じゅうよん・し

1K 61 8
                                    

Les jours de torture.
Île à Aogashima, JAPON || AH

J-15

Les voyages n'ont jamais été mon truc, en réalité, les moments où mon père partait pendant quelques semaines pour des affaires de famille étaient ceux que je préfère parmi beaucoup d'autres dans mon enfance. Va savoir pourquoi, peut-être que j'ai toujours préféré la solitude et l'isolement à la prise de parole, au courage de l'affronter une bonne fois pour toutes.

Parce que je suis certain que si j'avais eu la bravoure et l'audace de contrer ses coups, je ne me serais pas laissé embobiner il y a plus de deux semaines pour prendre une place qui ne m'était pas destinée. Du moins - deux semaines sont les jours que je compte dans ma tête depuis que je suis arrivé dans cette prison à peine réchauffée.

— Deux cent trente-deux..

Ma voix ne ressemble plus qu'à un murmure desséché, l'eau que la gouvernante me donne est encore pire que de me damner directement pour l'enfer. Je subis, je survis, et surtout, je prie le soir, ou le matin, j'ai perdu la notion du temps à force. À genoux sur le sol, je prie sans cesse pour arrêter de subir l'horrible torture qu'ils utilisent sur moi, elle m'a brisé complètement et j'ai peur de l'avouer à haute voix.

— Deux cent trente-trois..

Les gouttes d'eau qui s'écoulent une par une sur la vitre sale de la petite pièce me font tenir encore un peu debout malgré la douleur, malgré le sang chaud qui coule sur ma tempe et le parfum qui embaume la pièce.

Ils auraient pu m'arracher une dent, couper un de mes doigts pour l'envoyer à mon père et le menacer et bien pire. Mais ils ont choisi de me détruire en profondeur, d'abattre les derniers remparts de sécurité que j'avais dans ce monde.

— Deux cent trente-quatre..

J'ai cessé de pleurer depuis environ trois jours, la migraine qui tape contre ma tête a fini par avoir raison de moi. J'ai compris que j'avais perdu du poids simplement en observant mon poignet meurtri et recouvert d'une très fine peau pâle.

— Deux cent trente-cinq..

Les cinq premiers jours se sont déroulés de cette manière : hurlement, sang, passage à tabac, coup de couteau très bien placé sur mon ancienne blessure. Je pensais qu'ils allaient s'arrêter là, sauf que j'avais tort. Le sixième, jour j'ai émergé en sentant un parfum familier, son parfum.

— Deux cent trente-six..

Valentino Born In Roma, un large sourire s'était dessiné sur mon visage à l'espoir d'être enfin libéré de cet endroit. Sauf que ce n'était qu'un subterfuge, ils vaporisent volontairement toutes les minutes ce parfum en me torturant de façon brutale. Je ne sais pas par quel moyen les mercenaires ont su relier ce flacon à Lorenzo, mais ils l'ont fait.

— Deux.. cent..

Si auparavant cette odeur m'apaisait et m'apporter un brin de réconfort, désormais elle m'écœure, elle me donne envie de sangloter tellement fort que je serais incapable de me relever d'aussi tôt.

— La pluie est appréciable quand il n'y aucun bruit extérieur, n'est-ce pas ?

La voix de James ne me fait même plus sursauter, au fil des semaines, j'ai appris à mémoriser son timbre plutôt aigu, selon la torture elle paraît plus rauque. Un colocataire de prison est mieux que de subir seul leur torture, je suppose.

— Ils n'ont pas vaporisé de parfum aujourd'hui. rajoute-t-il.

Les yeux toujours fixés sur les gouttes d'eau, j'ignore ses commentaires, James n'a jamais été quelqu'un d'impatient, c'est ce que j'affectionne chez lui. Parler n'est pas dérangeant, ne pas le faire l'est encore moins pour lui.

HORI, du côté de Minato-KuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant