Blanc-Argentés : Destin d'une âme brisée

Chapitre 28 : Nora

J'attends sa réaction avec une certaine nervosité. C'est peut-être faux, mais j'ai comme l'impression que si lui et Maïa se sont retrouvés ici, ce n'est pas de gaîté de cœur. J'espère avoir tort. Mais il ne me semble pas que beaucoup de loups changent de meutes en si petit nombre. Les échanges, souvent pour la mixité et les bons liens entre meutes, se font par groupes d'une dizaine d'individus. Or, il semblerait qu'il n'y ai que lui et sa sœur. Et, quand en face de moi, je vois Connor baisser la tête comme pour réfléchir, je regrette. Je ne suis pas la seule à avoir un passé compliqué, et il semblerait que j'ai mis les pieds dans le plat.

_ Ce n'est pas grave si tu ne me réponds pas, je suis sûr qu'il y a plein d'autres questions que je peux te poser. Laisse-moi juste trouvé !

Il est possible que je panique légèrement, cherchant maladroitement tout autre question que je pourrais poser pour apprendre à le découvrir un peu mieux. Mais je suis toujours si peu douée pour ce genre de chose. Je l'ai toujours été et je ne pense pas que ça changera un jour. Dans les rares cas où j'étais confrontée à ce genre de situation, c'est Bérénice qui prenait le relais. Et après avoir passé tant de temps renfermé sur moi-même, je crois que j'ai oublié comment communiquer correctement avec le reste du monde.

_ Ce n'est rien, me coupe alors Connor en se redressant. Je réfléchissais juste à où commencer cette « histoire », me rassure-t-il en mimant des guillemets, un léger sourire sur les lèvres.

Sans voix devant son sourire, je cherche à savoir s'il est sincère ou non. Tout comme il a pris toutes les précautions du monde avec moi jusque-là, je veux lui rendre la pareille. Faute de la moindre trace de signe contraire sur son visage, je me penche sur notre lien, mais rien non plus. Je souffle, soulagée. Vraiment, apprendre à connaitre les gens, même s'il s'agit de mon âme sœur, ce n'est pas pour moi.

_ Notre meute de naissance avait des pratiques pour le moins archaïques que nous ne cautionnions pas. Et on s'est rendu compte assez jeune que nous ne pourrions pas rester dans une meute qui n'accepte pas le moindre changement. Alors nous sommes parties, Maïa et moi. Sans que personne ne nous suive, mais sans que personne d'autre, si ce n'est nos parents, ne cherche à nous retenir.

Pour la première fois depuis que je le connais, Connor fuis mon regard. Non pas par gène ou amusement comme il l'a déjà fait, bien au contraire. Mais pour ne pas se confronter au mien. Je suis bien placée pour savoir à quel point quitter une meute, volontairement ou non, est douloureux. Laisser derrière eux leurs parents, même si c'était pour trouver un endroit meilleur, a dû être un crève-cœur plusieurs années durant, aujourd'hui encore, ils doivent en souffrir.

Alors qu'il a pourtant finit de manger, il rattrape sa fourchette pour jouer avec un petit pois solitaire dans son assiette. L'effleurant de part et d'autre pour le faire rouler dans le récipient sans jamais l'en faire sortir.

_ Cette meute était supposée n'être qu'une étape, comme plusieurs l'avaient déjà été. Nous avions toujours été bien accueillis, mais nous ne nous arrêtions jamais. Je suppose qu'on cherchait une bonne raison de le faire sans jamais rien trouver. Je ne pense pas qu'il existe une meute dispensant des cours pour apprendre comment procéder si on venait à en changer, n'est-ce pas ? Essaye-t-il de plaisanter.

_ Non effectivement. Pas que je sache en tout cas, je lui répond.

_ Nous sommes arrivés au moment où les affaires de l'ancien Alpha ont été révélées au grand jour. Alors on a pensé partir directement, nous n'avions pas besoin de ça. Mais il s'est avéré que Wiatt était l'âme-sœur de Maïa. Et je ne pouvais ni dire à ma jumelle de le quitter, ni la laisser ici et partir seul. Donc nous sommes restés. Et quelques temps après que Wiatt soit devenu Alpha, il m'a nommé Bêta.