15.Tu n'est rien.

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Emylio

Au bout d'une heure de trajet, on s'arrête à une centaine de mètres de l'entrepôt perdu dans une sorte de forêt. On descend tous et allons jusqu'au coffre, j'ouvre ce dernier et chacun prend ce dont il a besoin, pour ma part, ça sera deux semi-automatiques ainsi que quelques dagues et de deux trois blocs par-ci par-là. J'observe Layana s'équiper, elle aussi prend des semi-automatiques, remonte légèrement son bas et y introduit plusieurs couteaux. Je vais à l'avant récupérer le petit sac, et m'approche d'elle.

- Maria m'a demandé de te le donner, elle m'a dit que ça te ferait sûrement plaisir.

Elle me prend l'objet des mains et l'ouvre puis un sourire, je dirai pour une fois sincère, ce place sur son visage d'ange, elle sort de ce sac un gilet porte arme et l'équipe.

Une fois que tout le monde est prêt, on se met en route, le plus discrètement possible, jusqu'à l'entrepôt, une fois arrivé à ce dernier, on se sépare en deux groupes distincts, Ray et un de mes hommes puis moi et Layana. Les garçons passent par la porte d'entrée quant à nous nous dirigeons vers la porte de derrière.

Tout équipé de nos oreillettes, nous confirmons nos positions, je donne l'ordre d'assaut, puis met un énorme coup dans la porte qui vole un éclat, laisse passer la folasse, celle-ci est minutieuse dans ses gestes, toujours sur ses gardes, son arme loin devant elle, son regard examinant chacune des parcelles de l'entrepôt des dizaines d'étagères ils font place, supportant des centaines de cartons contenant les dossiers certainement, les balles finissent rapidement par siffler autour de nous. J'attrape le bras de Layana et la plaque contre moi derrière une étagère, celle-ci toujours contre moi se tourne et tant le bras juste du côté gauche de ma tête et dire trois balles suite à ces trois coups, trois bruits retentissent comme si de lourdes charges frapper le sol, je dévie légèrement le regard et me rendre compte qu'elle vient de descendre trois hommes qui probablement sans son intervention m'aurais tué, elle aussi sans aucun doute. 

À quelques centimètres de mon oreille, elle me chuchote. 

- On prend chacun un côté de l'étagère, au bout de celle-ci, quatre hommes armés nous attendent, je vais tirer dans les lampes, ça fera diversion, toi, tu les descends.

Elle se recule légèrement voulant certainement une réponse, un sourire mesquin se dessine sur mon visage pendant que je lui saisis la hanche la collant contre moi plus que ce n'était le cas si c'est possible. 

- C'est bien la seule fois où je te laisse me donner des ordres comme ça, c'est clair ?

Je l'entends rire légèrement avant qu'elle finisse par atteindre mon oreille.

- Pourtant, je suis sûr que dans d'autres circonstances, tu me supplierais.

Elle ne me laisse pas le temps de réagir qu'elle se met en position, me rappelant que ce n'est ni le moment, ni l'endroit, pour commencer à fantasmer sur ce qu'elle vient de me dire, je mets à mon tour en position et nous mettons son plan à exécution.

Minutieusement, je longe l'étagère jusqu'à entendre le signal, qui ne tarde pas à arriver, quand j'entends trois explosions, la pièce s'assombrit, profitant de l'effet de surprise, je descends les trois hommes. J'observe plus attentivement les alentours et n'entend plus aucun bruit, Layana à ma suite protégeant mes arrières, je me dirige vers l'entrée de l'entrepôt et y retrouve mes amis entourés de quatre cadavres.

- Personne de notre côté.

- Pareil pour nous.

On range tous nos armes et commençons à fouiller les lieux. Mais alors que je commence ouvrir des cartons, je me rends compte qu'ils sont vides, les autres aussi, au vu des insultes qui fussent.

Layana, elle, perd son sang-froid et renverse toute une étagère, créant un boucan énorme.

- Πόρνη (putain) !

Au fond de l'entrepôt un drap attire mon attention, je me dirige vers celui-ci suivi par les autres, arrivent à ça en hauteur, je tire dessus, dévoilant une immense télé, à côté de celle-ci, repose une télécommande. Quelque chose me dit qu'il faut que je l'allume, alors, je le fais, un homme apparaît sur l'écran, derrière moi une respiration deviens irrégulière, voire tremblante, puis des pas viennent se placer à côté de moi.

 Layana toute frissonnante observe le portrait de l'homme se dessinant devant nous et prononçant un seul mot.

- Pablo.

Je devine alors que cet homme est celui qui l'a élevé, la folle dingue me prend la télécommande des mains comme un automate puis lance la vidéo.

" Layana, voyons, tu pensais réellement que j'allais laisser tout un entrepôt avec tous mes contrats ? Tu me connais, je suis loin d'être stupide. Alors comme ça tu t'es fait des amis, toi la petite fille timide, bizarre, qui n'arrivait même pas à dire bonjour sans bégayer, ma foi, ils ont dû avoir pitié. Que dire à part que je suis extrêmement déçu, je te recueille, je t'élève comme ma propre fille et toi qu'est-ce que tu fais ? Tu pars après un simple désaccord, toi et tes principales à la con, tu l'aurais tué cette gamine, on n'en serait pas là. Mais bon, apparemment, même les monstres ont un cœur, mais ne l'oublie pas Layana, tu n'es rien sans moi, sans moi, tu seras encore une petite gamine perdue, sans parents.

Je t'ai construite et je te détruirai, tu as voulu partir, me trahir, très bien, mais attends-toi à mourir, toi et tes nouveaux amis, je te mettrais une balle en plein cœur comme je l'ai fait à ton sale chien de père. "

La vidéo coupe brusquement tandis que Layana, dans un état second, reste figé devant l'écran, ses yeux larmoyants, elle semble totalement sous le choc, alors pour éviter que son état s'aggrave. Je fais sortir mes deux amis et place sa tête sur mon épaule.

- Vas-y, pleure, on va dire qu'on fait une trêve, juste pour l'instant, on recommencera à se détester quand tu iras mieux.

Comme si ma voix l'avait ramené à la réalité, elle explose en sanglot, s'accrochent à moi, comme si j'étais sa bouée de sauvetage, son corps presque fondu contre le mien, ses larmes roulant sous le tissu de mon t-shirt dévalent sur mes clavicules. Je la sens toute fragile dans mes bras, comme si, je tenais la chose la plus fragile du monde. 

On est resté bien une demi-heure dans cette position avant qu'elle reprenne son calme et essuie ses yeux, par la suite, on a regagné la villa dans un silence de mort, personne ne parlait.
Layana le regard vide, observant le paysage défilé comme si toute humanité avait été enlevé d'elle, je croise le regard de Ray dans le rétroviseur, les paroles de cet homme, l'a, lui aussi, touché, on n'est pas des saints, loin de là, mais jamais, on aurait parlé à un de nos proches de cette façon, ce mec est un bon gros salaud.

Une fois arrivé, on rejoint tous le salon tandis que Layana va directement dans sa chambre, Maria se lève commençant à se diriger dans sa direction, mais je lui rattrape le poignet.

- Laisse-la, elle a besoin d'être seule.

- Mais qu'est-ce qui se passe ? comment tu peux savoir de quoi elle a besoin ?

Je vois l'incertitude, la peur, l'inquiétude, mais surtout l'incompréhension sur le visage de ma petite sœur, je place alors ma main sur sa joue, la raccrochant de moi et posant un baiser sur son front.

- Fais-moi confiance, sorellina (petite sœur) elle t'expliquera quand elle sentira le besoin, pour l'instant laisse-la seul, tu iras la voir ce soir ou demain, d'accord ?

Ses yeux sondent la profondeur des miens, puis elle finit par acquiescer et regagner le canapé.

SicarioWhere stories live. Discover now