Chapitre 24 - Infiltration et exfiltration

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    Les trois femmes arrivèrent à la Station, tendues à l'extrême. Visiblement la confusion ne s'était pas dissipée. Les pompiers étaient toujours là et l'accès au bâtiment semblait interdit.


- Merde comment on va faire ? demanda Gwenaëlle.

Célestine réfléchit un instant. Il fallait absolument se débarrasser de la vidéosurveillance. Elle inspira, renfonça ses lunettes sur son nez et ouvrit la portière.


- Je m'en occupe, attendez moi là.


- Céleste ! l'appela son amie en cherchant à la retenir.

Elle n'y parvint pas. Le Dr. Amiral marchait déjà vers la station, faisant de son mieux pour ne pas chanceler. La peur la prenait au ventre.

En quelques minutes, elle se retrouva parmi les employés et visiteurs de la Station. Elle prit le temps d'écouter quelques commentaires pour tenter d'en savoir plus. Elle fit bien. Apparemment, on attendait la police. Elle blêmit, ses jambes faiblirent, mais elle tint bon et se faufila aussi discrètement que possible vers le bâtiment. Un pompier surveillait l'entrée. Impossible d'accéder à la Station par l'entrée principale. Tant pis, elle ferait le tour. L'avantage, fut qu'à force de vivre avec sa timidité, la discrétion lui était devenue naturelle. À ne pas vouloir se faire remarquer, on apprend vite à s'effacer. Elle passa complètement inaperçue de tous et parvint à faire le tour du bâtiment. Le plus difficile fut d'escalader la clôture. Haute et souple, elle pliait sous son poids et plusieurs fois elle crut qu'elle allait se casser une jambe, elle était cependant parvenu à passer par dessus, non sans s'égratigner les mains et les jambes. De là, il ne lui restait plus qu'à rentrer par une des portes qui donnaient sur les bassins extérieurs.

Le cœur battant elle rejoignit le bureau de son mari. Sachant qu'il avait dû être mis au courant de la situation, il ne tarderait plus. À cette pensée, l'angoisse monta d'un cran et elle accéléra le pas en espérant ne croiser personne : ni pompier, ni assassin.

Elle arriva finalement, saisit la poignée de la porte et ouvrit celle-ci à la hâte avant de se figer soudainement. Ses yeux se fixèrent sur sa main tenant la poignée.

La police arrive...pensa-t-elle.

Ses empreintes. Elle devait absolument effacer ses empruntes en repartant et pour cela, elle devait se souvenir de tout ce qu'elle toucherait. Avec Taran disparu et une vidéosurveillance manquante, le fait qu'une enquête allait être ouverte ne faisait aucun doute.

Elle avait beau être la femme du directeur, elle ne venait que rarement dans son bureau, et jamais il ne la couvrirait. Son souffle se hacha. Elle entra dans la pièce en notant mentalement les deux poignées de porte. Elle s'installa au bureau alluma l'ordinateur.

Les poignées, l'interrupteur.

Elle pianota le mot de passe de son mari sur le clavier.

Les poignées, l'interrupteur, le clavier.

Célestine se saisit de la souris d'ordinateur et ouvrit le logiciel qui gérait la vidéosurveillance.

Les poignées, l'interrupteur, le clavier, la souris.

Elle ouvrit le dossier contenant les vidéos du jour. Sa respiration se coupa net. Vide.

Elle vérifia qu'il s'agissait du bon dossier, c'était bien le cas.

Le tueur ! pensa-t-elle.

Il était passé avant elle et s'était chargé de tout effacer.


Homo AquaticusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant