KEITH

Chapitre 52 : Hayden

ALEC

Je ne pensais pas que la douleur dans ma poitrine allait s'estomper, ni que les muscles de mon corps se détendirent petit à petit dans le calme de cette chambre.

Je quittai des yeux, ma main qui tenait ma boîte de médicaments en sentant la douleur s'effacer. Je levais mes yeux sur le plafond de notre chambre, un sourire aux lèvres. Je sentais le monde tanguer autour de moi, puis mes sens s'arrêtèrent un à un. Je n'avais plus la force de prononcer le moindre mot, puis le toucher disparut. J'avais la sensation de flotter sur un nuage. Les odeurs des vêtements à mes côtés diminuèrent, jusqu'à disparaître totalement.

Mes oreilles qui bourdonnaient semblaient se mettre en mode off, laissant le silence envelopper tout mon être.

Je sentais ma respiration ralentir à petit feu, une larme roula sur ma tempe en remarquant ma vue s'assombrir. Mes yeux se fermèrent sans difficulté et j'expirai mon dernier souffle, laissant ce monde de ténèbres derrière moi.

*

Le noir laissa place à une lumière aveuglante, lorsque j'ouvris les yeux. Mes paupières papillonnaient dans l'espoir de m'habituer à cette luminosité qui me brûlait la rétine.

Je passais ma main sur mon visage avant de me relever sans douleur. Je sentais l'herbe fraîche sous mes doigts, puis l'odeur des fleurs autour de moi. Je regardais le monde qui m'entourait en me relevant et je fus subjugué par la beauté du paysage qui s'offrait à moi.

C'était donc cela le paradis ?

Un sourire étirait mes lèvres, contrastant avec les larmes qui jaillissaient de mes yeux. Du bout des doigts, je marchais à travers le champ de fleurs. Il y en avait tellement que je ne voyais presque plus l'herbe verte sous mes pieds. Je me penchais pour sentir le parfum d'une des fleurs colorées et je fermais les yeux, profitant de ce moment de calme.

J'entendis des pas derrière moi qui me fis tourner la tête. Je restais figé en voyant une silhouette un peu plus loin dans le champ. Je mis ma main en visière pour mieux observer la personne qui s'avançait vers moi.

- Alec ?

Mon corps se figea sur place lorsque j'entendis cette voix que je rêvais d'écouter. Je n'avais pas besoin de m'approcher pour savoir qui m'appelait.

Je pouvais le reconnaître sans problème, rien qu'avec l'aura qui s'émanait de lui, rien qu'avec le souffle de sa respiration que j'avais tant connue. Je pouvais le reconnaître entre chaque nouveau corps, de chaque nouvelle vie. Je savais à chaque fois, sans aucun doute, que c'était lui.

Les larmes brouillèrent ma vue et en m'avançant, je le vis enfin. Il était debout, une chemise blanche reflétant la lumière du soleil. On aurait dit un ange tombé du ciel.

Mes jambes s'activèrent toutes seules et je courais sans perdre une seule seconde. Je courais jusqu'à lui sauter au cou, nous faisant tomber à la renverse parmi les fleurs.

Son rire résonna dans tout le champ et mes bras serrèrent son corps comme si j'avais peur qu'il ne soit qu'une illusion. Je pleurais à chaudes larmes dans son cou.

- Tu es là.

Hayden caressa mes cheveux avant de lever son visage vers moi pour me contempler. Son sourire fit étirer mes lèvres en même temps.

Nous nous embrassions enfin comme si c'était notre dernière chance, comme s'il ne nous restait que quelques secondes de paix avant que ce mirage ne disparaisse.