Chapitre 58 ☁️

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Je frappe un dernière fois sur la porte de toute mes force, sur mes poings.
Qui restent collés à la paroi.
Je laisse mes genoux tomber.
Je m'écrase au sol, perdue, anéantie, et seule, de nouveau.

Je colle mon front contre la paroi de la porte.
Mon ventre se tors dans tous les sens, j'ai l'impression que je vais me fendre en deux.

Mes poings, comme un réceptacle, se remplissent de toute ma haine et toute ma rage entre mes doigts ensanglantés et à présent bien fins.
Je les ouvre et laisse tous ça s'envoler, disparaître.
Comme moi, d'ailleurs.

Je sens mon souffle chaud s'évaporer de ma bouche.
J'ai la respiration saccadée, rapide, agonisante.

Je ne ressent à présent plus rien que de la solitude.
De l'amertume.
Du dégoût.
De la tristesse.
Je m'en veut.

Putain je m'en veut tellement.
Je commence à croire que ce qu'il m'arrive n'est pas normal, que finalement c'est moi qui ne suis pas normale. Je m'en veux.
Je m'en veux de ne pas être comme tout le monde, et en veux au monde pour être différent de moi.

J'attrape le haut de mes genoux rougis par le froid, et y enfonce mes ongles.
Je les sens s'enfoncer, je sens la douleur se répandre dans toutes mes jambes, je la sens les engourdir.
Je ferme les yeux, je serre les dents, je grogne, comme un animal, je montre les dents, et je me remémore tous ces moments qui m'énervent, me paraissent injustes, tous ces moments ou j'en avait mare.
Enfin ou je pensait que j'en avait mare, car je ne connaissait pas encore ce que je vis actuellement.
Je pousse un grognement digne d'un homme des carvernes, et plonge mes ongles plus profondément dans ma peau.
La douleur n'est à présent qu'une sensation en arrière plan, plus qu'un simple bourdonnement au fond de mon esprit, plus qu'un fond de verre.
Quelque chose de si petit qu'on ne s'en rends plus compte.

Je pense, m'acharne, me défoule.
Je griffe, entaille, enfonce, encoche.
Je plante une dernière fois mes ongles rougis par mon sang, dans mes cuisses, et je les sens s'enfoncer, traverser ma peau, jusqu'à ce que le liquide rouge mouille mes doigts.

J'ai mal au cœur, j'ai mal, si mal, j'aurais envie de me déchirer la peau et de rentrer ma main à l'intérieur de mon buste pour attraper mon cœur et l'arracher.

Et brusquement un mal de tête horrible m'ébranle, je bascule en avant, sans que personne ne me rattrape.
Ma boîte crânienne est en ébullition, je ne peux plus penser.

J'ai envie de m'attraper les cheveux et les tirer jusqu'à ce que cette douleur l'emporte sur l'autre.

On dit qu'on soigne le mal par le mal.
Mais c'est n'est pas toujours vrai.
J'en suis la preuve.
Malheureusement.

Mon cœur s'emballe tellement et cogne tellement fort dans ma poitrine que je le sens battre dans mes doigts, mon mal de crâne est insoutenable, mes genoux sont en sang, mes doigts mouillés de rouges, je penche la tête en avant.

Je la colle contre la porte, ferme les yeux, et ouvre la bouche pour respirer.

Je me rends compte que je suis à bout de souffle, mon mal de crâne se change rapidement en nausée, qui petit a petit me force à rouvrir mes yeux.

J'essaye de trouver un point fixe, quelque chose à regarder profondément.

C'était une technique que m'avait appris Liam, lorsqu'il avait 4 ans.
Il avait beau être petit, il n'en était néanmoins pas du tout stupide, il était même doté l'une intelligence assez remarquable pour son âge.
Pour son si petit âge.

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