Sar Ka Ha

• • • La Douleur après la Tempête

-Tu as dit que Sar Ka Ha ne prenait jamais la même fille deux soirs de suite...
-Non, j'ai dit que ça arrivait rarement. Et celle-ci a été ramenée bien trop tôt cette nuit. Il est clair qu'il n'en a pas fini avec elle.

Nejanne se recroquevilla encore un peu plus sur elle. Elle ne voulait pas revivre cette nuit-là.

-Lève-toi allez!

Aucun mouvement.
Une fille lui prit le bras, Nej se défit aussitôt de la prise, le drap serré le plus fort possible entre ses doigts.

Saphir haussa les épaules:

-Tant pis pour elle. Venez.

Toutes s'éloignèrent, à l'exception de Sol qui ne savait ni quoi penser ni quoi faire.
Finalement elle la laissa en paix, ne pouvant l'obliger à quoi que ce soit. Et de toute façon, elles ne se connaissaient pas, elle ne lui devait rien.

Le gong finit par retentir, et à l'exception de Nej, toutes se mirent en rang à genoux devant les portes.
Lorsqu'elles s'ouvrirent, une question froide rugit presque aussitôt:

-Où est-elle?

Aucune réponse. L'homme au turban se mit à paniquer:

-Répondez à votre maître!

Saphir se redressa avec grâce et sensualité et s'adressa avec une soumission parfaite et sincère à Sar Ka Ha:

-Là-bas Maître. Elle n'a pas voulu se lever, ni s'apprêter pour vous malgré nos demandes.

Même si Nejanne était loin et dos aux portes, elle entendait tout. La terreur la faisait trembler maladivement et son corps était si crispé que ses muscles en étaient douloureux.
Sar Ka Ha dépassa les filles, faisant au passage une caresse de son index sur la joue de Saphir qui en frémit de plaisir. Il alla jusqu'à la couchette et regarda le petit corps blessé et tremblant, sentant son sexe se gonfler amèrement dans son pantalon.
Nej attendait l'ordre de se lever, et elle ignorait si elle obéirait à ce moment là. Mais l'ordre ne vint pas.
Au lieu de ça, elle fut soudain brutalement saisie par les cheveux et traînée hors de la couchette. Le drap emmêlé autour de ses jambes la suivit sur quelques mètres mais elle se retrouva vite entièrement nue aux yeux de toutes et tous. Il gardait le poing fermé sur la chevelure et marchait d'un pas assuré et calme. Nejanne haletait, essayant de suivre le mouvement à moitié à quatre pattes, à moitié à croupis, tenant le poignet de l'homme dans l'une de ses mains pour essayer de l'empêcher de tirer.

Il la tira hors du harem devant les yeux hébétés des gardes, de l'homme au turban, et ceux apeurés des courtisanes.
Les portes se refermèrent derrière le seigneur.

Saphir poussa un soupire frustré et jaloux:

-J'espère qu'il l'usera vite. Qu'on en finisse.