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Noémie

En rentrant des cours, papa n'est pas là. Et je ne suis même pas étonnée.
Même si j'ai toujours espoir qu'il me fasse la surprise de rentrer plus tôt, je sais pertinemment qu'il ne sera pas là.

Parce que mon père se noie dans son boulot, pour oublier sa douloureuse tristesse. Mais à force de vouloir tout oublier.

N'est-il pas en train de m'oublier moi? Sa fille?

J'inspire profondément pour m'éviter de pleurer et je traverse le couloir de notre jolie maison familiale située en banlieue parisienne.

J'arrive dans le salon, je jette mon sac sur le canapé, retire mes baskets et file droit vers la cuisine pour me chercher de quoi grignoter.

Je m'arrête devant l'une des photos de maman suspendue sur le frigo.
Et je l'embrasse comme d'habitude.

— Coucou maman chérie !

Je sourie en ouvrant la porte du réfrigérateur. Je suis si fière de moi. Je ne pleure plus beaucoup la perte de ma mère.

Je me rappelle qu'il y a deux ans, quand maman nous avait quitté brutalement à cause d'une rupture d'anévrisme, j'étais passée par la pire période de toute ma jeune vie.

Perdre son exemple à quatorze ans, ça n'est  pas une étape facile à surmonter.

Papa ne s'en remet pas. Parce qu'il est médecin et il s'en veut. Il se dit qu'il aurai pu la sauver. Qu'au lieu de passer des heures avec ses patients il aurai du prendre soin de maman, qu'une rupture d'anévrisme impliquait des symptômes précurseurs qu'il n'avait pas pris le temps de considérer.

Je déteste le voir sombrer. J'ai horreur de ça. Mais je sens ne pas avoir les capacités pour le relever.
Je n'ai pas les épaules assez solides. Si seulement il avait eu un fils ou bien une fille plus courageuse que moi. Je suis certaine qu'il n'aurai pas sombrer de la sorte.

Toutefois, je l'aime sans mesure, et je me battrai toujours pour son bonheur et je ne l'abandonnerai jamais.

Parce qu'il est tout ce que j'ai. Tout ce qu'il me reste. Et j'ai l'impression que moi aussi. Bien qu'il aie du mal à me le montrer
Voilà pourquoi je veillerai sur lui jusqu'à qu'il aille mieux et bien plus encore.

Mon père mérite d'être heureux. Je rêve de le voir sourire de nouveau. J'envie Agathe. Son père est divorcé depuis trois ans après que sa femme l'aie trompé avec son meilleur ami. Mais ça ne l'empêche pas de refaire sa vie malgré la douloureuse épreuve qu'il à enduré.

Je conçois que la peine n'est pas la même. Mais je pense qu'il faut aller de l'avant. C'est essentiel si on veut vivre et non pas survivre.

Papa est jeune il n'a que 44 ans et il est beau à en crever. Les peu de fois ou on se balade ensemble dans la rue, je vois toutes les femmes le scruter avec admiration.

Mais il les ignore. Il n'a aimé que ma mère et j'ai l'impression qu'il sera incapable d'aimer à nouveau.

Après avoir enfilé un yaourt et une banane, je récupère mon sac à dos pour gagner ma chambre.

Monsieur Hernandez nous a donné pas mal de devoir, certains sont facultatifs mais je compte bien les faire. J'aime beaucoup ce professeur et la chaleur qu'il m'offre remplace celle que mon père ne m'adresse plus depuis deux ans maintenant.

Agathe m'envoie un message alors que je termine tout juste le dernier problème de maths. C'est une photo d'elle.

Agathe : Mate un peu ! C'est la robe que je vais porter pour le mariage de mon père.

La tenue est incroyable. Une somptueuse robe beige qui affine sa taille et découvre le haut de son corps sans pourtant trop en montrer.

Je lui répond immédiatement.

« T'es magnifique Agathe ! »

J'ai un sourire aux lèvres en scrutant la jeune fille qui se transforme en femme jour après jour. Ma meilleure amie est une très jolie fille. Contrairement à moi elle sait se mettre en valeur. Et c'est aussi pour ça que beaucoup de mecs la courtisent dans la vraie vie et sur les réseaux sociaux.

Moi? Personne ne me drague jamais.

Pourquoi? Parce que je porte des fringues insipides, et que je me coiffe sans réellement le faire. Je ne me suis jamais maquillée. Pas parce que je n'aime pas ça.

Mais parce que je ne sais pas y faire. Puis j'aurai peur qu'on se fiche de moi.

Alors je reste comme je suis. En espérant qu'un jour je trouve le courage pour me révéler moi aussi.

Agathe : Je t'ai trouvé une robe à toi aussi.

Moi : Quoi?! Mais pourquoi faire?

Agathe : Euh parce que tu es invitée Noémie !

Moi : C'est gentil mais je ne sais pas si je me sentirai à ma place.

Agathe : Hors de question que tu m'abandonnes Nono ! Je vais pas me coltiner ces niaiseries sans toi.

Elle me fait rire cette Agathe.

Moi : On a encore le temps d'en discuter.

Agathe : C'est dans moins d'un mois. Donc techniquement non.

Je ne répond plus. Parce que je ne veux pas vexée mon amie. Mais en même temps, je me sens incapable d'assister à ce genre de cérémonie, et encore moins vêtue avec une robe de soirée.

Agathe : On en reparlera demain. Ne stresse pas Nono.

Ma meilleure amie me connait par coeur. Elle a du comprendre que je me braquais.

Moi : Merci Agathe.

Agathe : Allez je te laisse finir tes maths en fantasmant sur Monsieur Hernandez.

Je rougis immédiatement. Est-ce que c'est si visible que ça que j'en pince pour lui?

Moi : A demain. Bisous.

Je me contente de répondre en ignorant la petite boutade qu'elle m'a lancé.
Puis je rejoins la cuisine pour préparer le diner.

Il est déjà 19h.

Papa n'est pas là.

J'épluche quelques pommes de terre pour en faire un gratin dauphinois. Puis je récupère des tranches de bifteck dans le frigo et je les assaisonne et les bas pour les rendre plus tendre.

Je me lance dans une petite salade de mâche et de tomates cerises.

Après une petite heure en cuisine, le repas est prêt.

J'attend mon père pendant près d'une heure.

Le sommeil commence à me gagner alors comme la plupart des soirs. Je mange seule et lui laisse son assiette de coté.

Après avoir remplis le lave-vaisselle, je regagne ma chambre.

Je me douche puis je trouve rapidement le sommeil. Toujours en serrant fortement contre moi le chemisier de maman.
Il n'y a plus son odeur dessus mais savoir qu'elle le portait me suffit.

Bonne nuit maman. Tu me manques terriblement. Et à papa aussi.

Noémie - A jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant