Chapitre 26 -

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    Taran patientait depuis des heures. La nuit tombait à l'extérieur. Il espérait que les biologistes n'avaient pas trop d'ennuis. Il craignait également que l'exécutant du Haut Conseil ne le retrouve. Ces hommes étaient généralement de bons enquêteurs. La peur le pris à plusieurs reprises, par vagues. Il ne savait plus si ces craintes étaient fondées ou irrationnelles. Qu'avait choisi de faire l'exécutant ? Retourner à la mer pour faire son rapport au Haut Conseil ? Suivre les biologistes ? Quelle option était la bonne ? Le surveillait-il en ce moment même ? Impossible ! Quoique... Non.

Cinq cafés, ce n'était sans doute pas une bonne idée.

Mais il avait fallu se donner une contenance.

Quand la nuit fut tout à fait tombée, Taran pensa qu'il allait finir par se faire embaucher pour la plonge. Puis, il aperçut des phares à l'extérieur, une silhouette passa devant le véhicule fraîchement garé et se dirigea vers la porte.

Quand Célestine Amiral franchit le seuil du restaurant, le soulagement l'envahit de la tête aux pieds.

La jeune femme semblait éreinté et fébrile. Leurs regards s'accrochèrent et le vertige les repris. Soulagement de revoir l'autre sain et sauf ? Aucune idée, ils avaient cessés de réfléchir. Chacun pensait cette sensation disparue maintenant qu'ils se connaissaient mieux, et la voilà qui reparaissait, sans crier gare. Taran se mit sur ses pieds sans s'en rendre compte. Ils continuèrent de se fixer, jusqu'à ce qu'une serveuse s'approche de Célestine et la salue, arrachant la biologiste à cet échange silencieux.

Elle indiqua la table où se trouvait Taran à la serveuse qui lui glissa quelque chose sur le ton de la confidence et la jeune femme tourna rouge pivoine en agitant les mains de gêne. Quand elle se dirigea finalement vers la table, ses yeux étaient rivés sur ses pieds. Elle se saisit de la chaise, la tira de sous la table et s'y laissa choir. Taran se rassit sans un mot. La biologiste soupira et retira ses lunettes pour se frotter le visage.


- Tout va bien ? demanda l'homme-poisson, inquiet.

Elle hocha la tête.


- Je suis juste fatiguée.

Elle lui raconta ensuite tout ce qu'il c'était passé : le moyen de communication décidé avec Candice, la vidéosurveillance, puis la police. Chacun des biologistes avait été interrogé. Par chance, ils avaient d'abord été questionnés tous ensemble dans le laboratoire, ils savaient donc ce qu'ils pouvaient dire ou non une fois seuls avec les enquêteurs. À ce stade, on ne semblait les soupçonner de rien. La piste du vol semblait privilégiée par la police.


Pour aujourd'hui, tout du moins.

Le silence tomba entre eux. Célestine risqua un regard dans sa direction. Taran comprit qu'elle hésitait à lui poser une question. Il continua de la regarder afin qu'elle comprit qu'il attendait qu'elle se lance. Elle osa enfin :


- Pourquoi rester sur terre ? Je veux dire, l'océan est si vaste, vous y cacher ne serait-il pas plus facile que sur la terre ferme ? Vous connaissez mieux l'endroit qui plus est... Alors...


- Le Haut Conseil va envoyer des milices aux endroits que je fréquentais pour me retrouver. L'océan est vaste, c'est vrai, et peut-être que j'arriverais à passer au travers des mailles du filet. Cette fois.

Un petit rire jaune lui échappa.


- Si ma sœur a eu vent de ma condamnation, le reste de la communauté aussi. Si je ne croise ne serait-ce qu'une sirène sous l'eau, il suffit que ce soit la mauvaise et je suis fait. Sur terre, je peux me fondre dans la masse. Enfin, je l'espère.

Homo AquaticusOù les histoires vivent. Découvrez maintenant