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Depuis mon plus jeune âge, aucun autre dessin animé que Le Roi Lion ne m'a autant touché, pas même Bambi ou Dumbo. Ma grand-mère savait très bien qu'en arrivant chez elle, la seule chose que je voulais était de regarder ma cassette préférée en mangeant du chocolat. Et ça n'a pas changé. Lorsque Emma m'a supplié de ne pas zapper, je ne pouvais m'empêcher de l'adorer encore plus qu'avant, heureux que l'on regarde ce dessin animé ensemble. Oui oui, il en faut peu pour me contenter. Je soupçonne d'ailleurs la jeune femme de s'éclipser aux toilettes pile au moment de la mort de Mufasa. À ce geste, un sourire naît sur mes lèvres et je regarde la scène si tragique, mon cœur à présent protéger à force de l'avoir regardée.

- Emma, c'est fini, tu peux revenir.

L'air de rien, la brune revient dans le salon en prétextant ne même pas m'avoir entendu.

- C'est dommage de rater la scène la plus importante du film.

Prise au piège, elle rigole et vient me frapper l'épaule tout en remontant la couverture le long de son corps, ne laissant que son visage en dehors.

Je me mordille nerveusement la lèvre tandis que mon bras est posé sur le dossier du canapé. J'abaisse ce dernier en l'enroulant autour des épaules de la brune, la prenant alors dans mes bras. Emma se crispe mais finit par se relâcher, se calant au creux de mes reins, sa tête sur mon torse.

Nous sommes tellement attentifs au film que nous ne voyons pas l'heure passée. Le paquet de pop-corn préparé par mes soins est à présent terminé et, au fur et à mesure du film, Emma s'est totalement couchée sur le canapé, sa tête posée sur mes jambes. Je tournoie l'une de ses mèches noires entre mes doigts et remarque les lèvres de la jeune femme bouger au fur et à mesure que la chanson avance sur les retrouvailles de Nala et Simba, adultes.

Lorsque défile le générique de fin, je me redresse tout en faisant attention à ne pas réveiller Emma qui dort depuis vingt minutes sur mes genoux. Elle est si belle. Ses cheveux sont quasiment détachés tandis que son élastique menace de tomber. Je défais totalement sa queue de cheval pour qu'elle soit plus à l'aise puis me redresse pour prendre appui sur mes jambes et me lever du canapé, Emma dans mes bras. L'odeur de vanille qui s'échappe de ses cheveux lâchés me monte au nez ; j'apprécie beaucoup trop. Aussi, je la regarde à travers les reflets de la télévision et je ne peux m'empêcher de la trouver magnifique, le visage endormi, elle se blottit contre mon torse en posant l'une de ses mains dessus.

Un long soupir s'échappe d'entre ses lèvres lorsque celles-ci forment un sourire, elle a l'air bien, apaisée.

Je monte les escaliers en faisant tous les efforts du monde pour ne pas la réveiller et pousse la porte de sa chambre lorsque je m'y retrouve. J'avance dans la pièce grâce aux reflets des lampadaires et dépose délicatement Emma dans son lit. Cette dernière gigote et fronce les sourcils tout en allant s'emmitoufler sous la couette ; elle cherche ses repères mais je sens d'ici que quelque chose lui manque. Je décide de la laisser pour aller, à mon tour, m'endormir dans la chambre d'en face.



Ce matin, je me lève de bonne heure. Premièrement, il fait beaucoup trop chaud dans cette chambre et deuxièmement, j'ai une folle envie d'aller courir.

C'est habillé dans un simple short de sport que je décide de sortir de la maison pendant que Samuel dort encore. Dû à l'absence de sa voiture, je peux deviner que Emma est déjà partie travailler depuis longtemps.

Alors que je trottine, mes doigts défilent les suggestions que me propose YouTube lorsque ceux-ci s'arrêtent sur la chanson « You are the reason » que Emma et moi avons chanté au Letie's. Pas très entraînant, mais beaucoup trop motivant. J'appuie sur le bouton play et me lance dans ma course en ne pensant à rien d'autre qu'à elle. Qu'à elle et à Antoine. Je suis certain que cet enfoiré cache quelque chose et personne ne le voit. Abruti. En serrant mon téléphone entre mes doigts, je cours de plus en plus vite tout en prenant soin d'éviter les quelques personnes qui se présentent sur mon chemin. Qu'est-ce que ces gens ont besoin d'être sur le même trottoir que moi ? La mâchoire serrée, je revois le sourire de cet enfoiré à la soirée de Gabi et il ne faisait rien du tout pour arrêter Emma de boire. Qui fait ça ? Elle est beaucoup trop naïve, elle tombe dans son piège et je ne sais pas jusqu'où il ira, c'est bien ça le problème.

À présent à bout de forces, je sprint le plus longtemps possible jusqu'à ce que mes poumons n'en puissent plus et que mon souffle soit coupé par la rage.

- Putain, craché-je en m'arrêtant, mon torse baissé vers le sol et mes mains sur mes genoux.

Lorsque mon cœur et mes pensées se calment, je reprends mon chemin en changeant complètement de style musical afin de penser à autre chose. Je n'ai de toute façon pas le droit de donner mon avis ni de m'opposer ; Sam me l'a bien fait comprendre. On ne s'est toujours pas reparlé et ça commence à faire long, je n'ai pas le souvenir qu'on se soit une seule fois pris la tête devant du monde, encore moins à cause de sa sœur.

Le klaxon d'une voiture interrompt mes pensées et les cheveux blonds que j'aperçois m'arrêtent dans ma course, trottinant à sa hauteur.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Tu t'es perdu ? Ton t-shirt aussi apparemment...

- Très drôle. Je cours. Tu sais, ce sport que l'on fait en extérieur...

Lorsqu'elle s'arrête soudainement, son regard m'inspecte de haut en bas et je l'imite, intrigué.

- Monte, me dit-elle en désignant la portière du menton.

- Ça va aller, t'en fais pas. Je vais...

- Liam, monte, je n'ai pas que ça à faire.

Pour ne pas énerver encore plus la bête qui sommeille en elle, je décide d'obtempérer en montant dans sa voiture, mon corps déjà fatigué par cette course mais surtout par cette chaleur.

- Tu m'expliques ? demandé-je en attachant ma ceinture malgré que nous ne soyons vraiment pas loin de chez les Wilson.

- J'ai quelque chose à vous proposer. Noah et Gabi devraient nous rejoindre dans la journée.



- Des vacances à Saint-Florent ? répète Samuel pour la troisième fois consécutive.

- Oui Sam !

Exaspérée, Sara bondit de sa chaise et tourne autour de celle-ci, agacée du comportement de mon meilleur ami.

Lorsque Emma est rentrée du travail, vers 17h00, la blonde n'a pas su tenir plus de cinq minutes avant de se jeter sur nous dans le but de nous inviter dans la maison de ses grands-parents pour une semaine de vacances. C'était sans compter la réaction des Wilson qui ont catégoriquement refusé en prétextant devoir travailler. Bon, c'est vrai mais tout de même... une semaine de vacances n'a jamais fait de mal à personne.

- Dominique ne sera jamais contre de te donner une putain de semaine, Emma !

- On est beaucoup trop chargé pendant les vacances, répète la brune en débarrassant les plats japonais que nous avons commandés plus tôt dans la soirée.

- Mon patron ne m'autorisera jamais à prendre une semaine entière. Trois jours à la limite...

- Pareil... renchérit Noah. Quoi qu'avec la nouvelle, on est beaucoup plus large.

- Bon, ça ne coûte rien de demander, si ? Les gars, j'ai vraiment besoin de changer d'air, faites un effort...

Désespérée, Sara fixe ses trois amis avec une moue plus qu'exagérée.

- Au moins Gabi et Liam sont gentils, eux.

- Evidemment. Gabi donne cours à des mômes de 10 ans dans une école et Liam est déjà en vacances... rétorque Samuel.

- C'est quoi votre problème avec les enfants, au juste ? demande Gabi, vexée.

- Tant que j'y pense, on pourrait inviter Antoine et Téa, sourit la blonde.

Un long silence s'installe tandis que mon regard se pose sur Emma à présent crispée face aux mots de sa meilleure amie. Qui des deux ne veut-elle pas voir ?

- Ok, on en reparle demain. Je suis crevée, souffle la brune en s'éclipsant.

Le temps d'un étéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant