Mercredi (2)

670 68 29
                                    

Pdv Iwaizumi
Lorsque je me réveille, je suis seul. Comme à chaque fois, ou presque. A la différence près que, aujourd'hui, j'ai fait une sorte de rêve. Je crois. Et j'ai l'impression que ma main porte encore le souvenir d'un contact. Mais c'est impossible. Oikawa n'est pas venu. Il n'est pas venu depuis que je suis là, ce n'est pas maintenant que ça va commencer. Je soupire. Les rêves, ça donne des espoirs stupides.
Je me redresse. Mes yeux accrochent quelque chose, à côté de moi.
Un livre. Un livre avec une page cornée.
Son livre.
Il est venu. Me voir, moi. Et il a parlé de ma lettre. J'en suis presque sûr. Il l'a reçu. Il l'a lu. Et il est venu me voir. Je prends une grande inspiration.

Il est venu me voir.

Putain. D'accord, d'accord. J'expire lentement. Il ne m'a pas oublié. D'accord. Je réprime un sourire alors que ma vue se floute.
Il ne m'a pas oublié.

« On se retrouve vite, d'accord ?  »
« Mais pour ça, il faut que tu sortes...»

Ses mots résonnent dans ma tête. D'accord. Guérir. Oui. Non. Non, je ne peux pas ? Je ne veux pas me sentir mieux. Enfin, si. Pour lui. Je veux le voir. Mais si je pouvais mourir, aussi, ça...
A quoi je pense ?
Depuis quand c'est devenu ma seule issue ? Merde. Ça craint. Mais même en me disant ça, je n'arrive pas à changer d'idée. Il faut que je le contacte. J'attrape le livre. Il n'a pas pu le laisser là juste comme ça. Je feuillette les pages jusqu'à celle repliée sur elle-même. Un numéro de portable y est griffonné. Je me concentre pour le mémoriser.
Je passe la tête hors de ma chambre. Un homme en blouse approche.

- Tu cherches quelque chose ?
- Heu, oui. Je voudrais passer un appel.
- A qui ?
- Un...

Si je dis '' ami'', ils refuseront. C'est sûr.

- Cousin. Il s'inquiète facilement.
- Dans ton cas, c'est justifié.
- Heu, oui, mais ce que je veux dire, c'est que s'il ne m'entend pas directement, il risque de stresser. Beaucoup. Et je voudrais lui éviter ça, vous voyez ?

Il hésite. Un dernier effort.

- Si vous acceptez, je ferai de mon mieux pour guérir vite.

Il hausse un sourcil et soupire.

- C'est d'accord. Mais je reste à côté, d'accord ?
- Oui. Merci.

Je prends l'appareil qu'il me tend et compose le numéro. Ce qui est curieux, c'est que ce n'est pas le sien. Je me demande à qui il-

- Hôpital spécialisé bonjour ?

Hôpital quoi ?

- Hum... Oui, bonjour. Je voudrais parler à Oikawa Tooru, s'il vous plaît.
- Un infirmier ?
- Un... Patient. Probablement.
- Probablement ?
- Jetez un œil, s'il vous plaît.

Un soupir d'agacement à l'autre bout du fil. Un échange inaudible, quelques minutes de silence et enfin un mot que je reconnais.

- Iwa ! Salut !

Je n'arrive pas à me réjouir.

- Oikawa ?
- Oui ?
- Pourquoi t'es à l'hôpital ? Tu m'expliques ?
- Et toi ?
- ... Moi, tu le sais. C'est à ton tour.
- Même raison. Te plaire, hein. On se refait pas.

Je m'adosse au mur. Il n'a pas besoin de préciser dans quoi l'hôpital est spécialisé. Je me repasse ces derniers mois. J'aurais dû être plus présent.

- Oikawa... C'est pas ton corps qui fait que je t'aime, mets toi ça dans le crâne... Je suis pas une de tes fans, moi.

Pas de réponse.

- Oikawa ?
- Tu l'as dit ?
- De quoi ?
- Que tu m'aimais. Tu viens de le dire. Sans que je te le demande.
- Ah, oui. Mais c'est pas de ça dont il faut que tu te préoccupes, là-
- Bah si ! Dis, tu m'as pas remplacé, hein ??
- ... Non. Bien sûr que non.
- Même par ta copine ?
- Je sais même pas si on est encore ensemble, ou si on l'a déjà vraiment été. Et toi ? Ta copine ?
- Elle est nulle. Je l'aimais pas, de toute façon. Mais bon, tu le savais déjà, ça.

Oui, en effet. Un silence s'installe, paisible.

- Eh, Iwa.
- Hm?
- C'est allé trop loin, tu crois pas ?

Je souris tristement.

- Clairement.
- Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ?
- De notre mieux, je suppose ?

J'entends sa respiration à travers l'appareil. Une petite chaleur se réveille dans mon corps.

- Je veux être avec toi, Iwa.

J'arrête de respirer une seconde.

- D'accord. Faisons ça, alors.
- Mais faut que tu sortes de l'hôpital.
- Je sais. Toi aussi.
- Je sais.
- Tu peux faire ça pour moi ?
- Peut-être. Est-ce que tu le peux ?
- Je peux essayer.

L'homme en blouse pose sa main sur mon épaule.

- Va falloir raccrocher, gamin.
- Oui, juste une seconde.
- Une seconde. Pas plus.

Je retrouve Oikawa à l'appareil.

- Je dois y aller. Je t'aime. On se voit bientôt.

L'homme raccroche sans me laisser entendre la réponse.

Pdv Oikawa
Quelques tonalités résonnent dans mon oreille.
« Je t'aime ».
Ces quelques mots aussi résonnent. Je suis tellement heureux que je pourrais exploser.
Je prends une grande inspiration. Il va falloir manger.
Je cherche quelqu'un du personnel jusqu'à tomber sur une femme. Je l'ai déjà vu plusieurs fois, elle. Elle est gentille, me demande toujours si j'ai besoin de quoi que ce soit, et ne me force pas si je ne me sens pas de faire quelque chose. Je l'attrape par la manche pour l'interpeller. Les poils sur mes avant-bras sont plus nombreux qu'avant.

- Excusez-moi...
- Oui ?
- Est-ce que je pourrais avoir...

Je réfléchis. Il faut y aller doucement, ou je vais regretter et recommencer à me sentir mal.

- Une salade de fruits ?

Ça, ça devrait aller. J'aime les fruits, en plus. Elle sourit. Elle est vraiment belle. Ça change de tous les autres, qui font la tête toute la journée.

- Bien sûr ! Tout de suite ou plus tard ?
- Tout de suite, c'est possible ? J'ai un peu faim.
- Pas de problème ! Je te l'apporte dans ta chambre d'ici dix minutes, le temps de la préparer !
- D'accord, merci.

J'empreinte le couloir et croise un autre patient. Bizarre, de me dire ça.  « Patient ». Je suis malade, donc. Je commence à le réaliser. Un petit rire m'échappe. C'est toujours ses mots à lui qui me font réaliser, ça ne change pas. Le garçon en face de moi a à peu près mon âge, je crois. Il a l'air. J'ai l'impression que si je lui souffle dessus, il s'envole. Il est vraiment maigre. Lui aussi, il a plus de poils que la normale. Les os de ses jambes ressortent presque. Je me demande si je ressemble à ça, moi aussi. Il me fait de la peine.
Je me demande si les gens pensent aussi ça de moi.

----------------------
Bonsoir bonsoir !
... Désolée pour le retard ? :D
Non en vrai la honte à chaque fois c'est cette ff qui est postée avec 4ans de retard alors que les autres sont à l'heure (ou presque), donc désolée :')
J' espère que vous avez aimé le chapitre et/ou que vous aimerez le prochain !
Bonne soirée !

You're mine [Iwaoi] Où les histoires vivent. Découvrez maintenant