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Je n'avais pas perdu de temps. Bien que décrocher un rendez-vous au commissariat soit habituellement un défi de taille, l'annonce de mon enquête visant à exposer les agissements du grand cartel de Miami semblait avoir accéléré les choses. J'ai passé un coup de fil au département spécialisé dans les enquêtes sur le cartel à neuf heures ce matin, et voilà, deux heures plus tard, à onze heures précises, me voici devant le portail imposant du commissariat de la police locale.

Je pressai le bouton de l'interphone, et après deux sonneries, une voix masculine résonna à l'autre bout du fil.

— Lux Fairchild. J'ai rendez-vous avec le commandant Evans.

Un cliquetis se fit entendre, et je poussai le portillon en fer forgé. Mes mains moites tenaient fermement mon carnet, tandis que mon stylo pendait à la poche de mon jean. Traversant le petit chemin bordé d'arbres, je me retrouvai bientôt devant les portes automatiques qui s'ouvrirent pour dévoiler l'accueil du commissariat.

— Le commandant vous recevra dans dix petites minutes, m'informa un homme en uniforme, avec un sourire professionnel. Vous êtes journaliste, n'est-ce pas ?

Je baissai les yeux sur ma tenue, légèrement embarrassée. Était-ce si évident ?

— Ça se voit tant que ça ? plaisantai-je nerveusement.

— Disons que le carnet avec "Miami Pulse" inscrit dessus est un bon indice, répondit-il en souriant.

Je ris doucement, essayant de détendre l'atmosphère. L'attente de dix minutes me sembla durer une éternité. Je parcourais mentalement toutes les questions que je voulais poser, espérant que le commandant Evans serait aussi coopératif que je l'espérais. L'estomac noué par l'anticipation, je m'installai sur une chaise en plastique bleu, les yeux rivés sur l'horloge au mur, chaque seconde me rapprochant un peu plus de ce moment crucial.

— Madame Fairchild ?

Je levai les yeux et croisai le regard d'un homme d'une cinquantaine d'années, marqué par les épreuves de sa longue carrière. Son visage était sévère, chaque ride racontant une histoire de lutte et de défi. Il portait l'air fatigué mais résolu de ceux qui ont vu trop de violence et de tragédies pour rester indifférents. Son uniforme impeccable et l'autorité naturelle qui émanait de lui ne laissaient aucun doute : c'était le commandant Evans. Ses yeux, d'un bleu perçant, me scrutaient avec une intensité qui me fit frissonner, comme s'il évaluait ma détermination avant même que je n'ouvre la bouche.

— Suivez-moi.

Sans un mot de plus, il tourna les talons et m'entraîna dans le dédale des couloirs. Nous montâmes deux étages dans un silence ponctué seulement par le bruit de nos pas résonnant sur le sol en marbre. Arrivés à destination, il me fit signe d'entrer dans son bureau.

L'endroit respirait l'ordre et la discipline. Sur le bureau impeccablement rangé, une photo de famille attirait mon attention : le commandant Evans, souriant, entouré d'une femme et de deux jeunes filles. Tout était soigneusement disposé, chaque objet semblant avoir sa place exacte.

— Un café ? me proposa-t-il d'une voix neutre en désignant une cafetière.

— Non, merci, répondis-je avec un sourire poli.

— Très bien.

Il prit une gorgée de sa tasse fumante avant de s'asseoir derrière son bureau, me scrutant de ses yeux perçants.

— Vous êtes ici pour une raison précise, si j'ai bien compris votre appel, commença-t-il, d'une voix rauque mais mesurée. Vous souhaitez que je vous dévoile ce que je sais sur le cartel, bien que je ne puisse évidemment pas tout vous révéler.

Scorched ShadowsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant