18 novembre 2016.

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Emmitouflé dans mon écharpe et mon manteau, je tente de marcher le plus vite possible. Au-dessus de moi, les sombres nuages semblent se déplacer à l'allure du vent, et je sens que je ne vais pas tarder à me prendre la pluie. Il n'est que quinze heures, et pourtant le parc est totalement vide. Tu m'étonne, il fait à peine 1°C. J'accélère le pas sur le chemin principal qui coupe le jardin public en deux.

Ça fait déjà trente minutes que je devrais être arrivée, les filles vont me tuer. Nos parents s'étant séparés il y a quelques semaines, toutes les affaires de Victoria et moi ont été divisées entre ce qui sera dorénavant nos deux chez nous, et évidemment, j'ai eu beau chercher, impossible de remettre la main sur certaines affaires comme mes gants ou encore un sac.

Je me retrouve donc à devoir porter à mains nues la pile de notes et de pochettes ainsi que mon ordinateur, sous un vent glacial. Je prie intérieurement pour que mes doigts meurtris par le froid jouent en ma faveur pour attirer la pitié de mes amies et éviter les sermons en tout genre sur mon retard.

J'ai moi-même insisté pour qu'on se retrouve aujourd'hui pour travailler sur notre devoir commun, et évidemment c'est moi qui ai toutes nos notes, donc les filles ne peuvent même pas avancer en m'attendant. En clair, elles doivent actuellement préparer un rituel satanique afin de me maudire jusqu'à la fin de ma vie.

Je suis perdue dans mes pensées, et l'idée que jamais plus je ne retrouverais la couleur normale de mes doigts quand je m'étale par terre, les quatre fers en l'air.
Sacré non d'une pipe ça fait mal !

Mes yeux parcourent les environs. En chutant, l'ensemble de mes notes s'est envolé et éparpillé. Certaines d'entre elles ont atterri dans l'herbe pendant que d'autres virevoltent à cause du vent. Non non non pas ça ! Je me lève précipitamment pour essayer de sauver toutes les feuilles, courant d'un endroit à un autre et tentant désespérément d'en attraper au vol. S'il m'en manque une seule je suis foutu et les filles me tueront pour de bon. J'arrive à tout récupérer quand Barbie Girl se met à retentir au fond de ma poche et je dois me contorsionner pour réussir à attraper mon téléphone sans faire tomber le tas de notes que je porte.

— Putain Elie mais tu es où? Ca fait plus d'une demi-heure qu'on t'attend ! S'énerve Tess quand j'arrive à décrocher.

— Je ...

Un tapotement sur mon épaule me coupe dans ma réponse.

— Pardon, c'est à toi ?

En me retournant, un jeune homme me fait face. C'est donc pour ça que j'ai atterris par terre, cet idiot devait surement être en plein milieu et je ne l'ai pas vu. Je le fixe sans comprendre de quoi il me parle quand je remarque mon ordinateur dans ses mains.

— Oh oui merci ! Je réponds en le lui prenant.

Le gratifiant d'un sourire, je ne peux m'empêcher de tomber dans son regard. Ses yeux sont d'un marron tellement foncé qu'on jurerait qu'ils sont noirs. Mon estomac effectue un léger looping mais je suis vite tirée de ma torpeur par la voix impatiente de Tess.

— Allô ??

— J'arrive je suis au coin de la rue. Commande-moi un caramel macchiato au lait d'avoine s'il te plaît merci tu es la meilleure j'arrive je suis là à tout de suite.

Je me détourne précipitamment et accélère le pas pour rejoindre les filles au café, me mettant presque à courir.

Deux minutes plus tard j'entre à toute vitesse à l'intérieur du Coffee Bloom, plus essoufflée que si j'avais couru un semi-marathon, et rejoins Tess et Abby à notre table habituelle située au fond du café, près de la fenêtre.

LOVE ME AGAIN Où les histoires vivent. Découvrez maintenant