Partie 19 - Les amis.

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Trois jours plus tard.

Il était en train de fumer sur le petit balcon de son appartement, songeur et un sourire sur les lèvres, quand il entendit quelqu'un sortir lui aussi de l'appartement, le rejoignant, et en tournant la tête il vit que c'était son ami Matthieu.

« Ah, mec. Ça va ? »

Celui-ci hocha la tête en souriant avant d'allumer à son tour une cigarette, puis son ami vint s'accouder au balcon et regarder au loin comme lui avant son arrivée :

« Il est cool, Aurél.

— Ah ouais ? Tu l'aimes bien ? dit-il d'un faux air étonné en sentant son cœur rater un battement dans sa poitrine, secrètement bien content que ses amis apprécient le plus jeune autant que lui.

— Évidemment. Comme tout le monde j'ai l'impression. Il est tellement gentil. Penser à préparer tout ça pour ton anniv alors que ça fait même pas un mois que vous vous connaissez en plus... »

Il sourit doucement en pensant qu'effectivement, c'était grâce à Aurélien si ses trois meilleurs amis étaient présents ce soir pour fêter son anniversaire comme il se doit. Apparemment, le plus jeune avait comploté tout ça avec Claude derrière son dos. Claude s'était occupé de prévenir Matthieu et Ablaye, tandis que Aurélien le tenait éloigné de la maison (déjà préparée en son absence) le temps que ces derniers s'y introduisent, son double de clés passés un peu plus tôt dans la journée à Claude. Aurélien était venu le chercher au boulot et avait prétexté vouloir aller boire un verre pour son anniversaire avant de rentrer à la maison, où l'attendaient sans qu'il ne s'en doute ses amis et un magnifique gâteau d'anniversaire fait par le plus jeune le matin-même après son départ pour le travail. Celui-ci avait ensuite rangé et nettoyé l'appartement puis était allé faire deux-trois courses pour l'apéro obligatoire afin de sublimer toute fête, avant de tout installer puis d'aller le chercher. Il avait déjà été sincèrement surpris qu'il se soit souvenu de la date de son anniversaire quand ils étaient allés au bar et qu'Aurélien lui avait expliqué pourquoi il était venu le chercher aujourd'hui, mais alors là... Aurélien s'était surpassé.

« Oui. C'est vraiment quelqu'un de bien, Aurél... dit-il en pensant à tout ça, un petit sourire sur les lèvres, et Matthieu se tourna alors vers lui.

— Dis-moi... est-ce que y'a quelque chose entre vous deux ? Je veux dire... je sais que ça fait pas longtemps que vous vous connaissez, ni pas vraiment plus de temps d'ailleurs que Chloé est morte mais... j'ai l'impression qu'il y a quelque chose entre vous. Je me trompe ?

— Non, soupira-t-il, tu as raison. Je crois... que je suis tombé fou amoureux de lui dès le premier jour où je l'ai vu.

— À... l'hôpital ? C'est ça ?

— Ouais. Il avait des fils partout, le reliant à une machine, et ça m'a fait quelque chose de le voir ainsi. Si... vulnérable ? Fragile ? Chloé venait à peine de mourir et... je sais pas... c'était vraiment une sensation étrange, essaya-t-il d'expliquer en se passant une main dans les cheveux. J'essaie de me dire... de me convaincre que je n'ai pas fait une transposition d'elle à lui mais... je sais pas. J'espère pas, mon dieu. Il ne me le pardonnerait jamais.

— C'est son cœur c'est ça qu'ils lui ont greffé ? lui demanda Matthieu, précautionneusement. Claude nous a pas trop raconté.

— Ah oui, c'est ça. C'est pour ça que... je me dis Et si ? Et si son cœur me reconnaissait ? Parce qu'il me connaît, tu vois ? Mais lui... il me connaît pas en réalité. D'ailleurs, est-ce qu'il t'a dit quelque chose ? Ou... demandé ?

— Demandé ? Genre... quoi ?

— Et bien... s'il vous connaissait. Ou quelque chose comme ça. Il a plus aucun souvenir de lui d'avant, tu comprends ?

— Ah oui. Claude nous l'a dit ça. Mais pourquoi est-ce qu'il me demanderait ça ? Il le sait, non, qu'on est seulement tes amis à toi ? »

Il se tut un instant, soudain embarrassé, et il vit les yeux de son ami s'écarquiller en compréhension.

« Attends, Guillaume... Qu'est-ce que t'es allé lui raconter ? Tu lui as dit que vous étiez amis tous les deux avant l'hôpital ?

— Mm... Pas vraiment... Mais c'est ce qu'il a cru, lui... Alors... Je sais pas pourquoi... Par manque de courage peut-être... Je n'ai rien dit pour aller contre ça...

— Hein ? Mais t'es sérieux ?

— Je suis désolé, mais ça m'a échappé. Comprends-moi un peu. J'avais tellement envie de l'avoir dans ma vie... puis après, c'était trop tard pour faire marche arrière. Si je lui dis la vérité maintenant, il va super mal réagir. »

Matthieu le dévisagea longtemps avant qu'il ne le voie pousser un long soupir et se passer une main sur le visage :

« Bordel. T'es vraiment pas possible, Guillaume. Bon, je vais pas t'engueuler parce que c'est ton anniversaire mais faut vraiment que tu règles ça. Toi, ok. Claude, à la limite. Mais nous, c'est pas possible. Ablaye et moi, on pourra jamais lui mentir. On va s'emmêler les pinceaux. Puis j'en ai pas envie. Plus y'a de gens dans la confidence et plus ça va être compliqué et dangereux. Il va encore plus mal le prendre que si tu étais le seul à lui mentir et à savoir la vérité. Faut que tu lui avoues tout, Guillaume. »

Il sentit une boule grossir dans sa gorge aux mots de son ami, sachant pertinemment bien qu'il avait raison. Cependant, il n'eut pas la force de lui répondre, ni le temps d'ailleurs, car ils furent interrompu par Ablaye, sortant les rejoindre à son tour.

« Putain, je me demandais où vous étiez tous passés, dit Ablaye et il fronça légèrement les sourcils à ça.

— Ah ouais, désolé, répondit Matthieu à ses côtés. J'en ai profité que t'ailles aux chiottes pour aller parler à Guillaume. Vu que Claude et Aurél sont allés s'enfermer dans la chambre pour discuter.

— Hein ? Comment ça ? s'inquiéta-t-il aussitôt en repensant aux nombreuses bières que s'était descendu Claude à lui tout seul et Matthieu lui jeta un regard interrogateur.

— Ben ouais, c'est Aurél qui avait un truc à lui dire je crois. T'as peur qu'il lui explique tout ou quoi ?

— Tout quoi ? demanda Ablaye, confus, et il leva les yeux au ciel avant de rentrer dans l'appartement de nouveau afin d'aller chercher Aurélien.

— T'as qu'à rester dehors avec Matthieu. Il va t'expliquer. »

Il traversa le salon en appelant le plus jeune, inquiet que Claude ne fasse une gaffe et lui raconte tout vu que ce dernier avait un petit peu bu. Et merde. Il aurait dû y penser.

Fiction OrelxGringe - Ma renaissance. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant