chapitre 14 : bal de sang [2]

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Marybess

Xander avait raison lorsqu'il disait que cet endroit était un endroit dans lequel je n'aimerais pas me retrouver.

Après avoir traversé le labyrinthe effrayant qui se dressait devant nous, un immense château lugubre nous est apparu. Gothique, sombre, le cliché parfait de la demeure de Dracula en personne. La pleine lune au dessus de nos têtes et les chauves-souris qui volent d'arbre en arbre ne font que rajouter un plus à ce tableau sorti tout droit d'un livre d'épouvante. Je n'aurais jamais crû me retrouver face à une telle bâtisse qui en impose autant par son charme rustique que par la frayeur qu'elle inspire. Seulement à moi parce que cet endroit semble tout à fait familier au groupe de vampire qui m'accompagne. Nul doute que ce n'est pas la première fois qu'ils mettent les pieds ici.

Plus vraiment sûre d'avoir envie de les suivre, je me stoppe net à l'entrée alors qu'Orlando, le père de Xander frappe le heurtoir, coincé dans la gueule d'une chauve-souris monstrueuse, tout ce qu'il y a de plus ignoble, contre la lourde et géante porte.

Je fais un pas en arrière, mais Xander me retient par le bras et me ramène à lui sans grand effort.

— N'aie pas peur.

— J'ai l'impression de ne pas être la bienvenue.

— Ce n'est pas qu'une impression. Aucun humain n'a le droit de fouler ces terres. C'est interdit.

— Qu'est-ce que je fais ici alors ?

— Tu as été invité.

Je suppose que je devrais m'en réjouir ?

— Je dirais plutôt, forcée.

— T'as pas tort.

— Trêve de bavardage les enfants, fait Orlando en me prenant par la main, on entre maintenant.

Alors que nous pénétrons tous dans le château, je n'arrête pas de regarder ma main dans celle d'Orlando qui m'éloigne de Xander. Ce dernier, resté dans ce hall vieillot typiquement victorien, n'ose pas protester tandis que son paternel m'entraîne je ne sais où. Je lui lance des regards effrayés et il ne bronche pas.

— Ne t'en fais pas, me rassure Éléonore, sa mère qui apparaît à mes côtés comme par magie, nous les retrouverons plus tard.

— Où est-ce que vous m'emmenez ?

— Te changer. Tu ne peux pas te présenter devant le conseil habillé comme une souillon. Même nos esclaves sont mieux fagotés que toi.

Question délicatesse, on y repassera et puis c'est quoi cette histoire d'esclave ?

— Viens, c'est par-là.

Nous arrivons finalement à bout de cet imposant escalier et nous dirigeons vers une aile du château qui abrite les chambres à coucher. Elles longent tout le couloir de droite à gauche et semblent occuper par pas mal de mondes au vue des chuchotements, des rires et des conversations animées que je parviens à entendre derrière les portes verrouillées. L'une d'entre elles, inoccupée, m'est octroyé.
C'est Éléonore qui m'ouvre la porte assez solennellement pour me laisser entrer en compagnie de son mari.

Les lumières s'allument comme par magie et la chambre est aussitôt éclairée. Le lit à baldaquin et tous les meubles rustiques de la pièce me donnent l'impression d'avoir fait un saut dans le temps. Les murs sont tapissés de papiers peint floraux à l'effigie du lys, mais sont également habillés par des tableaux anciens disséminés un peu partout. Des tableaux représentant des personnages totalement inconnus pour moi. La fenêtre en plein cintre donne sur un balcon de pierre et laisse apercevoir deux énormes gargouilles dont une est privée de son oreille de dragon. Posées sur les colonnes principales du garde-fou, elles donnent l'impression d'avoir leur regard braqué sur le lit, comme si elles avaient été mises là pour veiller sur les occupants de cette chambre en train de dormir. À mon avis, elles ont dû être témoin de pas mal de choses.

MARYBESS : le fruit d'un amour interdit Où les histoires vivent. Découvrez maintenant