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Descendu de l'échelle, Scarface venait de tirer un coup de chevrotine. Sonya était avec lui. Ils attaquaient les adultes par le flanc. Scarface tira sa deuxième cartouche. Pendant qu'il rechargeait, Sonya redoublait d'efforts pour repousser les adultes à coups de lance. Très vite, ils dégagèrent un passage pour le groupe de Natsu et, tous ensemble, ils renvoyèrent les adultes d'où ils venaient.

- Je m'occupe de ceux-là, cria Daniel en retournant au trou à la base du mur, dans lequel trois adultes, dont seuls les troncs dépassaient, avaient réussi à se glisser.

- Dézingue-les, Dan, hurla Sonya. Leurs corps bloqueront l'entrée.

Natsu le vit alors saisir une lance et commencer à les larder, accompagnant chaque coup d'un braillement furieux.
Scarface et les enfants parvinrent rapidement à débarrasser la plus grande partie de la grange de ses intrus, les repoussant jusqu'à une porte latérale dont la serrure était fracturée. L'anneau qui permettait de fermer le cadenas avait été purement et simplement arraché du mur. Scarface s'avança d'un pas déterminé et tira deux coups de chevrotine dans l'embrasure. Durant quelques instants bénis, il n'y eut plus un seul adulte à l'horizon. Rien que du vide.

- Aidez-moi ! appela Sonya en se précipitant pour essayer de refermer le battant.

Mais, déjà, les adultes revenaient à la charge. Harry roua de coups de massue les mains et les bras qui se tendaient dans l'ouverture.
À quoi bon ? pensa Natsu. Ils étaient tellement nombreux. Il en arriverait toujours de nouveaux. Pourtant, contre toute attente, Sonya parvint à refermer la porte. Scarface prit immédiatement une barre de fer et la coinça sous la poignée. Harry restait là, pesant de tout son poids sur la barre. Il avait l'air exténué. Son blouson graffé de slogans était déchiré.
Malheureusement, ils n'avaient pas complètement nettoyé la grange. La mère au visage barré d'un pseudo-sourire avait du sang qui lui coulait du nez et de la bouche. Elle fondait sur Natsu, les doigts écartés au maximum, comme si elle était en train de faire sécher son vernis. Avant que la petite ait eu l'occasion de réagir, Louisa chargea la mère et, d'un coup d'épaule, l'envoya bouler dans l'âtre, déclenchant du même coup un vrai feu d'artifice. Des gerbes d'étincelles s'élevèrent dans les airs sous les glapissements aigus de la mère qui se tortillait comme un ver pour échapper aux flammes. À peine y était-elle parvenue que Sonya s'avança et la transperça d'un coup de lance.

- T'étais où ? s'étrangla Louisa, hors d'haleine.

- J'essayais de voir ce qui se passe, répliqua Sonya.

- Alors ? Raconte, ordonna Daniel.

- Ça grouille d'adultes, répondit Sonya. Certains ne font que passer, mais pour l'essentiel, ils font le siège de la grange.

- Quelle connerie, se lamenta Daniel. On est coincés. C'est complètement con.

- C'est complètement con, se moqua aussitôt Harry.

- Tu sais quoi, tête de nœud ? rétorqua Daniel. J'espère qu'ils vont lentement te dépecer et qu'ils vont jouer au foot avec ce qui te sert de tête.

- Moi, c'est à toi que je souhaite une mort lente et douloureuse, répondit Harry.

- Arrêtez tous les deux, dit Louisa. S'il vous plaît.

- Arrêtez tous les deux.

Harry n'avait pas fini sa phrase qu'il poussa un cri, surpris par la violence du coup d'épaule avec lequel Sonya venait de l'écarter de son passage. Pour un peu, elle l'aurait projeté à terre. Il se garda bien de se plaindre, il avait saisi la cause de son empressement. Les corps qui jusque-là bloquaient le trou à la base du mur avaient été traînés dehors et remplacés par d'autres, bien vivants.
Et pendant tout ce temps, le martèlement continuait, partout, sur tous les murs, boum-boum-boum-boum.
Scarface semblait se désintéressé de la situation. Penché sur une vieille machine d'où sortaient divers tuyaux et autres pompes, il trifouillait quelque chose par-ici, tournait un petit volant par-là. Natsu n'aurait su dire pendant combien de temps cela avait duré. Les enfants qui refoulaient les adultes qui essayaient de se glisser à l'intérieur ; les adultes qui cognaient aux parois ; les enfants qui, à la première occasion, se chicanaient les uns les autres ; Scarface qui bricolait son truc. Qu'importe combien de trous ils obstruaient ou combien de fentes dans les murs ils réparaient. Un autre adulte apparaissait aussitôt ailleurs.

ENEMY Tome 4 : Les proies Où les histoires vivent. Découvrez maintenant