Chapitre 4

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Le soir, je vais voir Five. Il est en train de lire les recherches d'Elliott.

- Five, je dois te parler.

- Je ne veux surtout pas être désagréable, Lizzie, mais je suis occupé. Pourrais-tu aller voir ailleurs si j'y suis, s'il te plait ? Merci, réplique-t-il sans lever les yeux de ses feuilles.

- Ah, bah tu connais mon prénom.

- Oui. C'est toi qui m'avais versé de la colle forte sur ma chaise de bureau à la Commission quand j'y travaillais. Je me rappelle de ça. Et aussi qu'on était ex-aequo dans les grades. Ce sont les seuls souvenirs que j'ai de toi. J'aurai préféré ne pas en avoir du tout.

Je soupire.

- Il faut qu'on sorte de cette époque, bordel. On peut pas rester là... D'accord, j'ai failli te tuer, mais tu étais tueur à gages toi aussi. Et je peux t'aider. Donc, ça me dégoûte de dire ça, mais... on doit faire équipe pour s'en sortir.

Five leva enfin les yeux de ses feuilles.

- Je te propose un combat. Si tu perds, tu me lâches, si tu gagnes, tu rentres avec moi dans le présent quand j'aurai trouvé une solution. OK ? fait-il comme s'il savait d'avance que j'allais perdre.

- D'accord. Mais tu n'as pas le droit de te téléporter.

- Je vais essayer.

Il se lève face à moi en soupirant de lassitude.

J'essaie de lui donner un coup de poing au visage mais il se baisse et me frappe à la poitrine. Je sers les dents car ça fait super mal. Je balaie ma jambe et le fais tomber. Mais il m'attrape la jambe à son tour, me met par terre, se relève et me bloque les bras avec son pied.

- Je crois que j'ai gagné, dit-il.

Mais je lui mets un coup de pied dans l'entrejambe et il recule en grimaçant. J'en profite pour me relever et j'entoure son cou de mon bras comme pour l'étrangler.

- Je crois que j'ai gagné, je rectifie.

- Tu as triché, gémit Five.

Je le pousse et il tombe sur la chaise.

- Je te déteste.

- C'est réciproque. Tu t'es bien battu, j'ajoute.

- Et toi tu as triché...

- C'est ça. Sors de ma chambre, maintenant.

- Ce n'est pas ta chambre, rétorque-t-il.

- Bah, si. Toi tu dors dans le salon.

- Non, malheureusement. On n'arrive pas à déplier le canapé-lit.

- C'est une blague !? je m'exclame. Bon, dégage de là.

- Avec plaisir.

Il sort en claquant la porte. J'enlève mon tee-shirt, et mon jean et j'enfile le pyjama qu'Elliott m'a dégoté. En fait, c'est un tee-shirt tellement grand qu'il m'arrive aux genoux. C'est mieux que rien.

Je m'endors dès 22 heures. Un peu plus tard, vers minuit, je me redresse : j'ai entendu du bruit. Je jette un coup d'œil dans la pièce. Il y a juste Five, à l'autre bout, qui dort profondément sur un matelas. Je l'enjambe et je sors. Quelqu'un crie.

- Où sont-ils ? demande une voix d'homme.

- Je ne... sais pas... de qui vous parlez, répond la voix d'Elliott.

Je m'avance dans la pénombre et ce que je vois me glace le sang : Elliott, attaché sur la chaise de dentiste, est en train de se faire torturer par trois hommes. Ils ne me disent rien mais sont tous les trois blonds platine aux yeux bleus. Peut-être des Suédois.

Je m'apprête à intervenir mais une main se plaque sur ma bouche et m'empêche de bouger. Je la mords pour me dégager.

- Aïe ! souffle Five.

- Ah. C'est toi, je murmure sans grand enthousiasme.

- T'es pas si conne que ça, quand même ? Ce sont des psychopathes qui sont en train de le torturer. Ils nous cherchent, donc si t'arrives comme ça, l'air de rien, ils te tueront direct.

- Depuis quand ma survie t'importe ? Et je sais me défendre.

Il lève les yeux au ciel, pas très convaincu.

- Pour la dernière fois : où sont la fille et le garçon qui peut se téléporter ? demande l'un des Suédois.

- Aucune idée.

J'entends Elliott pousser un hurlement strident et je ferme les yeux en me mordant les lèvres.

- Il est mort. Allez, on y va, lance l'homme.

Five m'attrape le bras et nous téléporte dans la ruelle. Les trois Suédois sortent et on se cache dans l'ombre du mur.

- Super, je lance quand ils sont partis assez loin. Je porte un tee-shirt beaucoup trop grand et il fait dix degrés dehors. La seule personne à peu près de confiance qu'on connaissait vient d'être assassinée sous nos yeux, on n'a nulle part où aller, on est recherchés, et je devrais t'avoir tué et avoir terminé ma mission depuis des lustres !

Je me tais, à bout de souffle.

- Les lumières... fait Five.

- Quoi, les lumières ?

Je me retourne. Les lampadaires proches de nous clignotent. J'ai chaud tout d'un coup.

- C'est rien, c'est juste une panne.

- Mais...

- Il faut qu'on parte de là. On est toujours recherchés, je l'interromps.

La chaleur retombe et je commence à trembler. 

On aura pas le temps de mourirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant