Une Etoile pour Noël (éditée)

Chapitre 2

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Lundi 18 décembre 2023

Matin

Dire que mon petit ami était actuellement aux anges serait être en dessous de la vérité. Il éclatait littéralement de joie en papillonnant dans les différences de pièces de l'appartement, s'assurant que nous n'avions rien oublié. De mon côté, je végétai, à moitié endormi, regrettant ce réveil si matinal qu'il faisait encore nuit. Je n'avais que deux heures de sommeil à mon actif. Nous étions rentrés à minuit et, conscients que nous n'allions pas nous revoir pendant plusieurs jours interminables, nous avions passé une fantastique partie de la nuit à nous aimer pour en profiter. Son alarme, le « Groove de l'Empereur » nous avait tirés du lit à cinq heures.

Dans l'entrée se trouvaient quatre énormes valises et un sac à dos. Le mien. Les autres débordaient apparemment de fringues à Aimeric et de cadeaux qu'il amenait dans sa famille. Je le soupçonnais d'avoir acheté le fameux robot cuiseur pour gâteaux dont il n'arrêtait pas de me parler en disant que ça serait parfait pour sa grand-mère. Un engin pareil avait certainement de quoi occuper déjà une grosse partie de ses bagages.

Depuis notre réveil, plus les minutes s'écoulaient, plus sa joie grandissait, proportionnelle à la mienne qui chutait dangereusement.

À bien réfléchir, j'aurais préféré passer Noël tout seul ici, plutôt que de rejoindre ma famille qui organisait les vacances je ne savais où.

Je ne pouvais absolument pas lui en vouloir tant son bonheur faisait plaisir à voir en même temps. Je ne pouvais que comprendre. Pour avoir rencontré ses grands-parents, chez qui il partait pour les fêtes, je savais déjà qu'il passerait un super séjour. Ils étaient totalement géniaux. Ses parents, d'après le peu qu'il m'en avait dit, vivaient aux États-Unis depuis plusieurs années. Par conséquent, son pied à terre — en dehors de notre appartement — se localisait chez les fameux grands-parents paternels depuis ses douze ans. Ils étaient venus nous rendre visite, cet été. Si j'avais été anxieux à l'idée de les rencontrer, mon angoisse s'était volatilisée après une heure passée en leur compagnie.

Alors que nous fermions les volets, fenêtres, puis finalement porte d'entrée, une boule commença à se former dans ma gorge. Le trajet à pied jusqu'à la station, puis celui dans le métro qui nous conduisit à la Gare Saint Charles, la fit grossir.

Je ne voulais pas être séparé de lui pendant aussi longtemps. Mais j'avais encore moins envie de passer ce laps de temps avec mes proches insupportables. La preuve, durant l'été deux mille vingt-deux, j'étais resté tout seul pendant qu'Aimeric partait trois jours chez ses grands-parents. Même s'il m'avait manqué, j'avais survécu sans me plaindre ! Bon, j'en avais profité pour repeindre l'intégralité de la cuisine, histoire de passer le temps... Mais ça allait !

Mon train partait en premier, cependant le quai n'était pas encore affiché. Après une halte très rapide dans le kiosque à journaux, où je dégottai un journal traitant des chorégraphies retravaillées par Éva Makarova durant ces dix dernières années, je me gluai à mon copain. Je le serrai autant que je pouvais dans mes bras, calés dans un recoin paisible où nous ne gênions pas le passage.

Le nez dans le creux de son cou, j'espérais presque entendre le haut-parleur annoncer que mon train serait annulé. Pourquoi avait-il fallu que la Chorégraphe et la Directrice décident de coller leur lune de miel pile sur cette période ?! Noyées dans leur bonheur de jeunes mariées, elles avaient certainement pensé nous faire une faveur exceptionnelle en nous laissant « tranquille » cette année. Nous savions tous que l'an prochain, nous aurions à nouveau des dates de représentation à respecter pour les réveillons. La rumeur racontait qu'elles songeaient à la version « Don Quichotte » de Baryschnikov.