Chapitre 10 : Premières leçons. ✔

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De petits picotements à peine perceptibles s'immiscent sous ma peau, d'abord très légers, puis de plus en plus intense, jusqu'à ce qu'une décharge électrique me réveille en sursaut. Je bondis hors de mon lit, tous les sens aux aguets, parcourant la pièce du regard pour essayer d'en trouver l'origine. La veille, Cassie m'avait dit qu'elle détenait le pouvoir de la décharge électrique. Sauf que là, je ne la vois nulle part. Elle n'est pas dans ma chambre. Et puis, pourquoi aurait-elle fait une chose pareille ? On ne réveille pas les gens ainsi ! Je jette un coup d'œil à ma petite montre en argent, celle que j'avais eue pour mes quinze ans. Je revois alors le visage de mes parents quand ils me l'avaient offerte, les yeux pétillants de joie à l'idée de me faire ce cadeau. Et ce petit souvenir est suffisant pour ouvrir les vannes. Les larmes coulent sur mon visage sans que je cherche à les retenir. Je suis orpheline. Jamais je n'aurais cru dire ça un jour. Tout ce qu'il me reste d'eux, c'est une montre. Le reste est parti en fumée. Et ce qu'il y a de pire lorsque l'on commence à pleurer, c'est que tout nous revient en mémoire. Absolument tout. Heureusement, je n'ai pas que ce bijou au poignet. J'ai le bracelet de Mehdi, mais également la bague de Raphaël à mon doigt, ainsi que le collier de Roxana autour du cou. Cela peut paraître anodin, mais pour moi, ils sont loin d'être des cadeaux parmi tant d'autres. C'est ce qui va me permettre de tenir. Je ne me suis peut-être pas réveillée sur Terre, mais je sais que je peux y retourner. Apolline me l'a assuré. Seulement, pour le moment, la curiosité est trop forte. Je veux en savoir plus sur ce royaume. Mais surtout, je veux en savoir plus sur moi. Et tant que je n'aurais pas eu les réponses que je désire, je ne retournerai pas sur Terre. Je m'en fais la promesse.

Je sèche mes larmes et souffle un bon coup avant d'étudier une nouvelle fois ma montre, la gorge serrée pour ne pas me remettre à pleurer. Il est dix-huit heures trente-cinq. C'est impossible. Je ne peux pas avoir dormi autant ! Je fronce les sourcils, avant que les souvenirs de ces derniers jours ne me reviennent en mémoire. Réturis semble être à l'exact opposé du fuseau horaire de la France. Il faut donc que je règle ma montre, parce qu'ici, il est six heures trente-cinq. Cinq minutes de plus que l'heure à laquelle j'avais souhaité me réveiller. Cinq minutes passées à pleurer. Ce qui veut forcément dire que la décharge électrique qui m'a parcouru le corps... c'était mon réveil ! Je lève la tête vers mon symbole projeté au plafond. Ce dernier darde une lueur rouge sur mon lit. Je m'approche. Précautionneusement, je pose une main sur les draps. Puis la retire aussitôt. Une décharge vient de me traverser le corps. J'hallucine. C'est ça, leur réveil ? C'est ainsi que les Surnaturels se lèvent le matin ? D'accord, j'admets que c'est plutôt pratique. Mais quand même ! Je ne suis pas sûre de supporter pareil réveil tous les matins. J'ai atterri chez les fous.

Je me dirige en soupirant vers la porte rouge aperçue la veille. J'avais vu juste, elle mène à une salle de bains. C'est une petite pièce, avec le strict nécessaire, décorée des trois couleurs principales du château. Mon regard s'attarde sur la douche. Je décide de me laver en quatrième vitesse, débarrassant ma peau des impuretés et des cendres noires de la veille. Une fois fait, je m'enveloppe d'une douce serviette et me rapproche du lavabo noir, où tout le nécessaire de toilette m'attend. Je me brosse les dents, me passe un peu d'eau sur le visage, puis je démêle les nœuds de mes longs cheveux châtain clair. Et je regarde ma montre. Six heures cinquante-sept ! Je déboule hors de la salle de bains et me précipite comme une furie vers l'armoire qui trône dans la chambre. À l'intérieur, je découvre une ribambelle de tissu couleur ébène. Des débardeurs, des sous-vêtements, des pantalons en cuir, des chaussures, tout est noir. La matière semble faite pour résister à certaines attaques. Je farfouille à la recherche de quelque chose de plus coloré, ou du moins blanc, mais ce n'est pas très fructueux. Je comprends pourquoi, lorsque j'ai fait la connaissance des Surnaturels la veille, ils n'étaient habillés que de vêtements sombres. J'opte donc pour un débardeur tout simple, un pantalon en cuir, et des bottines sans talons. Ce n'est pas comme si j'avais vraiment le choix. En revanche, je suis surprise de les trouver à ma taille. J'espère qu'il ne va pas faire trop chaud, parce que je supporte très mal la chaleur... et le noir a tendance à l'attirer.

Surnaturels Tome 1 : Mystères. [Publié chez INCEPTIO EDITIONS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant