EN PLEINE LUCARNE

CHAPITRE 2

Point de vue de Harry.

Trois jours sont passés depuis mon premier jour de travail au sein de cette équipe. Les joueurs sont sympas et m'ont plutôt bien intégré. Certains ne sont pas au courant que je suis le fils de Desmond, et honnêtement, je trouve ça aussi bien. Les choses n'ont pas forcément besoin d'être mélangées. Les autres kinés du groupe sont très sympas aussi, j'ai assez rapidement trouvé pas mal de points communs avec deux d'entre eux.

A vrai dire, la seule ombre au tableau depuis trois jours, c'est Tomlinson. Je ne l'ai pas revu. Il n'est pas revenu se faire masser et étirer depuis notre altercation dans le bureau du coach. Il se tient loin de ma salle et ne m'adresse pas un mot lorsque j'observe l'entraînement du bord du terrain afin de surveiller les éventuelles blessures des joueurs dont je suis responsable.

Il est froid, hautain.

Le reste de l'équipe semble énormément l'apprécier et c'est la même chose pour le staff. Tout semble bien se passer avec la totalité du groupe, mais quelque chose coince entre nous. En fait non, quelque chose coince avec moi, apparemment.

Le fait que je sois un homme, un homme qui aime les autres hommes je suppose.

Le nez plongé dans le dossier d'un joueur qui semble accumuler les blessures depuis quelques années, je fronce un peu les sourcils en entendant toquer à la porte de ma salle.

Il me semble pourtant avoir fait les soins de tout le monde à la fin de l'entraînement.

-Entrez.

Je lève un sourcil, surpris de voir Tomlinson pénétrer dans la pièce. Il ne m'adresse pas un mot, referme la porte derrière lui et part poser son sac de sport avant de s'allonger sur la table de massage.

-Ça me tire pas mal dans l'arrière de la cuisse.

Il se fout de moi ?

Il vient ici après la scène qu'il a osé me faire dans le bureau de mon père lundi, entre sans dire bonjour et s'installe pour se faire masser, comme s'il ne s'était rien passé.

-Dommage pour vous.

-Quoi ? C'est une blague la ?

Le ton outré du joueur me laisse tout à fait indifférent, et je me reconcentre sur mon dossier sans un mot de plus.

Je pense qu'il va comprendre le message et récupérer ses affaires pour s'en aller, mais Louis Tomlinson semble bien plus têtu que ça, finalement.

-Si tu t'attends à des excuses, tu peux toujours courir. Et si tu ne me masses pas je le dirais à ton père.

Je lève les yeux au ciel à l'entente de ses mots et lâche ma ligne des yeux pour plonger à nouveau mon regard dans le sien.

-Je me disais que les rumeurs sur votre caractère capricieux étaient fausses, ou exagérées... je me suis trompé visiblement.

Le regard plein de défi du joueur se plante dans le mien alors qu'il se redresse en position assise sur la table de massage, les bras croisés sur son torse.

-Je ne suis pas capricieux, je sais ce que je veux, c'est tout.

Je ne peux empêcher le petit rire ironique qui m'échappe à l'entente de ses mots et ferme finalement mon dossier avant de me relever. Les yeux du joueur me scrutent alors que je m'approche de lui, et le coin de mes lèvres frémit en observant ses yeux qui me détaillent. Putain.

Finalement, il soutient mon regard quelques secondes, et je suis le premier à détourner les yeux lorsque je pars me désinfecter les mains.

C'est mon travail et je n'ai pas vraiment le choix que de prendre soin de son corps lorsqu'il en a besoin, même s'il est invivable.