Chapitre 53 : Contrecoup

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"Qui craint de souffrir, il souffre déjà de ce qu'il craint."

- Montaigne -


PDV de Jackson

Je retirai mon t-shirt abimé et le jetai dans la corbeille avant de me rendre dans la salle de bain. Je lâchai un long soupir lorsque je croisai mon reflet dans le miroir qui surplombait le lavabo. Mon corps était couvert d'hématomes et mon arcade sourcilière était ouverte. J'attrapai une serviette et la posai sur mon arcade pour stopper le saignement. Bien que la plupart de mes blessures avaient déjà commencé à guérir, les bêtas de Reagan sur lequel j'étais tombé en me rendant dans le vieux carré n'y étaient pas allés de mains mortes. Ce qui était sûr, c'était que je portais mieux qu'eux à l'heure actuelle.

À défaut de pouvoir noyer ma peine dans une bouteille d'alcool insipide, j'avais extériorisé ma colère à l'aide de mes poings. Suite à mon altercation avec Victoria, j'avais brusquement éprouvé le besoin de sortir prendre l'air pour essayer d'oublier les souvenirs qui dansaient derrière mes paupières closes à chaque fois que je fermais les yeux. Même quand elle n'était pas là, Taylor n'avait de cesse de hanter mon esprit.

Le plus pathétique dans toute cette histoire, c'était que malgré le goût âcre de la trahison, mon cœur s'était mis à battre à un rythme effréné lorsque je l'avais trouvé dans cette ruelle, apeurée et perdue. Sa seule présence à mes côtés était parvenue à mettre le désordre dans mon esprit, faisant rejaillir tout ce que j'avais essayé de dissimuler derrière mon masque impassible. J'avais eu envie de la protéger, de la prendre dans mes bras et de ne plus jamais la lâcher alors même qu'elle s'était servie de nous comme elle utiliserait des pions sur un échiquier.

Quand son visage s'était décomposé en me surprenant collé aux lèvres d'Ashley, je n'avais pas pu empêcher la culpabilité de me percuter de plein fouet. Merde ! Je ne devrais pas me sentir coupable d'avoir embrassé une autre fille dans l'espoir que mon cœur aux rouages abîmés batte à nouveau pour quelqu'un d'autre.

Je grimaçai en sentant une main invisible écraser mon cœur entre ses doigts cruels. Que je le veuille ou non, je lui appartenais corps et âme, et ce, même si elle me détruisait un millier de fois avec ses mensonges. J'étais pire qu'un drogué addicte à sa substance. Si mon indifférence apparente pouvait laisser croire le contraire, la laisser partir avait été l'une des choses les plus difficiles qu'il m'avait été donné de faire.

Je jurai en jetant la serviette tachée de mon sang dans l'évier. Je sortis de la salle de bain et m'allongeai sur mon lit en fixant d'un air perdu le plafond de ma chambre.

- Qu'est-ce que je dois faire pour te sortir de ma tête ? murmurai-je dans le silence.

Personne ne semblait avoir la réponse à cette question. Je fermai les yeux, désireux d'en finir avec cette foutue journée, quand des pas s'approchèrent de moi. Visiblement, le repos n'était pas pour tout de suite.

- Où étais-tu ? me lança sèchement mon meilleur ami en s'arrêtant à côté de mon lit.

Même si j'avais les yeux fermés, son regard bleu semblait me vriller le crâne. Je pouvais presque imaginer l'air réprobateur qui déformait son visage d'ange qui lui valait tant de succès auprès des filles. Depuis son plus jeune âge, son côté social et serviable lui avait attiré les louanges des garçons qui voulaient intégrer son cercle d'ami et des filles qui rêvaient de devenir sa copine.

- Dans mon lit, là où je suis actuellement, soupirai-je en ouvrant les yeux avant de le regarder d'un air las.

Il attrapa un de mes t-shirts à portée de main et me lança à la figure. Je me redressai à l'aide de mes bras en haussant les sourcils. Il était rare de le voir sortir de ses gonds de cette façon.

Between Two SidesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant