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Gagnant(e) : @Dyann.A
Texte 9



Bonjour à tous !

Quel plaisir de voir que vous êtes de plus en plus nombreux ! Merci infiniment !

Sans plus attendre, voici les textes ! N'oubliez pas de voter pour votre préféré !


Texte 1 : @ellozis

Elle m'attend

Je n'ose plus mettre les pieds dans cette pièce : je sais qu'elle est là, à m'attendre, installée sur le bureau , en train de scruter cette porte que j'ai trop peur d'ouvrir. Elle a beau être d'une innocence immaculée, je sens qu'elle aime me voir souffrir, se régalant de mon désarroi ; quand, allongée sur la table en noyer, elle m'invite à prendre une plume pour la caresser mais que je suis impuissant, incapable de la combler . Alors mes mains tremblent pendant que je l'entends rire et se moquer de ma faiblesse.

Cela fait plusieurs semaines déjà que je me terre dans un coin reculé du manoir, créant la plus grande distance possible entre sa salle et moi, tant je crains de la croiser ; même si je sais bien que, inéluctablement, il me faudra un jour lui faire face.

Lorsque, endormi dans mon fauteuil, j'entends trois coups frappés à l'huis, je me réveille en sursaut. Je suis pris d'une folle panique, pensant que c'est elle qui vient jusqu'à moi pour me débusquer  de ma tanière ! Après avoir loupé un battement de cœur, je me rappelle, soulagé, qu'elle est incapable de se présenter à l'entrée principale ; et je vais voir qui est ce visiteur indésirable.

Indésirable est bien le mot. Je salue monsieur Rey, lui présente des excuses creuses, des promesses vaines, avant de lui claquer la porte au nez. Las, je retourne à mon fauteuil, attrape la bouteille de vin qui avait roulé sur le sol, puis, sans même essuyer la poussière du goulot, je prends mon remède contre l'insomnie.

Le surlendemain, je reçois la visite inattendue de ma sœur. Elle ne me laisse pas l'éconduire et force son entrée chez moi, ouvrant grand les rideaux et appelant mes gens pour qu'ils nettoient mon antre ; je leur avais pourtant ordonné de me laisser tranquille ! La lumière du soleil et les mains laborieuses ont tôt fait de redonner à la bibliothèque son aspect originel. Puis je prends un bain contre mon gré ; je sens bien que si j'avais refusé, ma sœur serait venu elle même tenir le savon et la brosse.

Pour m'habiller, je n'ai apparemment pas le droit d'enfiler ma bonne vieille robe de chambre ; là où j'avais laissé ma fidèle compagnonne, je trouve un costume frais soigneusement plié. La tyrannie fraternelle continue en la personne d'un barbier, peu commode, qui m'arrange le visage. Là, je suis enfin redevenu suffisamment gentilhomme au goût de ma sœur.

Elle m'explique avoir reçu la visite de monsieur Rey, qui lui a dit s'inquiéter pour moi ; et elle comprend pourquoi, vu l'état lamentable dans lequel elle m'a trouvé. Je la remercie chaleureusement pour sa sollicitude, tout en lui assurant qu'elle n'a aucun soucis à se faire et qu'elle peut retourner sereinement auprès de son mari.

Il n'est pas facile de mentir à sa sœur.

Elle m'attrape par la peau du cou comme quand nous étions enfants, et me traîne à travers les couloirs du manoir. Elle connaît aussi bien que moi la demeure familiale, et m'amène précisément là où je ne veux pas aller. Là où je ne peux pas aller. Devant la porte interdite, je tremble comme un garçonnet en marmonnant que j'ai perdu la clef ; évidement, ma sœur la sort de sa poche et l'insère dans la serrure. J'ai beau supplier , elle fait retentir les deux cliquetis fatidiques. J'ai beau me mettre à genoux, elle abaisse la poignée. J'ai beau pleurer, elle me pousse dans l'obscurité qui veut me dévorer.

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