizarre et surtout je ne veux pas de non. Je choisis un sujet plus neutre.

─ Tes webtoons ... ils sont pas mal !

─ Merci. Il a l'air surpris, un peu gêné. Je sens que tous les deux nous ne sommes pas dans une relation normale de deux garçons qui se parlent. Son trouble est trop évident. C'est d'ailleurs rassurant pour moi, de ne pas être le seul embarqué dans cette galère.

Je choisis de poursuivre sur cette voie neutre.

─ Tu fais vraiment les dessins et l'histoire toi-même ?

─ Oui je pourrais te le prouver, mais pas ce soir, je suis crevé.

─ Allez ! Prouve-LE-moi ! J'insiste, désireux de rester avec lui le plus possible.

Martial, vaincu, s'assoit par terre et sort un carnet de son sac à dos. Je m'assois à côté de lui, l'admirant de profil, me retenant de lui caresser les cheveux.

─ Tu as toujours ton carnet sur toi ?

─ Oui pour les idées, admet ce mec qui me fascine.

Il dessine, en quelques coups de crayon, c'est magique : Je vois mes traits apparaitre sur le papier.

─ C'est moi ! je m'exclame incrédule.

En peu de temps, il a esquissé mon portrait.

─ OK je te crois. La vache, tu dessines super bien.

─ Je vais y aller Anakin, je suis fatigué.

Je renonce à demander plus, je risque de l'agacer.

Basket & Astrophysique [ BL]Donde viven las historias. Descúbrelo ahora