Ancrée à ton port

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Ce soir là, la question du dîner trouva rapidement une réponse. Ils commandèrent deux pizzas. Pour une fois depuis des mois, Daren avait une faim de loup et il dévora avec appétit chaque part qu'il prenait. Sa mère, malgré qu'ils avaient eut à discuter tous les deux, lui en voulait encore et ne lui avait pas adressé la parole depuis.
   Le silence qui pesait sur la maison était assourdissant. Retour à la case départ : aucun regard, aucune conversation. Rien.
   Au cours du dîner, Daren pensa à Harley. Ça devait être dur de vivre toute seule dans une si grande maison. Il était heureux de lui avoir dit ce qu'il avait sur le cœur, de lui avoir parlé de sa mère défunte. D'ailleurs, la vie avec celle-ci avait été tellement difficile. Il se souvenait qu'un jour, il lui avait demandé pourquoi elle ne passait pas de temps avec elle et Lexa était entrée dans une colère noire, arguant qu'il était un enfant stupide et qu'elle avait mieux à faire. Il était retourné dans sa chambre en pleure et avait refusé de manger ce soir-là.

Ah la vie...

La soirée du vendredi s'écoula tranquillement. Le lendemain, Daren se réveilla très tôt alors que sa mère dormait encore et sortit de la maison silencieusement. Sur son vélo, il se dirigea jusqu'à la maison de Harley. Il voulait au moins la voir avant qu'elle ne parte pour ses courses, même si ce n'était que pour cinq minutes. De justesse, il la trouva près de sa voiture. Elle était vêtue d'un pantalon de costume noir dans lequel était fourrée une chemise blanche. Elle portait une cravate et un gilet ayant la même couleur que le pantalon - la veste devait sûrement se trouver dans la voiture. A ses pieds, Harley avait enfilé une paire de Boucle Beckett noir.
  Ses curlys avaient été attrapés en queue de cheval, laissant apparaître son dégradé à blanc fraîchement conçu. Il était impossible pour un inconnu de savoir que c'était une femme.

- Vous êtes vraiment très bien habillée et sentez bon comme d'habitude, dit Daren dans un murmure.

Harley sursauta au son de sa voix. Elle ne l'avait pas entendu arriver. Quand elle se tourna vers lui, un sourire illuminait son visage. Elle ne pensait pas qu'il viendrait chez elle si tôt, en ce jour.

- Merci champion. Quelle belle surprise ! Je ne m'attendais vraiment pas à toi à cette heure, ajouta la femme.

- C'est vrai. Mais, je me suis dit que venir tôt me permettrait de vous voir. Ne vous inquiétez pas, maman dort comme un bébé.

- Je suis heureuse de te voir. Mais, ne crois-tu pas que ta mère risque de beaucoup s'inquiéter quand elle se réveillera ?

Daren secoua la tête.

- Le week-end, elle dort énormément. Aucune chance qu'elle remarque mon absence, dit-il en haussant les épaules.

Ses paroles ne surprirent pas Harley. La mère de Daren était épuisée et désespérée. Malheureusement, le désespoir dans lequel elle semblait s'enfoncer condamnait Daren à la solitude.

- Vous avez une jolie voiture...

- Tu veux monter ?

- Je peux ?

- Bien sûr. Et tu peux même prendre ma place au volant.

Ce fût avec joie que l'enfant monta dans la voiture, côté conducteur tandis que l'adulte prit place, côté passager. Ils restèrent une dizaine de minutes à papoter puis vint le moment de se séparer. Ils descendirent alors du véhicule et se firent face.
Harley se mit à son niveau et le regarda. C'était un bel enfant. Elle était tellement absorbée dans sa contemplation qu'elle ne vit pas la femme qui avançait dans leur direction. Alors qu'elle venait de prendre l'enfant dans les bras pour un câlin, elle se sentit propulsée vers l'arrière. Elle releva la tête perturbée.