Chapitre 18 - La Communauté Marine

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    La Communauté Marine regroupe approximativement 9356 individus répartis dans l'ensemble des océans du globe, à l'exception des zones arctiques et antarctiques, environnements trop hostiles pour Homo Aquaticus Sapiens. (Quoique. Plus pour longtemps). Quelques colonies d'eau douce subsistent encore dans les lacs et rivières les plus préservés. La démographie de la Communauté a énormément chuté depuis l'industrialisation et les débuts de la pêche intensive. Diminution des ressources oblige. La discrétion étant une question de survie depuis des millénaires, l'avancée de la technologie a bien sûr accentué les difficultés et le déclin.

Depuis toujours, les sirènes ont su garder leurs existence à l'état de légende, de mythe, voire même de fiction au xxième siècle, et ce, à l'aide de moyens peu amènes. Pour garder un secret, il faut que personne ne sache, et si une personne venait à savoir, le meilleur moyen de s'assurer de son silence... était de l'y réduire. Ainsi, toute personne apprenant l'existence d'Homo Aquaticus Sapiens courait le danger de finir condamné à mort. Si cette sentence était vrai pour Homo Sapiens Sapiens, elle ne l'était pas moins pour tout Homo Aquaticus Sapiens qui trahirait le secret en révélant volontairement l'existence de son espèce, ou en se faisant attraper. Dans ces cas-ci, la décision en revenait au Haut Conseil de la Communauté Marine. Haut Conseil, qui n'était pas réputé pour sa tendresse en cas d'infraction. Nombre de sirènes avaient trouvé la mort de la main de leurs paires, et de tous âges.

Les membres constituant ce Haut Conseil s'élève au nombre de quatorze. Sept d'entre eux étant basé sur terre, dans les grandes villes côtières de grandes puissances. Les sept membres restant, en mer, non loin pour faciliter la communication.

Ces sirènes surveillaient, montaient la garde pour pallier le moindre problème. Le dernier problème en date se dénommait Taran.

Et le débat était vif. Que faire de cet individu qui, non seulement s'était fait pêché, mais avait échoué dans un laboratoire, soumis à l'étude ?

On hésitait sur la démarche à suivre. Un mois s'était écoulé et les recherches ne semblait pas avancer plus vite que pour tout autre espèce animale, ce qui indiquait que l'individu ne coopérait pas avec les scientifiques. Du moins pas encore, mais combien de temps serait-il capable de retarder les découvertes ? Si tant est qu'il essayait de les retarder. Certaines sirènes étaient partisanes de la Révélation : laisser les Hommes savoir. Ces dernières s'étaient réjouie de la pêche de Saint-Pantois qu'internet avait rendu ineffaçable. Cependant, le Haut Conseil ne l'entendait pas de cette oreille.


- Il nous faut prendre une décision, asséna sèchement Carina Waterbridge, le membre le plus respecté du Haut Conseil et de loin le plus influent. Voilà un mois que cette affaire est sur la table !


- La situation est délicate, répondit un autre membre.


- Peu importe, renchérit Waterbridge. Nous devons trancher ! Soit nous laissons les choses se dérouler, soit nous intervenons, mais il faut choisir.


- Quand vous dites intervenir, vous suggérez la mise à mort de l'individu ? Je me permets de poser la question pour éviter toute ambiguïté, intervint une jeune femme blonde.

Un silence lourd de sens s'abattit sur les quatorze membres.


- Le mal est fait, reprit un homme noir aux yeux bleu sombre, je ne vois pas l'intérêt de mettre à mort l'un des nôtres alors que nos effectifs sont en constante diminution.


- Certes... concéda la jeune femme blonde.


- Et puis ?! s'emporta un homme aux cheveux poivre et sel. Son action reste impunie ? À d'autres, Gabriel !


- Je dis juste que sa mise à mort ne changera rien ! Les Hommes ont vu, ils vont nous chercher. On pourrait tout aussi bien le faire évader, faire passer ça pour un vol.

L'homme aux cheveux poivre et sel s'esclaffa.


- S'il s'agissait de votre fils, vous considéreriez peut-être cette option ! argumenta la jeune femme blonde. Son « accident » a pu être maquillé et à l'heure qu'il est il est toujours vivant.


- Ça n'a rien de comparable !!! s'emporta l'intéressé.

S'ensuivit un échange houleux que ne retomba que quand Carina Waterbridge reprit la parole.


- Assez ! tonna-t-elle. Nous avons retourné cette affaire dans tous les sens. Plusieurs options ont été évoquées au cours du dernier mois. Je vous invite à faire par de votre décision via notre document partagé en ligne, cet instant.

Le silence retomba, parsemé de hochements de tête approbateurs et chacun pianota sur son ordinateur personnel.


- Au bout de quelques minutes, le vote était terminé. Le Haut Conseil avait enfin tranché.

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