De catastrophe en catastrophe.

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- Par ici, soufflai-je à Maël en bifurquant dans un couloir.

- Devon arrive, m'informa-t-il. Nous avons pour ordre de ne tuer personne d'ici là.

- C'est pas gagné, répondis-je dans une grimace.

Maël grimaça à son tour, il savait que la tension qui crispait mon corps entier n'était pas bon signe. C'était même très mauvais. Jusqu'ici mes intuitions ne m'avaient pas trompées. Pas une seule fois. Et je n'aimais pas ça du tout. L'esprit d'Andréa fourmillait dans le mien. De l'énervement. L'envie prenante d'arracher la tête à un loup qui s'interposait devant lui en lui barrant le chemin. Le besoin pressant de me voir. L'inquiétude furieuse qu'il me manque un bras ou une jambe, mais aussi de savoir ce que j'avais subi. Il voulait me toucher. Sentir mon cœur battre. Ma poitrine se soulever au rythme de ma respiration. Et je ressentais le même besoin viscéral. Plus je me rapprochais de lui, plus cela devenait oppressant.

J'allais m'avancer brusquement mais je n'étais clairement pas assez à l'aise dans cette robe dont le bas, trop étroit, ne me permettait aucun mouvement ample. Je me maudis de ne pas m'être changée. Je jurai, légèrement agacée en relevant le bas de la robe pour découvrir le bas de mes cuisses, espérant ainsi gagner un peu de marge. Maël se retourna légèrement, visiblement anxieux de ma tenue. Il savait tout comme moi qu'elle n'était en rien pratique pour un problème quelconque. Peu importe le problème d'ailleurs. Il soupira mais se contenta de me suivre quand je le devançai.

Les rayons du soleil s'écrasèrent sur ma peau alors que mon cœur semblait sur le point de s'arracher à ma poitrine. Il était là. À quelques pas. Ses yeux se plantèrent dans les miens. Marron brodé d'or, comme dans mon unique souvenir de ses yeux que je n'avais pourtant aucunement oubliés. Il me fixa une longue seconde pendant que je ne remarquais même pas la horde de loups-garous menaçants autour de lui. Ses muscles se crispaient, ses sens se braquaient tous sur moi. Son esprit effleurait le mien alors que mon nom claquait dans son esprit. Maël passa une main sur ma taille en me faisant tressaillir mais me ramena à la réalité. D'un simple signe de tête, il me montra l'un des autres loups-garous présents. Ses bras étaient velus. Ses yeux étaient couleur or. Sa transformation semblait en grande partie entamée et je frissonnai devant les énormes canines qui défiguraient sa bouche.

- On peut savoir ce qu'il se passe, Luca ?

- Ce type, il n'a rien à faire ici.

- Il est son lié, rétorqua Maël en restant très calme malgré les grognements qui nous entouraient. Il doit être auprès d'elle.

- Ce type ne franchira pas l'enceinte du manoir tant que je serais vivant, aboya le dénommé Luca en montrant les crocs dans notre direction.

- Pourquoi réagir à ce point ? Qu'est-ce qu'il t'a fait ?

- Ce type a tué ma sœur.

Andréa ferma les yeux quelques secondes alors que je braquai les miens vers lui, affolée. Cela ne pouvait pas être vrai. Il secoua la tête en me soulageant, alors que le sentiment de culpabilité qui serrait sa gorge ne venait pas du fait d'être un meurtrier. Il regrettait certaines choses, mais ne se sentait pas responsable. Il rouvrit les yeux sereinement, sans sourciller alors que je m'attendais à ce qu'il sorte complètement de ses gonds quand, de plus en plus, il ressentait le besoin de m'approcher.

- Je ne l'ai pas tuée, dit-il sobrement. Elle m'a suivi et elle a rencontré son marqué.

- Qui l'a tué pour ses expériences, aboya Luca alors que sa colère montait de plus en plus. C'est de ta faute s'il elle l'a rencontré ! Tu n'as rien fait pour les séparer !

Water Lily : l'éclosion.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant