LOVE ME AGAIN

14 février 2024

- Dîtes moi que je rêve putain.

Je me retourne lentement, repoussant au maximum le moment où la vérité sera sous mes yeux. Malheureusement, je ne suis pas en plein cauchemar et je me retrouve nez à nez avec Victoria.

- C'est toi qui lui en a parlé ?

- Elie je...

- Comment ? Pourquoi putain ?

Le sentiment de trahison qui s'estompait revient en force, et j'ai du mal à la regarder dans les yeux. Mon regard se porte simultanément sur Alex et elle, et je cherche une raison valable à tout ce bordel. Mais je n'en trouve pas.

- J'ai entendu ce qu'il t'avait dit le soir de Noël et...

- Et quoi putain ? Pourquoi tu lui en as parlé ?

Mes gestes sont brusques et incontrôlables, si bien que je manque de frapper Alex au visage quand je le montre de la main.

- C'est moi qui lui ai demandé, dit-il.

- C'est faux, je...

- Victoria tais-toi.

- Non. Je me suis suffisamment tus, elle doit savoir.

Mon regard jongle de l'un à l'autre pendant leur joute verbale, et mon esprit n'est que brouillard. Putain mais c'est quoi ce bordel ?

Victoria tente un pas vers moi, la tête haute mais le regard emplis de désespoir.

- Je lui ai dit. Depuis son retour, depuis que tu as décidé de choisir Arnold je... J'étais incapable de te laisser faire ça. C'est Alex l'homme de ta vie Elie. Arnold ne sera jamais Alex.

Victoria baisse la tête et ses mots deviennent presque un murmure.

- Alors je le tiens informé de tout ce qu'il ce passe dans ta vie.

La révélation de ma sœur me laisse sans voix, et j'ai du mal à respirer. La pièce commence à légèrement tourner autours de moi et je dois faire quelques pas en arrière pour me retenir à un des fauteuils. Victoria s'avance mais je la stop de la main, refusant sa proximité.

- Non.

- Elie...

Je me redresse, puisant toute la force que je peux à l'intérieur de moi et braque mes yeux dans ceux de ma sœur.

- Non. Je t'ai pardonné le coup de la lettre parce que tu n'étais qu'une gamine. Mais tu n'en es plus une Victoria. Tu l'as fait en ton âme et conscience, et ça je ne peux pas... Tu as perdu le peu de confiance qu'il me restait en toi.

Les yeux de Victoria s'embuent de larmes, qu'elle n'arrive bientôt plus à contrôler. Mon cœur n'a pas le temps de se serrer dans ma poitrine qu'Alex s'avance vers elle pour la réconforter, animant la colère qui crépite au fond de moi.

- Tu y vas un peu fort là non ? me dit-il.

Je ne peux m'empêcher de rire quant au ridicule de la situation. Ce n'est pas possible c'est une caméra caché.

- Tu te fou de moi là j'espère ?

Aucun d'eux ne me répond et je décide que cette conversation est terminée.

Après leur avoir jeté un regard plus que mauvais, je les contourne et sors de la bibliothèque. Je n'ai pas le temps de faire trois pas en dehors de la pièce que je manque de rentrer dans quelqu'un.

- Je te cherchais de partout, tout va bien ?

Mes yeux s'accrochent à ceux d'Arnold et je tente de refouler toutes mes émotions. Je ne veux pas le mêler à tout ça.

- Oui.

Je lui prends la main pour continuer dans le couloir direction la fête, quand Alex sort de la bibliothèque. Les yeux d'Arnold naviguent entre Alex et moi, emplies d'incompréhension.

- Elie tu...

Je fais volteface vers Alex, ma main toujours dans celle d'Arnold.

- Stop. C'est terminé Alex.

Ses yeux sont fixés sur nos mains avant de remonter sur la cravate d'Arnold puis ma robe, sa mâchoire se contractant un peu plus.

- Si tu as encore ne serait-ce qu'une once de considération pour moi, fou moi la paix.

Victoria sort de la bibliothèque et vient se prostrer à ses côtés.

- Et toi, dis-je en la regardant, si tu trouves qu'Alex est si merveilleux je t'en pris sors avec lui. Il est tout à toi.

Je me retourne, tirant avec moi Arnold quand la voix d'Alex résonne dans le couloir.

- Tu te rendra vite compte de ton erreur, et quand ce sera le cas je serais là. Je t'attendrais jusqu'à ma mort s'il le faut Elizabeth Davis.

Il n'en faut pas plus pour que l'homme à mes côtés se tendent instinctivement. Sa main lâche brutalement la mienne et je n'ai pas le temps de le retenir qu'Arnold a déjà fait demi-tour, son poing s'abattant violemment sur le visage d'Alex.

- J'ai été très patient mais maintenant ça suffit. Elle est avec moi que ça te plaise ou non. Fais-toi à l'idée, tu deviens plus pathétique qu'autre chose.

Il faut quelques secondes à Alex pour retrouver ses esprits avant qu'il n'attrape Arnold par le col et que son bras se lève à son tour.

- NON.

Mon cri le stop net dans son mouvement et ses yeux se posent sur moi. J'ai l'impression qu'une éternité s'écoule avant que son poing se baisse et qu'il relâche la pression qu'il avait sur Arnold. Ce dernier réajuste sa cravate, et sa tête se tourne légèrement vers ma sœur.

- J'aime Elie. Tu es dans ton droit de ne pas l'accepter, mais tes remarques constantes ne changeront rien. Et si tu aimes ta sœur autant que moi, arrête tes enfantillages.

Il ne lui laisse pas le temps de répondre et fait demi-tour, son bras passant autour de ma taille quand il arrive à ma hauteur.

- J'ai besoin d'un verre.

- Et moi de deux.

Je ne me retourne pas une seule fois quand nous traversons le couloir, préférant laisser les deux personnes que j'ai le plus aimé derrière moi, et mon cœur avec.