29. où Jimin dit adieu

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Jimin avait vu son monde s'écrouler en quelques minutes.

Et, depuis dix jours qu'ils étaient arrivés au maquis, il en prenait plus conscience à chaque seconde.

C'était le confort d'abord.

Lorsqu'on était un fils Park, habitué au luxe et à la richesse, la rusticité de la vie dans la forêt était déroutante. Dormir à même le sol sur un matelas élimé, se laver au ruisseau, manger frugalement une nourriture répétitive. Et partager tout, tant le manque d'intimité était criant.

Le chef du camp, Chris, était pourtant attentionné. Sous ses airs bourrus, il avait promis de trouver une tente pour Jimin et Yoongi, essayait de leur faciliter l'adaptation. De lui faciliter l'adaptation, à lui, à Jimin. Car pour Yoongi, et surtout pour Jungkook, le changement s'était fait sans douleur.

Jungkook était habitué, avait déjà vécu un temps ainsi, avait-il confié. Yoongi... Yoongi s'adaptait toujours à tout, de sa manière tranquille.

Mais pour Jimin c'était une autre paire de manches.

Car il ne perdait pas que la richesse et le confort.

Il perdait tout.

Il perdait un métier qu'il aimait, la danse et le chant qui l'équilibraient.

Il perdait la renommée, personne ne voudrait plus avoir à faire avec quelqu'un accusé de meurtre.

Les lumières de la scène, le regard des autres sur lui. Cette ambivalence d'être trop désiré et jamais assez.

Jimin en avait tant souffert, ces derniers temps. Son aventure avec le colonel l'avait réduit à un corps, un corps dont chacun pouvait se servir selon son bon vouloir. Ce souvenir, oui, était désagréable.

Mais maintenant qu'il n'avait plus rien, Jimin se prenait à regretter tout, même le pesant, même l'effrayant. Son esprit désespéré ne voyait plus que par le prisme du manque.

Ici il n'était plus rien, ou si peu. Kitty avait disparu, certainement pour toujours. Park Jimin aussi. Ne restait que Baby.

Jimin faisait son deuil.

Faire son deuil d'être un Park, aussi, était difficile. « Le plus jeune fils de la famille Park » n'avait plus lieu d'être, ici. Il avait dû tourner le dos à sa famille, à ses frères, à son père.

A sa mère surtout.

Il n'avait pas même pu lui dire au revoir, la rassurer, lui jurer que ce n'était pas lui, qu'il n'avait pas tué ce colonel, même si l'envie lui en était venue plusieurs fois.

Il se demandait d'ailleurs qui l'avait fait. Qui lui avait rendu ce service-piège. Car Jimin ne pouvait s'empêcher de penser que cet assassinat était lié à ce qui s'était passé à l'hôtel, ce jour-là. A moins que le colonel ait eu d'autres amants.

On lui avait rapporté qu'un simple papier avec les mots « pour lui » avait été trouvé aux côtés du corps. Dans le chaos indescriptible d'une maison retournée.

Cela le faisait frissonner.

Qui ?

Il avait peur de supposer, il avait peur de deviner.

Et il regardait Jungkook avec un mélange de gratitude et d'horreur.

Car lui seul semblait renfermer la violence nécessaire pour réaliser cet acte.

Jimin n'osait lui en parler.

La peur de briser l'illusion que c'était lui, qu'il tenait suffisamment à lui pour faire cela.

Résistances [yoonminkook]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant