𝐃𝐄𝐀𝐃𝐋𝐘 𝐊𝐈𝐒𝐒

~Fifty

-"Draco ?"

Narcissa toqua à sa porte, attendant qu'il lui ouvre, puis face au silence pesant elle toqua de nouveau.

-"Draco, je sais ce que tu dois ressentir pour ton amie." Narcissa abaissa légèrement la tête, se mettant à chuchoter. "Mais tu ne dois rien laisser paraître."

Elle toqua une énième fois, attendit.

-"Draco ?"

Elle fronça les sourcils, c'était une question, un doute qu'elle posait et laissait planer.

De l'autre côté de la pièce, rien ne semblait bouger.

Elle ouvrit alors la porte, ayant un mauvais pressentiment, et s'enfonça dans la chambre avant de se taire, fixant la pièce vide et le lit défait à la va vite.

Elle déglutit, reculant de plusieurs pas.

-"LA SANG-DE-BOURBE S'EST ENFUIE !" Hurla Bellatrix à l'étage du bas.

Narcissa sentit son coeur s'alourdir et retomber dans son estomac, ne sachant que faire, que dire pour protéger le secret qu'elle venait de découvrir.

-"Où est Draco ?"

La voix de Greyback se fit entendre, voyant que Narcissa descendait les escaliers dans le calme.

-"Il est partit chez les Zabini voir son ami." Mentit-elle.

Elle glissa près de lui sans un regard, gardant sa prestance et sa grandeur, s'avançant comme si de rien n'était vers le bureau de son époux.

Personne ne devait savoir, pas même lui.

Personne ne devait apprendre, tandis que la panique générale faisait crier et s'agiter le monde dans leur salon, que la raison de cette disparition était qu'un amour interdit avait vu le jour sous un ciel de minuit, et qu'il les avaient tous conduit à la ruine.

                             *****

-"Qu'est-ce que tu fais ?" Hurla Sofia en tentant de s'extirper du dos de Draco sur lequel il l'avait balancé avant de s'enfuir.

-"On va devoir sauter." Répondit-il sur le même ton. "Je ne sais transplaner que dans le vide."

Sofia fixa le toit du manoir sur lequel ils étaient, puis le vide en dessous d'eux.

Si le garçon se loupait, s'en était fini d'eux deux.

Mais pourquoi était-il venu ?

La pluie battait son plein, ils étaient trempés et elle sentait les gouttes glisser sous son pyjama qui s'était légèrement relevé.

-"Lâche-moi Draco." Dit-elle froidement.

-"C'est pas l'envie qui m'en manque." Rétorqua le garçon.

Il avait cet instinct de survie qui lui hurlait de la lâcher et de retourner à la maison, de faire comme si de rien n'était. De protéger sa vie au dépend de la sienne, de cette petite insolente de née moldue.

Et pourtant.

Il soupira, secouant sa tête.

-"À trois." Prévint-il.

Sofia paniqua. Comment était-elle certaine qu'il n'allait pas la lâcher et la laisser se tuer, ou bien qu'il n'allait pas l'amener jusqu'au seigneur des ténèbres ?
Trop de fois elle avait voulu croire en lui, trop de fois elle avait fini par le regretter.

Comment accorder sa confiance à celui qui venait tout juste de la briser ?

Elle le sentit inspirer car tout son corps se tendit, et la prise qu'il avait sur elle se raffermit.

Il observait le vide face à lui, son jardin qui s'étalait sur des hectares et plus encore tant était qu'il n'en voyait pas la fin.

C'était maintenant ou jamais.

C'était, ironiquement, la décision la plus importante de sa vie.

Sauter ou ne pas sauter.

-"Maintenant !" Hurla enfin Draco et, penchant son corps en avant, il se laissa tomber.

Si Sofia avait eu assez de forces, elle aurait crié.
Elle se contenta de serrer les dents, et sentit alors son corps glisser de la poigne de Draco et chuter en avant, se laissant dériver. 

Draco tendit ses bras, la rattrapa et transplana une seconde avant qu'il ne touche le sol. 

Peut-être avait-ce été son départ précipité, peut-être avait-ce été Sofia qui l'avait déconcentré, dans tous les cas le transplanage ne semblait pas s'être bien déroulé, car leurs corps continuaient de chuter le long d'une falaise visiblement inconnue. 

Draco instinctivement tira le corps tombant de Sofia et l'enlaça avec ferveur, l'enfermant dans son étreinte glaciale. 

Elle sentît la gravité changer, ne comprit pas lorsque, levant la tête au-delà de l'épaule du garcon, elle aperçut qu'il s'était mis dos au sol afin de la proteger. Voyant que sa tête dépassait, il posa sa main sur son crane et la repoussa jusqu'au creux de son torse où il la savait en sécurité. 

Etait-ce trop long à expliquer ? Sans doute, car tout cela ne dura qu'un quart de seconde, à peine le temps concu pour prendre une seule respiration. 

 Le corps de Draco se tendit, se préparant pour l'impact et sa cage thoracique s'affaissa aussitôt que son dos eut heurté la mer et les vagues. 

Ses bras se resserrèrent comme de peur que sa prunelle ne s'échappe, qu'elle ne glisse et se noie. 

Sofia ferma les yeux de toutes ses forces, sentant l'eau s'infiltrer dans ses narines sous la force de leur chute. 

Ils restèrent plusieurs secondes paralyser par l'impact, se laissant couler dans les profondeurs abyssales. 

Mais Sofia refusait de mourir. Elle venait d'échapper au plus terrible des supplices, venait d'échapper au pire des croque-mort, et refusait de finir ainsi. 

Muée d'une rage méconnue, elle ouvrit les yeux et repoussa le corps lourd de Draco qui la tirait vers le fond. Elle tapa contre son torse, encore et encore, sentit les bras du garcon glisser et la lacher, et finalement elle en attrapa un et leva la tête vers la surface loin, si loin d'elle. 

Elle remontait mais le poids en plus l'empêchait de monter assez vite, elle n'avait déjà plus d'air et commençait à sentir sa tête la brûler et promettre d'exploser, comme un caillot qui refusait de s'en aller. 

Plus vite, il fallait nager plus vite. 

Elle tira de toutes ses forces pour monter Draco à sa hauteur et se mit à le pousser vers la surface, comme un moteur qui épuisait ses dernières forces pour propulser les débris du naufrage. 

Elle n'y arrivait pas, c'était trop dur, elle ne pourrait pas les pousser tous deux jusqu'à la surface. 

Et, même si elle arrivait à pousser Draco, il était inconscient et ne pouvait pas retourner seul sur le rivage. 

C'était fini, alors. 

C'était fini.