Somehow, I would know ... [ ANCIENNE VERSION ]

Chapitre 30 : Storm

«  Je crois qu'il faut qu'on parle. »

Lui demander de repartir sur le champ, de remettre cette discussion à plus tard parce que je n'étais pas en état de l'écouter aurait – en temps normal – été mon premier réflexe ; mais mon désarroi était tel que je ne pus qu'opiner et le suivre.

En un instant, je m'étais retrouvée bien loin de la roseraie, Jace me tenant fermement le bras et m'étais prise à redouter le pire.

Sa présence inopinée me glaçait. Parce que j'avais bien peur de connaître la personne qui lui avait indiqué où je me trouvais. Parce que j'avais peur de savoir ce qu'il voulait me dire. Et parce qu'en toute logique, c'était à moi qu'il revenait de parler la première, de lui dire tout ce que j'avais à lui dire.

- Je veux comprendre, maintenant. Alors explique moi.

Je sais très bien que tu m'évites. Que tu fais tout pour me voir le moins possible. Que tu m'en veux pour quelque chose que j'ignore encore. Alors je sais pas, parle, mais fais quelque chose.

A cet instant précis, il avait levé mon menton de son pouce, me forçant à le regarder.

En voyant son air attristé, ce fut plus fort que moi, je me levai, prête à détaler.

- Tu crois que fuir changera quelque chose ? commenta-t-il sombrement.

Il avait raison. Je devais lui parler. Pas une autre fois. Pas un autre jour.

- Je ne veux pas fuir Jace. Mais j'y arrive pas. J'ai tellement de choses à te dire, et si peu en vérité. J'aimerais passer au dessus de ce que j'ai vu et compris mais j'y arrive pas, j'y arrive plus.

Après avoir un court instant reprit mon souffle, je débutai haletante :

- Je sais pas t'expliquer ce qui m'est passé par la tête ce matin-là. Je sais juste que quand je t'ai vu, à terre, avec toutes ces conneries à côté de toi, j'ai réalisé que t'étais peut-être pas ce Jace que je pensais connaître. Et j'ai pris peur.

Et encore maintenant j'ai cette peur. Cette peur irraisonnée de parler à un Jace qui m'est inconnu.

Mais tu peux pas comprendre ça, Jace. Comme tu ne peux pas comprendre ce mal que tu m'as fait. Ni cette peur, cette colère, cette rancune, que j'éprouve à ton égard.

Je n'avais pas osé réfléchir à ce que je disais. A ce que je risquais de faire ou de dire s'il avait le malheur de trop insister. Savoir que j'étais en train de reproduire ce que je m'étais pourtant jurée de ne pas faire me terrifiais. J'étais juste là, en pantin, à agir sans comprendre.

Ces derniers temps, je n'avais pas su voir ce qu'il aurait pourtant fallut voir. Pas plus que je n'avais su comprendre, et réagir de la bonne manière. Je me retrouvais terrifiée, à l'idée de perdre la seule personne qui semblait réellement me comprendre. Terrifiée à l'idée de ne l'avoir jamais connu sous son véritable jour. Terrifiée à l'idée de devoir lui en vouloir. Terrifiée à l'idée de tout lui pardonner, trop facilement, et qu'il continue à se détruire, sans que je ne le vois.