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"The opposite of sensitive is not brave. It's not brave to refuse to pay attention, to refuse to notice, to refuse to feel and know and imagine. The opposite of sensitive is insensitive, and that's no badge of honor." - Glennon Doyle 


Les entraînements étaient carrés dans l'axe. La première heure était consacrée à un marathon de la mort. La colline marquait le point de départ et le point d'arrivée. Plus vite les élèves avaient terminé leur course, plus de temps de repos ils gagnaient. Car à 15h pile débutait la deuxième partie de leur entraînement.

Morgane aimait courir, alors elle était rassurée. Au moins, elle n'allait pas crever dès la première épreuve. Peut-être allait-elle survivre jusqu'à la 3e épreuve, qui sait ?

Le départ fut lancé. Quelques rares élèves étaient partis si vite qu'on ne les voyait déjà plus. Morgane avait pour objectif de maintenir sa position entre la masse du milieu et les quelques personnes qui étaient devant. Elle n'avait ni la foi ni l'énergie d'essayer de rattraper ces flèches, et elle n'aimait pas courir collée-serrée à on-ne-sait qui, donc faire partie du troupeau n'était pas dans ses options. Elle espérait juste qu'ils n'aient pas de meilleurs poumons qu'elle.

Ses poumons. Ils avaient toujours été son talon d'Achille. Alors que ses jambes pouvaient courir, encore et encore, ses poumons étaient toujours au bord du précipice. C'était rageant de savoir que son corps était capable de plus, mais que ses petits organes la retenaient. Et elle n'avait jamais eu la patience et la discipline d'entraîner ses poumons à être plus résistant. Tant pis.

Le parcours qui se présentait à elle était parsemé d'embuches. Littéralement. Des branches étaient tombées durant la nuit et d'immenses flaques d'eau attendaient avec impatience qu'un élève se ramasse la gueule dedans. Morgane sauta pour les éviter. Elle n'allait pas faire de détour et elle n'allait sûrement pas poser les pieds dedans. Son agilité lui fut d'une aide précieuse, car elle sortit de la zone marécageuse sans encombres. Elle n'était pas encore essoufflé, ce qui était bon signe. Aussi, elle garda son allure.

Elle courait seule, dans la forêt, depuis plusieurs minutes déjà. Ceux qui étaient devant elle étaient si loin qu'elle n'apercevait même plus leur ombre et elle avait distancé le groupe de derrière de plusieurs centaines de mètres. Elle respira profondément. Elle aimait cette sensation. Son corps ankylosé, ses joues rosies par le vent. Elle devait cependant veiller à garder une respiration par le nez, car dès qu'elle abandonnait et commençait à respirer par la bouche, elle était fichue. En respirant par la bouche, elle s'essoufflait deux fois plus vite.

Mais, lorsqu'elle sortit de la forêt, elle ne tint plus : respirer par le nez lui était devenu trop difficile. Elle entama alors une course contre la montre. Elle devait arriver avant que ses poumons de la lâchent. Elle distinguait la colline, loin, très loin et elle estima le temps qu'il lui restait à courir. Peut-être quinze ou vingt minutes. Elle devrait y arriver sans trop de problèmes. Oui. Elle y arriverait.

Lorsqu'elle passa la ligne d'arrivée, un jeune homme cria :

« Morgane Sunflower : 38 minutes et 22 secondes. »

Elle l'avait déjà vu quelques 38 minutes plus tôt. Il était aux côtés de Madame Delaluge. Morgane l'avait d'abord pris pour un élève, mais en y réfléchissant un peu, il avait plutôt l'air d'un apprenti. Peut-être était-il en stage ? Ce genre de chose devait bien exister.

« Pas mal pour une nouvelle, la félicita une élève qui était arrivée avant elle. »

La seule réponse que Morgane put lui donner fut un sourire ; elle était trop occupée à reprendre sa respiration pour prononcer quelque mot que ce soit.

Morgane La Fée - T1 : Secrets (fr)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant