Chapitre 39: La Malédiction de Marley

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            Chacun se préparait pour le réveillon de Noël s'efforçant de faire comme si tout allait bien. Il n'était plus question de parler de Geselle qui était sortie des griffes de la mort. Ils voulaient juste se faire beau, préparer une belle table et faire comme si la magie, le monde des oublis et le Maudit n'existaient pas.

Juste pour ce soir.

Léa resta silencieuse pendant que ses cousines se coiffaient d'un serre-tête orné d'oreilles de rennes. Elle se triturait les ongles se remémorant le visage de sa mère trempé par les larmes.

Un an. Trois-cent-soixante-soixante-cinq jours pour espérer la retrouver. Pouvoir sentir de nouveau l'odeur de sa peau. Goûter à la chaleur de ses bras.

— Viens par-là, s'enjoua Al en secouant un serre-tête. A ton tour !

La basketteuse se résigna et alla la rejoindre. Elle se laissa faire et ne put s'empêcher de partager l'entrain de ses accompagnatrices. Après tout, Geselle avait déjà commencé à travailler sur le trèfle à quatre feuilles. Elle ne lâcherait rien, elle le lui avait promis. Puis c'était un jour spécial. Un jour réservé aux rires et à la bonne humeur, elle ne voulait pas tout gâcher.

Dans son grenier, le nouvel antre que lui avait préparé Thadeus, Geselle n'était pas encore prête pour la fête. Les mains dans la terre, les cheveux en bataille, elle préparait le terrarium au son d'une mélodie qui inondait la pièce.

— Je peux ? demanda Gary en passant sa tête dans l'embrasure de la porte.

La marginale lui sourit en guise de réponse. Le vieillard avait fait un effort sur sa tenue. Il avait laissé son peignoir sur le fauteuil de sa nouvelle chambre. Il avait choisi pour l'occasion, un de ses costumes deux pièces, celui qu'Elisabeth chérissait au plus haut point.

— Tu es tout beau ! dit-elle avant de replonger sa tête vers le terrarium.

— Et toi encore pleine de terre, se força-t-il de reprendre sur un ton faussement amusé.

— Tout va bien ?

Il hocha la tête et analysa chaque objet poussiéreux du nouvel antre de sa chère petite. Il s'arrêta sur les pots en verre, sur les bouquets de fleurs séchées. Geselle sortit sa tête du terrarium et s'essuya les mains.

— Qu'est-ce qui te tracasse grand-père ?

— Comment va Thadeus ?

— Bien, répondit-elle surprise par la question. On vit sous le même toit, tu sais. Tu peux le lui demander si tu es inquiet.

Il sourit et garda ses yeux rivés sur les différents objets du grenier fuyant sa petite marginale du regard.

— C'est vrai, murmura-t-il, je suis inquiet...

Geselle ne comprit pas à quoi son grand-père faisait allusion. Elle le rejoignit et le prit dans ses bras, persuadée qu'il avait juste besoin de réconfort après tout ce qui s'était passé.

— Tout le monde est presque prêt, on va encore finir par t'attendre, s'amusa-t-il en se décrochant de son étreinte.

Elle hocha la tête et lui promit n'en n'avoir plus que pour quelques minutes.

Dans sa chambre, Thadeus boutonna les derniers boutons de sa chemise devant le grand miroir doré qui remplissait presque le pan de mur tout entier.

Son cœur battit à tout rompre lorsque derrière lui, le corps de la vieille Lucy Pickles se déforma par la douleur en enfonçant sa main dans sa poitrine. Il resta stoïque, les yeux rivés sur le miroir en direction de la sorcière cadavérique. Ce n'était que le fruit de son imagination. Un fichu traumatisme qui finirait par se dissiper. Il ferma les yeux et inspira un grand coup avant de les ouvrir et de voir que personne d'autre ne se trouvait dans la pièce. Il regarda ses ongles et le noir de la terre qu'il n'était parvenu à enlever. Lucy était six-pieds sous terre, au loin dans le terrain du Manoir. Il s'en était occupé lui-même. Il se retourna, dos au miroir et expira fort avant de sursauter.

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⏰ Last updated: Dec 09, 2023 ⏰

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La Malédiction des MarleyWhere stories live. Discover now