LOVE ME AGAIN

24 décembre 2023

Nolan sort son paquet de cigarette de son jean pour s'en allumer une nouvelle. Je l'observe faire dans le silence, attendant patiemment la suite. J'essaie de ne pas focaliser mon esprit sur le fait que Victoria ait envoyé la lettre que j'avais écrite pour Alex et repousse ce sentiment de trahison qui naît dans mon cœur.

Mes yeux ne quittent pas le visage de Nolan quand il tire une latte avant de faire sortir la fumée de sa bouche.

- Quand j'ai lu ta lettre, je ne savais pas quoi faire. Est-ce que je devais en parler à Alex ? Le garder pour moi ? J'ai décidé de ne rien dire pour commencer. Alex... Il était dans un sale état à ce moment-là et même si je savais ce que tu traversais, je ne pouvais pas m'empêcher de vouloir le protéger. Pendant des semaines je n'ai pas réussi à fermer l'œil de la nuit, tes mots tournaient en boucle dans ma tête. J'ai cherché pendant des jours la meilleure chose à faire jusqu'à...

Il se stoppe, cherchant ses mots.

- Jusqu'à quoi Nolan ?

- Je me suis dit que si je ne pouvais pas t'aider physiquement, je pouvais quand même le faire d'une autre manière. Qu'avec tout ce que tu traversais, la moindre des choses était de faire quelque chose. C'est... C'est pour ça que j'ai demandé à la comptable d'une de nos compagnies de te faire un virement. Je voulais pouvoir participer aux frais médicaux et à tout ce qui s'en est suivi. Je suis conscient que rien ne serait arrivé si je n'avais pas poussé Alex à partir. Tout est ma faute Elie et je m'en veux chaque jour depuis.

Les morceaux de puzzles s'assemblent doucement dans mon cerveau, et je n'écoute plus ce qu'il me dit.

- Attend. Tu veux dire que les 175 000$ c'était TOI ?

Nolan baisse la tête pour toute approbation, vraisemblablement honteux de ce qu'il a fait.

- Tu sais que j'ai cru que vous achetiez mon silence ?

- Ce n'était vraiment pas le but, je te le promets. Je voulais simplement aider.

Sa voix est teintée de peine et de remords. Dire que depuis tout ce temps, je pensais que ça venait d'Alex.

Soudain, un évènement me revient en mémoire et je me retourne instantanément vers Nolan.

- Tu es venu n'est-ce pas ? C'est bien toi que j'ai vu, je n'ai pas rêvé !

- Oui, j'avais besoin de te voir, de savoir où tu en étais.

- Alors pourquoi tu t'es volatilisé ?

- Parce que, Elie... Tu étais heureuse, tu rigolais avec ton mec. A quoi ça aurait servi que je vienne te voir ?

- Je n'étais pas heureuse Nolan ! Je n'étais même pas encore avec Arnold. Je trouvais tout juste la force de sortir de chez moi.

Ma voix tremble légèrement. Peut-être que les choses auraient tourné différemment s'il était venu me parler ce jour-là. Nolan se tourne enfin vers moi, croisant son regard au mien pour la première fois depuis que nous sommes sur le balcon.

- D'accord mais met toi à ma place aussi deux secondes. Je pensais te retrouver dans un état catastrophique et je m'étais dit que si c'était le cas alors... Je ne sais pas, peut être que oui je serais venu te parler. Mais là tu semblais heureuse. Et Alex lui était au fond du gouffre.

Je n'arrive pas à me contrôler, et la colère commence à pointer le bout de son nez, faisant monter le ton.

- Et alors quoi ? Parce que je rigolais tu as estimé que je ne méritais pas d'avoir des explications ?

- Non Elie tu ne comprends pas.

Face à moi, je sens que Nolan perd peu à peu patience.

- Oh si je comprends ! Tu as agi égoïstement, tout comme ton frère. Comme lui tu n'as pas pensé une seule seconde à ce que je pouvais ressentir putain.

- J'AI FAIS CA PARCE QUE JE T'AIMAIS ELIE.

Ses paroles Nolan me touchent de plein fouet, et je me fige net. Nolan semble se rendre compte de ce qu'il vient de dire, comme si les mots venaient de sortir sans son consentement.

- Merde Elie ce n'est pas... Je suis désolé je ne...

- Tu m'aimais ?

Mes mots ne sont plus qu'un murmure tant le choque est puissant. Nolan se couvre le visage de ses mains et ses doigts continuent le chemin pour s'agripper dans ses cheveux, sa tête basculant en arrière. Les mêmes mimiques que son frère.

- Si je suis parti ce jour-là, c'est parce que je savais que tu aurais demandé des nouvelles d'Alex. Et si tu avais su dans quel état il était, tu ne l'aurais pas accepté et tu serais retourné le voir.

Les émotions en moi font le yoyo, et je passe instantanément du choque à l'agacement.

- Tu as agi par simple accès de jalousie ? je grince entre mes dents.

- Putain Elie laisse-moi parler merde. Je n'ai pas fait ça parce que j'étais jaloux. J'ai fait ça parce que je te voyais heureuse et que je voulais que tu continues de l'être. Même si ça voulait dire que c'était sans nous.

Je recule d'un pas et me tourne vers la balustrade, analysant les dernières informations. Que ce serait-il passé si j'étais retourné vers Alex ? Aurais-je été vraiment heureuse ? Je venais à peine de me remettre sur pieds, rien n'est moins sûr...

- Le problème avec vous deux, c'est que vous pensez agir pour mon bien mais vous ne prenez jamais la peine de me demander mon avis.

Nolan se repositionne à mes côtés, une nouvelle cigarette entre les doigts.

- Le problème avec toi, c'est que tu nous fais tellement perdre la tête qu'on choisira toujours ton bonheur avant le nôtre.

Un léger sourire tente d'apparaître sur mon visage, mais je suis bien trop fatigué par toutes ces émotions pour le laisser s'installer.

- Je suis désolée.

- De ?

- Que tu m'ais aimé.

Nolan souffle une bouffé de sa cigarette, silencieux.

- Il le savait, tu sais. Il me l'a dit mais je n'y croyais pas.

Il ne répond pas et nous restons ainsi un moment, savourant le silence de la nuit. En bas, un couple passe bras dessus bras dessous, et nous les regardons s'engouffrer un peu plus loin dans les rues de la ville.

- Tu es heureuse avec lui ?

- Oui. J'ai sincèrement aimé ton frère, et je l'aimerais toujours. Arnold ne sera jamais Alex, mais il ne me fera jamais de mal comme lui a pu le faire.

Une larme coule lentement de ma joue et vient s'écraser sur la ferraille de la balustrade. Alex a pris mon cœur à tout jamais. J'ai réussi à m'en reconstruire un, mais un bout de moi sera toujours auprès de lui, quoi que je fasse.