Chapitre 14 : Sonner l'alarme

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Je pensais que Mia, d'ordinaire atrabilaire, réfuterait leurs dires dès qu'ils commenceraient à parler mais elle reste silencieuse, à les écouter, jambes et bras croisés. On sent qu'elle respecte leur travail et leurs efforts, et qu'elle les laissera faire ce qu'ils veulent. Ça me fait plaisir de voir ces quatre-là ensemble, ils ne sont pas si différents. Ils arrivent à m'apaiser d'une certaine manière. 

Soudainement, j'entends un bruit venant du couloir. On dirait le grognement d'un animal. Je ne veux pas les interrompre donc je pars discrètement. Dehors, le calme règne. Le son émanant des pièces est coupé, je suis au centre d'une bulle m'isolant de l'extérieur. Je m'avance jusqu'au prochain croisement, j'ai la boule au ventre et des frissons parcourent mes membres. Je ne m'attendais pas à ça.

Une fille plaquée au mur, courbée en arrière, son corps remuant aléatoirement, parcouru de spasmes. Au-dessus d'elle, un homme penché à son cou, d'où sort un liquide, coulant goutte à goutte. Ses pupilles sont totalement dilatées, elle ne semble pas capable d'émettre le moindre son ou résistance. Sa pauvre âme se trouve à la merci de ce curieux personnage, qui gronde avant de planter sauvagement ses crocs à l'intérieur de sa chair déchirée. Une grande silhouette, dont la musculature me laisse penser qu'une simple pichenette m'enverrait sur-le-champ à l'hôpital, aux cheveux blonds presque blancs et portant un costume pourpre. Son énergie glaçante me paralyse immédiatement, par cette cruauté qu'il dégage, et par cette vision macabre. J'aimerais appeler au secours, hurler, cependant j'en suis incapable, je ne parviens même pas à reculer d'un pas. Entre deux respirations haletantes, un souffle m'échappe.

Le vampire relâche un instant l'attention dirigée vers sa proie, se relève et plonge son regard droit dans le mien. Je me sens nue, gelée, impuissante, infiniment petite et frêle. Un rouge si sombre émane de ses yeux, on croirait que toute la colère du monde y est condensée. Je perçois des cris d'agonie, des supplices et des pleurs. Il lâche sa victime, qui tombe au sol, évanouie, d'un fracas sourd et sec. Autour de lui apparaissent des formes vagues qui deviennent de plus en plus nettes : le sang, son aura, ses canines et ses iris écarlates m'enveloppement d'une atmosphère de mort imminente.

Il s'approche lentement, chacun de ses pas faisant accélérer mon pouls de manière démesurée, et s'arrête quand il se croit assez près pour me frapper, où me réserver le même destin funeste que cette lycéenne laissée sur le côté. Quel choix me permettrait de m'en sortir ? J'ai l'impression de trembler de froid, toutefois je ne peux être sûre de ce que je ressens. Ma seule pensée claire était celle que je pourrais périr de ses mains ici, sans défense et dans l'impossibilité de pouvoir alerter quelqu'un. Cette idée me terrifie, je baisse instinctivement le menton et prie pour que ce monstre ne soit que le fruit de mon imagination.

« Comment t'appelles-tu ? exige-t-il d'un ton comminatoire, m'examinant en long, en large et en travers.

— Elsa... Elsa Laetificio, monsieur...

— La plénitude et la joie... Décidément, l'univers ne cesse de jouer avec mes nerfs. Gamine, retiens mon nom car ça pourrait empêcher ta tête de tomber sous mes griffes. Je suis la rancœur et l'éclipse. Le digne descendant. Le roi de ce monde impur, et je détruirai la vermine qui ose vivre en toute impunité. Je me nomme Alastor Obscuratio. Et toi, tu es le pantin de Nuit.

Il claque sa langue, ce qui me fait encore une fois tressaillir.

— Nuit ?... De qui parlez-vous ?

— Ha oui, tu ne te souviens de rien... Quelle chance ! 

Il agrippe alors ma gorge et me ramène de force contre son buste, son visage collé à mon oreille. Il y glisse quelque chose d'inaudible. La pression m'affaiblit tellement que je commence à voir flou. Vais-je mourir ? Mes forces me quittent...

Un vacarme me réveille subitement. Il me libère de son emprise et regarde autour de nous, se montrant désemparé.

— Qui a brisé la barrière ?! Montre-toi, scélérat ! »

Tous les élèves sortent de leur salle. L'alarme incendie a été déclenchée, la sécurité en verre a été cassée. Ils ne semblent ni la voir elle, ni lui, pourtant ce corridor plein me soulage grandement. Je discerne une main me caressant gentiment les cheveux, j'aperçois Liko. L'avoir à mes côtés allume une étincelle d'espoir. Je souhaite de tout cœur qu'il ne soit pas une illusion dû au manque d'oxygène.

« Pardonne-moi Mea, j'ai mis un peu de temps à arriver.

— Te voilà enfin crapule, sale pourriture... Tu n'as pas pu te retenir de venir, pas vrai ? Tu pensais que je ne la reconnaîtrai pas, elle que je vois comme je te vois depuis déjà trop longtemps ? Il ne m'aurait fallu qu'une seconde pour la tuer, si j'en avais envie. Je vais me montrer clément et la laisser en vie. Sache que si je te recroise, je te ferais la peau. 

Ce démon disparaît en un clin d'œil, tel un mirage.

J'ai besoin d'un moment, afin de reprendre mes esprits. Liko m'aide à me relever et vérifie que je n'ai pas de plaies ouvertes. Il effleure mon col du bout du pouce, la sensation désagréable d'étranglement se dissipe.

— C'était bien joué, le coup de l'alarme incendie. Merci, je formule maladroitement.

— Ce n'était pas moi, rétorque-t-il. 

Mais alors, qui m'a sauvé la vie ?

L'adolescente revient à elle, tousse et gémit de douleur. 

— Mea, on devrait prévenir un professeur.

— On doit l'emmener à l'infirmerie.

— Si je la porte, je vais aggraver ses blessures. » 

Liko se dirige vers une salle où se trouve un professeur et l'alerte, il vient s'occuper d'elle. 

Lily m'a ensuite rejoint, me demandant ou j'étais passée. Je n'ai pas eu le courage de dire la vérité donc j'ai raconté l'avoir découverte inconsciente en allant aux toilettes et j'ai appelé Liko sous la panique. Je ne sais pas si elle m'a cru, je n'ai trouvé que cette excuse.

Le lendemain, on lui rend visite, accompagnés de Mia, des jumeaux, de Lily, d'Antonio et d'Elena. Elle n'en a aucun souvenir, et présente les mêmes symptômes que les victimes du vampire dont parle les jumeaux. Je décide de leur raconter au sujet d'Alastor, ça devient grave.

Mia avait un bandage à la main. Lily me garantit qu'elles étaient ensemble dans la salle du club, et qu'elle s'est entaillé la paume avec le rebord de la table en bois en se précipitant vers la sortie. Ça n'a pas l'air très grave heureusement, toutefois elle ne semblait pas rassurée. Elle évitait de croiser mon regard, et se tenait à distance de Liko. J'espère qu'elle va bien...

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⏰ Dernière mise à jour : Sep 19 ⏰

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