𝐖𝐇𝐘 𝐀𝐌 𝐈 𝐋𝐎𝐕𝐈𝐍𝐆 𝐘𝐎𝐔 ?

chapitre dix-sept

CHARLES PRÉPARAIT LE petit-déjeuner tranquillement dans la cuisine de Mattéo. Un peu moins de deux semaines étaient passées depuis cette soirée de mars où Matteo et lui s'étaient baladés sur les bords de mer. Le monégasque était donc reparti à l'aventure afin de prétendre au titre tant convoité. Et il n'y avait pas à dire, sa voiture était atrocement performante. Lors des tests hivernaux, la Scuderia avait quelque peu survolé le classement, talonné par Redbull, Mercedes... mais également lors des deux premiers grands prix, bien que Redbull ait remporté celui de Jeddah.

C'était une opportunité que Ferrari n'avait pas laissé de côté. Lors du premier grand prix à Bahreïn, lorsque le pilote numéro seize empocha sa troisième victoire avec une pôle position et le meilleur tour, il dut vêtir son image de favori. Charles survolait le championnat. En seulement deux courses, pour résumer, il avait terminé premier, puis deuxième en Arabie Saoudite, derrière Max Verstappen. Les deux anciens concurrents de karting remettaient leur rivalité en jeu sur les tracés de formule un, et les fans adoraient ça.

Ce qui le faisait avancer était sans aucun doute son épanouissement dans sa vie personnelle. Vivre caché et en toute discrétion n'était pas souvent simple mais le brun aimait cela. Personne, mis à part Giada, n'était au courant et c'était tout aussi bien. Mattia Binotto était très impressionné par le réveil de son pilote. Lui qui, sur simulateur, se trouvait nettement derrière son coéquipier Carlos Sainz, il raflait tout sur son passage et était certainement destiné à faire de même pour le prochain grand prix, en Australie. Il partait pour l'autre bout du monde dans peu de temps, alors en attendant, il passait tout son temps avec Matteo, et squattait d'ailleurs son domicile depuis l'avant-veille.

Eux qui n'avaient pas mis de mot sur leur relation avant le départ de l'un pour la formule un, et l'autre pour les études, ce n'était qu'après le grand prix d'Arabie Saoudite que le blond avait demandé au monégasque s'ils étaient un couple. Ce mot avait totalement effrayé le brun, qui avait encore du mal à s'habituer à ce que représentait leur relation. Il préférait ne pas se prendre la tête et juste profiter, alors il avait accepté tout en disant à Matteo que c'était mieux de se comporter comme ils le faisaient depuis quelques semaines.

Cela devenait de plus en plus compliqué de se cacher, surtout aux yeux de leurs proches. Giada seulement était au courant, et le nombre de fois où celle-ci avait failli faire une gaffe ne pouvait être compté.

La mère de Charles sentait que son fils avait changé. Mais pour lui faire cracher le morceau, c'était impossible. Alors elle attendait patiemment que cela soit lui qui fasse le premier pas. Elle le voulait heureux, et par vagues uniquement, il l'était. Plus de bas que de hauts, mais il espérait que la balance finisse par se rééquilibrer.

Néanmoins, de son côté, le pilote se montrait nerveux à l'idée d'un jour devoir dévoiler ce petit secret à sa famille. C'était toujours une immense appréhension, peut-être qu'ils allaient le renier, peut-être pas, mais cette situation l'angoissait et lui donnait envie de recommencer. Il dut se faire violence pour ne pas calmer son angoisse de la pire des façons, alors il se perdit dans ses pensées qui fusaient dans tous les sens.

Il avait beau être heureux aux côtés de l'italien, ce n'était pas pour autant que ses problèmes profonds étaient réglés.

- Charles. Eh, Charles ! cria presque Matteo en se précipitant dans la cuisine. Il venait de faire brûler ce qu'il préparait. Tu voulais faire cramer ma cuisine ?

L'odeur du brûlé le fit tousser alors que le blond ouvrait les fenêtres afin d'aérer la pièce. Il sentait que quelque chose n'allait pas ce matin. Il n'était pas difficile pour lui de remarquer le mal-être du brun, et des fois, il n'y avait pas d'explication. Cela allait, venait, sans raison. Doucement, il se dirigea vers lui pour prendre son visage entre ses mains, afin de le forcer à le regarder. Ses yeux brillaient.