33. Joyeusetés près du sapin

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Séléné

Cette dernière séance de pose avant les vacances s'est plutôt bien déroulée, le reste de ma journée, par contre, a été un calvaire. J'étais tellement stressée d'assister à cet ultime cours du semestre que je n'ai pas fermé l'œil de la nuit, à juste titre d'ailleurs. Tout ce que j'ai obtenu d'Aurèle, c'est du mépris. Il ne m'a pas adressé la parole, pas même un regard, et il est parti comme une flèche sans que j'aie pu lui dire quoi que ce soit. Ça me fait de la peine de lui cacher les choses, mais lui avouer ce secret le ferait souffrir davantage, et ça, je ne le veux pas. J'ai pleuré une bonne partie de la journée en préparant mes affaires et j'ai fini par me mettre au coup de pied au cul en voyant mon reflet dans le miroir de la salle de bain. Je ne pouvais pas me pointer chez Bianca avec une tête pareille, j'ai donc pris le temps de me faire un soin du visage avant la douche pour arranger un peu ma tronche d'épouvantail.

Je me hâte pour récupérer ma voiture dans le parking et trouve à me garer juste en bas de chez moi. Je charge mes affaires, les cadeaux et ma grosse paupiette à l'arrière. Il n'est pas spécialement content à l'idée de voyager, mais je ne pouvais bien entendu pas le laisser seul pendant cinq jours, l'indépendance des matous a tout de même ses limites.

Une bonne demi-heure plus tard, je stationne en bas de chez Morgan.

S : Je suis arrivée.

Morgan : La petite voiture orange et noire ?

S : Oui.

Il charge ses affaires dans le coffre, puis grimpe à côté de moi et saisit mon visage entre ses mains pour m'embrasser avec un sourire.

— Ça va, ma belle ?

— J'ai connu des jours meilleurs.

— Tu fais référence à ce matin ?

— Oui... Je n'ai pas spécialement envie d'en parler, s'il te plaît.

— Comme tu préfères. À ton avis, il faudra combien de temps pour que nous arrivions avec ton pot de yaourt ? me charrie-t-il pour changer de sujet.

Je démarre la voiture, faisant rugir un peu le moteur au passage et je ne peux me retenir de rire en voyant l'expression inquiète qui s'affiche aussitôt sur son visage.

— C'est bon tu as tout, on peut y aller ?

Il déglutit avec peine.

— Euh oui.

— Détends-toi Morgan, j'ai mon permis, tu sais.

Quitter le centre-ville nous prend un moment et je comprends mieux pourquoi lorsque nous atteignons la rocade. Qui dit départs en vacances, dit bordel sur la route, ce qui ne manque pas de me filer un coup de pression.

— Calme-toi Séléné, on a le temps.

— Je suis calme, j'ai juste horreur de conduire en ville et en périphérie, sifflé-je en tapotant sur le volant.

Nous sommes à l'arrêt dans un bouchon et j'en profite pour accrocher mon téléphone sur le support mains libres. Quand j'allume l'écran, une photo d'Aurèle et Mia qui font une grimace s'affiche. Je pousse un long soupir et lutte pour retenir mes larmes. À croire que je n'ai pas assez pleuré durant la journée... Quelle chouineuse ma parole ! Morgan s'empare de ma main avec précaution.

— Ça finira par s'arranger entre vous, ne t'inquiète pas.

— Je l'espère oui.

Je songe toutefois qu'il me dit sûrement cela pour éviter que nous nous fâchions, au fond il doit être plus satisfait par cette situation qu'il ne le montre. J'allume Waze pour voir un peu l'état du trafic.

Et la Lune s'éprit du Soleil (Roman)Where stories live. Discover now