Ma famille. Où plutôt un puzzle de ma famille.

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- Arrête de tripoter tes cheveux, m'ordonna Epona en tapant dans ma main. Tu vas tout défaire. Si tu es nerveuse, triture ton médaillon mais laisse donc cette coiffure que j'ai mis des heures a te faire ! Elle ne t'a strictement rien fait.

- Je suis nerveuse, grimaçai-je. Et cette mèche me perturbe.

- Les franges c'est démodées, annonça Saphira. Cette mèche dégage ton visage en plus. Pas vrai, Devon ?

- Pourquoi moi ? Gémit aussitôt l'intéressé.

- Tu es son meilleur ami, rétorqua Saphira. C'est à toi de la rassurer.

- Lui c'est son petit ami, c'est pas plutôt son rôle ? Rétorqua Devon en pointant Kenan du doigt.

Silence. Glaçant. Je passai ma main dans ma nuque alors que le malaise s'intensifia quand Maël détourna le regard pour fixer le paysage qui défilait sous ses yeux. Devon grimaça alors que tout le monde le fusillait du regard d'un comme un accord globale. Je soupirai légèrement avant de simplement tâcher de sourire quand les yeux se dirigèrent sur moi avec compassion, tandis que seul Kenan restait indifférent. Mes yeux tombèrent sur le sol de la voiture qui nous attendait à notre sortie de l'aéroport.

Je ne savais pas comment rompre le silence de plomb qui semblait vouloir s'installer. Oui, c'était probablement la réalité. Kenan et moi étions désormais officiellement ensemble. Nous n'en avions pas réellement parlé, mais c'était la seule chose qui s'imposait. Je me sentais bien avec lui. Et il voulait de moi. Non. Et j'en avais juste envie. Cependant, je ne parvenais pas à être à l'aise, ni à faire comme si je n'éprouvai rien pour Maël. Il me fallait plus de temps, mais je n'en obtiendrai pas avant longtemps et je ferai avec.

- Je suis d'accord. Cette coiffure te va réellement bien.

Je redressai le visage, extrêmement étonnée. Mes joues devinrent écarlates alors que Kenan fixait, à son tour, la fenêtre en gardant ses bras croisés sur son torse. Je passai ma main dans mes cheveux, ramenant la mèche devant mon visage pour cacher mes rougeurs. Au moins, cette mèche me servait a quelque chose.

Epona avait fait un vrai miracle. Me témoignant que les talents des marqués pouvaient être bien plus diverse que je ne l'imaginai. Jamais je n'aurai cru que mon don de soin pourrait me permettre de limiter les dégâts liés a mes cheveux, mais pourtant cela avait été le cas. Avec les indications d'Epona, j'avais réussis a retrouver une certaine longueur et Epona avait finit de les sauver en recoupant mes pointes abîmées. Elle avait finit le tout en offrant à ma coupe une certaine fraîcheur. Un léger dégradé permettait de donner une jolie volume a mes cheveux qui ondulaient à nouveau avec souplesse. Mon reste de frange était devenue une mèche qui glissait le long de ma joue droite.

- Epona a réussi un vrai miracle en te rendant presque regardable, rajouta-t-il platement.

- Tu aurais pu t'arrêter au compliment, grondai-je en lui envoyant un coup dans l'épaule.

Mais merci. Il avait rompu le silence, rompu la sensation envahissante de malaise. Il me lança un regard en coin mais se détourna dès l'instant où je tentais de lui sourire. Ce type allait finir par me rendre folle. Je reposai mes yeux vers Maël, qui les détourna presque aussitôt à son tour, se focalisant sur un paysage qui commençait à devenir familier.

Décidée a ne pas me torturer l'esprit, je contemplai les maisons de ma ville natale. Je reconnaissais les allées avec précision et mon souffle s'accélérait lentement mais sûrement. L'angoisse. Ma mère allait m'assassiner. Totalement. Plus d'un an. Cela fait plus d'un an que je ne l'ai pas vu, que je n'ai pas entendu sa voix. J'appréhendai ce moment, trop incertaine face à ce qui m'attendait, mais je l'attendais aussi avec une impatience furieuse. Elle me manquait. Elle me manquait vraiment énormément. J'étais persuadée de fondre en larme dès que j'aurai la chance de la voir, je savais que je me répendrai en excuse sous ses reproches parce qu'elle aurait raison. Je regrettai certains de mes choix, je regrettai de ne pas avoir choisi de faire d'elle ma priorité et de lui rendre sa véritable nature de marquée. Elle avait dû ce faire un sang d'encre et ma seule excuse serait que je voulais la protéger, chose qu'elle n'accepterait clairement pas. Elle était ma mère et j'avais l'impression de déjà entendre sa voix : « c'est à moi de te protéger, Keylinda ! ». Comme elle l'avait toujours fait.

Water Lily : la floraison.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant