Adeline avait repris le travail après son week-end improvisé à New York. Dès son retour, son moral s'était mis sur pilote automatique. Un nouvel employé occupait le bureau de Roman, elle ne le remarqua que deux jours plus tard, lors d'une réunion où il s'assit à côté d'elle et commençait à lui parler, tournant la tête elle se demanda pendant quelques secondes qui c'était, avant de détourner la tête complètement désintéressée et de suivre la réunion. Adeline commençait à chercher un nouvel emploi, celui-ci touchait à sa fin, principalement parce qu'elle n'aimait pas la ville, cette ville grise, sale et triste. La première fois qu'elle était venue, principalement pour faire du repérage, s'essayant un instant pour vérifier sa géolocalisation sur une carte, prendre des photographies, un garçon de café lui avait demandé de quitter sa terrasse si elle ne consommait pas, sur un ton si condescendant, qu'elle avait failli le tuer en le battant avec sa chaise en rotin. Adeline détestait Paris. Les habitants étaient imbus d'eux-mêmes, comme si vivre ici les rendaient supérieurs aux autres. La ville puait la pollution, était bruyante, mais elle était parfaite pour ce qu'elle avait besoin de faire, dans l'anonymat le plus total. La compagnie de fret lui permettait de faire transiter du matériel en toute discrétion. Il était temps qu'elle s'en aille, le nouvel employé semblait vraiment vouloir sympathiser avec elle, passant la voir chaque jour, lui souhaitant une bonne journée. Audrey avait été sa seule concession, avec des limites quant au nombre de bonjours par semaine, le nouveau avait déjà atteint son quota, en seulement deux jours. Elle savait déjà tout de sa vie et semblait avoir un faible pour les blondes aux yeux bleus selon les photos qu'il postait. Il n'avait pas de squelettes dans son placard, en dehors du fait qu'il ne se fixait pas, changeant de copines comme elle change d'identité. S'il s'imaginait pouvoir coucher avec Adeline, le nouveau risquait d'être surpris.
Roman avait arrêté de revenir au travail, son profil était systématiquement barré, il n'existait plus. Personne ne pouvait l'aider au bureau, le service informatique était impuissant, alors il s'en alla, simplement. Dire qu'il manquait à ses collègues serait mentir, mais savoir ce qu'il lui arrivait les attristait. Certains cherchant à s'imaginer être à sa place, perdre leur identité, leur compte en banque, leur vie. Adeline savait ce que c'était. À Roman de se réinventer, pensait-elle, elle lui offrait l'opportunité de repartir à zéro, à lui de saisir cette chance, il devrait même la remercier, nombreux sont ceux qui aimerait tout recommencer, effacer leurs dettes, leurs vies de merde, se reconstruire. Elle l'avait bien fait, elle. Nouveau nom, nouvelle personnalité.
Elle éteignit son ordinateur et mettait son manteau quand le nouveau passa la tête dans le cadre de sa porte.
« Salut, Adeline, tu as envie de venir boire un truc ? J'invite tout le monde pour fêter ma première semaine parmi vous.
— Non merci, j'ai quelque chose de prévu », répond-elle sans le regarder.
« Allez, juste un verre.
— Écoute, euh...
— Simon.
— Écoute, Simon, on ne se connaît pas...
— Justement, viens », la coupe-t-il.
« Écoute, Simon, on ne se connaît pas et quand je dis que j'ai quelque chose, ce n'est pas pour me débarrasser ou autre, j'ai quelque chose de prévu. Que tu me crois ou non m'importe peu, en fait.
— La prochaine fois, alors, bonne soirée, Adeline, et bon week-end », dit-il en souriant en rejoignant les autres employés.
Adeline hausse les épaules et finit de s'habiller avant de se diriger vers la porte.
« Hey », demande Audrey en l'attrapant quand elle éteint les lumières. « Tu ne viens pas, n'est-ce pas ?
— Salut. Non, j'ai...
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Hackeuse
Детектив / ТриллерTout le monde adore Adeline, que ce soit ses voisins ou ses collègues de travail, seulement voilà, Adeline n'existe pas. Ce n'est qu'une des nombreuses identités qu'elle utilise, ayant oublié son nom et son passé suite à une agression où elle fut la...
