Chapitre 75 : Samy.

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Les rires continuèrent de plus belle alors que les anecdotes fusaient. Sacha se tourna alors vers Samy, l'air malicieux.

— « Et toi, Samy, t'as fait des bêtises à l'école ou t'étais plutôt sage ? »

Samy sourit timidement, se passant une main derrière la tête.

— « Eh bien... comme vous avez pu le voir, ici, l'école, c'était pas tout à fait pareil que pour vous, » commença-t-il en jetant un regard autour de la pièce. « Les écoles étaient vraiment très basiques. Si tu voulais vraiment t'en sortir, t'avais pas d'autre choix que d'écouter et de suivre sérieusement. C'était pas un endroit pour faire des bêtises, sinon tu te retrouvais vite à faire autre chose, comme travailler dans les champs dès l'âge de 12 ans. »

Maëlle, posée à côté de lui, lui jeta un regard compatissant. Elle savait combien la vie de Samy avait été différente de la leur.

— « Si je sais lire aujourd'hui, » poursuivit Samy en souriant, « c'est surtout grâce à ma mère. Elle passait du temps avec moi le soir, après ses longues journées de travail, à m'apprendre en lisant des livres. Je lui dois beaucoup. »

Il y avait une pointe de fierté dans sa voix, mais aussi une certaine humilité. C'était grâce aux efforts de sa mère qu'il avait pu obtenir un niveau d'éducation plus élevé que la plupart des enfants de son village.

— « Alors, vous l'aurez compris, tout ce qui a un lien avec l'école... » dit-il en riant doucement, « je n'étais pas vraiment le meilleur. Je faisais de mon mieux, mais c'était surtout pour faire plaisir à ma mère. »

Sacha, qui avait écouté attentivement jusqu'à présent, ne put s'empêcher de lancer un regard malicieux à Maëlle, une étincelle dans les yeux.

— « Bah... t'inquiète pas, Samy ! Si jamais t'as encore des lacunes, je suis sûr que Maëlle pourrait te donner des cours particuliers. Très particuliers, si tu vois ce que je veux dire, » dit-il avec un clin d'œil espiègle.

Toute la pièce éclata de rire à la remarque pleine de sous-entendus. Samy rougit instantanément, mal à l’aise sous les taquineries de Sacha. Maëlle, amusée, mit une main sur l'épaule de Samy pour le rassurer.

— « Oh, tu sais, je pourrais être une très bonne professeure si tu as besoin d'aide, » dit-elle en le taquinant gentiment, avant d’ajouter en chuchotant pour que seul Samy entende, « mais je ne suis pas sûre que tu resteras concentré... »

Samy rougit encore plus sous cette remarque, tandis que le reste du groupe continuait à se moquer gentiment. Sacha et Daniel ne manquèrent pas de rajouter quelques blagues sur les « leçons privées » que Maëlle pourrait offrir, exacerbant encore plus la gêne de Samy.

— « Eh, fait pas attention à eux, » murmura Maëlle à Samy en souriant, en se rapprochant de lui. « Ils adorent te taquiner, mais moi, je suis très fière de toi et de tout ce que tu as accompli.»

La conversation se poursuivit dans une ambiance légère, mais à ce moment-là, Sacha, de manière quelque peu indiscrète, demanda où était la mère de Samy, il avait déjà parlé de son père mais pas de sa mere. Un silence lourd s'abattit sur la pièce. Samy, qui avait toujours été si ouvert et chaleureux, baissa les yeux. Son sourire s’effaça lentement, laissant place à une expression de douleur contenue.

— « Mon père est décédé, oui... » commença-t-il doucement, sa voix tremblante. « Mais ma mère... elle est partie aussi. Elle est morte d’une maladie que personne n’a jamais pu diagnostiquer. Nous n’avions pas les moyens pour les soins nécessaires, et elle a succombé à cette maladie. »

Le récit de Samy, bien qu'il restait stoïque, dévoilait un poids énorme qu'il avait porté pendant des années. Il évoqua le manque de famille dès son jeune âge, la solitude, le sentiment d'être ignoré, errant dans les rues sans avoir où aller. Ses mots étaient empreints d’une tristesse profonde et d'une résilience admirable.

À mesure qu’il parlait, les membres de la famille de Maëlle comprirent la difficulté qu'il éprouvait à partager cette partie douloureuse de son passé. L’atmosphère dans la pièce devint plus sombre et plus empathique. Maëlle, le cœur brisé pour lui, se précipita vers Samy. Elle l’enveloppa dans ses bras avec une tendresse infinie, cherchant à lui apporter tout le réconfort dont il avait besoin.

Samy, ayant enfin trouvé un espace sûr pour exprimer sa douleur, se laissa aller et pleura dans les bras de Maëlle. Ses larmes étaient les témoins de années de souffrance accumulée.

Voyant cela, les membres de la famille, touchés par sa vulnérabilité, se joignirent à eux dans un câlin collectif. Même Sacha et Daniel, habituellement moins démonstratifs, se rapprochèrent et entourèrent Samy. Sacha, avec une douceur rare, murmura à l’oreille de Samy :

— « Maintenant, tu es mon frère, peu importe ce qui se passera. Je t’aime et je suis là pour toi. »

Maëlle, toujours en train de câliner Samy, déposa un doux baiser sur son front, essayant de transmettre à travers ce geste tout l’amour et le soutien qu’elle ressentait. Les autres membres de la famille restèrent silencieux, apportant leur présence et leur solidarité à Samy dans ce moment de réconfort partagé.

Cette étreinte collective, pleine de compréhension et de chaleur humaine, marqua un moment précieux où Samy se sentit enfin entouré et accepté, un moment où il pouvait lâcher prise et trouver du réconfort auprès de ceux qui l’avaient désormais accueilli comme l’un des leurs.

Lorsque le câlin s'atténua, chaque membre de la famille prit le temps d’adresser un petit mot rempli de compassion, de fierté et d’amour à Samy, touchés par son récit poignant et sa vulnérabilité.

Victor, avec un regard empreint de sincérité, lui dit, « Samy, je veux que tu saches combien nous sommes fiers de t'avoir parmi nous. Ta force et ton courage sont admirables, et je suis honoré de te compter parmi notre famille. » Sacha poursuivit, avec un sourire chaleureux, ajouta, « Tu es plus qu’un ami ou un garde du corps, Samy. Tu es devenu un véritable frère pour nous. Ne doute jamais de ta place ici, nous t’aimons et te soutenons. »
Maëlle, toujours émue, murmura doucement, « Samy, tu n’imagines pas combien je suis fière de toi. Tu es un homme extraordinaire, et je suis heureuse que tu sois à mes côtés.»

Chacun prit le temps d’enlacer Samy chaleureusement, l’un après l’autre, exprimant à leur manière le soutien et l’amour qu’ils ressentaient pour lui.  Nahia l'embrassa sur la joue d’un geste amical, presque fraternel, cela symbolisa l’affection collective qu’ils lui portaient.

Avant de rejoindre leurs suites respectives, ils se regroupèrent une dernière fois pour offrir à Samy une étreinte collective. Ce moment marqua le début d'une nouvelle étape pour lui, où il se sentait désormais pleinement accepté et soutenu par la famille qu’il avait choisie et qui l'avait accueilli avec tant de chaleur et de bienveillance.

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