Chapitre 6 - Labeur au laboratoire

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Alors que le monde était en effervescence autour de la découverte et que la concurrence de la Station de Concarneau grinçait des dents de jalousie, dans le Finistère, on commençait l'étude de la créature. Le ministère avait bel et bien débloqué les fonds, et le Musée avait demandé à ce qu'une équipe de quatre biologistes s'occupe de la sirène. La description de l'espèce serait donc signée de quatre noms. Célestine avait insisté pour que sa meilleure amie, Gwenaëlle Solero, soit de la partie. Les Docteurs Martin et Sanchez complétaient l'équipe. Tous les quatre avaient déjà travaillé ensemble par le passé, mais jamais tous par la même occasion, toutefois, ils s'appréciaient et partageaient des valeurs communes. Travailler ensemble ne serait pas compliqué et sans doute même plaisant.

La description de l'espèce débuta dans l'excitation, bien qu'observer la créature à travers l'aquarium ne fut pas optimal. Il fallut réfléchir à comment le sortir de l'eau sans qu'il ne cherche à s'enfuir. L'unique solution était dans l'endormir à chaque fois et de l'immobiliser une fois qu'il était hors de l'eau.

C'était loin de plaire.

Tant à l'équipe qu'à l'homme-poisson, mais faute de mieux... Après trois anesthésies cependant, et à la surprise générale, la sirène se montra volontaire.

Alors que le biologiste Martin la mettait en joue pour la quatrième fois, la créature leva les mains. Le silence tomba sur le laboratoire alors que le Dr. Martin abaissait son arme. La sirène garda les mains en l'air et remonta jusqu'à la surface. Après des échanges de regards et une certaine hésitation, l'équipe entreprit de sortir l'homme-poisson de l'eau, non sans méfiance. Il se laissa faire, et ce fut le cas à chaque fois par la suite, si bien que l'étude alla bon train.

En quelques semaines, on en avait déjà appris pas mal sur cette créature venue du fin fond des océans, même si, bien sûr, beaucoup de mystères subsistaient.

La sirène n'était, évidemment, pas donnée à voir au public, pourtant, le taux de fréquentation du Marinarium était monté en flèche. Les visiteurs se pressaient pour, si ce n'était voir l'homme-poisson, au moins fouler du pied le lieu qui l'abritait.

C'est au milieu de cette foule qu'arriva un jour Malo Saint-Pantois. Le pêcheur avait longuement hésité, ne sachant s'il pouvait réellement aller rendre visite à sa prise fabuleuse. Par ailleurs, même maintenant qu'il se tenait au milieu de l'accueil, il demeurait immobile, indécis, au milieu du flot de touristes, français et étrangers, tripotant nerveusement son vieux bonnet.

Le voyant hésiter ainsi, les yeux dans le vide, le jeune homme chargé d'accueil, quitta son bureau pendant une brève accalmie.

- Je peux vous aider, monsieur ? demanda-t-il, regardant le pêcheur dans les yeux.

Son visage lui semblait familier.

- Euh... Oui, finit pas concéder Saint-Pantois.

Il se présenta, expliqua la raison de sa venue. Le jeune homme comprenait désormais où il avait vu le cinquantenaire : sur les réseaux sociaux, le jour où la sirène avait été pêchée. Retournant au bureau, il demanda à Saint-Pantois de patienter, se saisit du téléphone, tenta de joindre le directeur, sans succès. Il était absent. Il tenta alors de joindre le Dr. Amiral. Cette fois, il eut une réponse.

- Bonjour Dr. Amiral, commença-t-il. C'est Brice de l'accueil.

- Célestine, corrigea la biologiste.

Brice esquissa un sourire. Il ne travaillait à la station que depuis sept mois, il avait rencontré le Dr. Amiral et certains de ses collègues scientifiques à plusieurs reprises, mais il avait du mal, malgré l'invitation du Dr. Amiral, à passer outre la hiérarchie, surtout avec la femme du directeur.

Homo AquaticusWo Geschichten leben. Entdecke jetzt