Chapitre 10 : Phéromones

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J'hésite. J'y réfléchis de longues heures, voire davantage. Mais je me dis que, pour le côté théâtrale de la chose, ça pourrait être amusant. Alors je demande son aide à Colas, et même s'il n'est pas tout à fait convaincu par mon idée, il me fournit ce que je lui réclame et m'accompagne même à la banque pour effectuer le retrait dont j'ai besoin.

_ Je voudrais également une carte bleue sur ce compte, s'il vous plait.

_ Ça, pas b'soin ! » intervient le Béta. « Je l'ai, ta carte. Tu m' l'as jamais demandée, résultat ça fait des s'maines que j' la trimbale. Tiens.

Il me la tend, et mes yeux se font soucoupes quand j'en vois la couleur.

_ Ce... C'est la mienne ? Ne serait-ce pas plutôt la tienne, Colas ?

Il me jette un regard étonné, vérifie le petit rectangle de plastique doré, puis me le tend à nouveau, un sourire taquin sur les lèvres.

_ Va falloir t'y faire, Tris' !


De retour au siège de l'organisation, Colas reste assez peu convaincu par mon idée.

_ Ça va pas lui plaire, j' le sens...

_ Ce n'est pas fait pour lui plaire. C'est fait pour mettre les compteurs à zéro.

_ Il va s' vexer, Tris'. Il en a rien à foutre, et tu l' sais !

_ Lui s'en moque. Pas moi. Et je ne peux pas continuer comme ça. Tu ne te rends pas compte, mais cette histoire me perturbe. Et puis... Je dois avancer. C'est important pour moi.

_ Ça va m' retomber d'ssus, ton bordel !

Je ris, et lui continue à grommeler.


Ne voulant pas ''être associé à mes conneries'', le Béta m'abandonne devant la porte du bureau de mon patron. Il a raison, ça ne va pas lui plaire. Et encore moins de la façon dont j'ai prévu ça. Mais moi, ça m'amuse. Ensuite, ce que je lui ai dit est vrai : cette histoire me perturbe beaucoup.

Je revois mon scénario dans ma tête, rassemble tout mon sérieux, et me plaque un visage neutre avant de toquer à la porte. Je pénètre la grande pièce quand Monsieur Rewo me l'autorise, et je vois qu'il est surpris de me voir. Après tout, c'est mon jour de congé.

J'avance jusqu'à son bureau, y dépose la valise, l'ouvre, et la tourne vers lui.

_ Trois milles euros.

Je le vois grimacer un peu, alors que, dans ma bouche, je me mords la langue pour rester impassible.

_ Tu sais que, les virements, c'est une façon tout à fait acceptable d'effectuer un remboursement ? Même dans une organisation comme la mienne.

_ Je sais. Mais j'aimais l'image de la mallette, et je trouvais la symbolique plus percutante.

_ Mais encore ?

_ Je ne vous dois plus d'argent, Monsieur Rewo. » lui fais-je d'un ton serein et assuré.

_ Tu m'as dit que tu restais encore six mois ! » crie-t-il en se redressant.

Touché ! J'ai réussi à le faire paniquer. Alors je le rassure... mais juste un peu.

_ Je vous donne l'impression d'être en train de partir ? J'estimais juste plus correct de vous rendre ce qui vous revient, d'autant que c'est grâce à vous que j'en ai les moyens. Et puis...

Je laisse ma phrase en suspens, retenant un sourire.

_ Et puis ?

_ C'est plus agréable ainsi, non ? Nous allons pouvoir travailler sans nous soucier de ce point. Ensuite, pour la dette de Daniel...

L'amant du parrain [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant