Entre souffrance et joie, il n'y a qu'un seul pas.

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Mes doigts caressaient ses cheveux avec douceur alors que ses épaules tressautaient dans des sanglots qu'il voulait ravaler mais sans y parvenir. Tout le monde le fixait avec incrédulité, avec crainte. Avec ce même regard qu'il m'avait offert lorsque j'étais apparu devant eux pour la première fois, couverte de marque blanche et de cinq marques noires. Mon regard se fit plus menaçant, déconseillant ainsi à quiconque de penser qu'il était un monstre ou toute autre horreur dans le genre. Je me chargerai personnellement de ceux osant le faire et je vis plusieurs personnes reculer légèrement sous mon regard meurtrier.

Je n'osai pas bouger même si j'aurai voulu emmener Maël plus à l'écart, à l'abri des regards curieux qui ne ferait qu'intensifier son sentiment de monstruosité. Bianca voulut s'avancer vers son frère mais Gareth la retint fermement. Elle le fixa un instant alors qu'il la retenait pour une unique raison. Il ne voulait pas qu'elle s'approche de lui. Pas qu'elle s'approche de quelqu'un d'aussi dangereux. Je me mordais la lèvre jusqu'au sang, comment ce type pouvait penser une chose pareil ? C'était lui le monstre. Bianca semblait, pour un fois, être d'accord avec moi et se dégagea d'un geste brusque avant de s'avancer lentement vers nous.

- J-je peux faire quelque chose ? Bégaya-t-elle.

- Fait reprendre les épreuves, ordonnai-je. Nous n'avons pas encore eu de vainqueur.

- M-mais...

- Je m'occupe de lui, affirmai-je calmement en lui coupant la parole.

Elle sembla hésitante, fixant son frère avec anxiété. Elle releva les yeux sur moi, totalement indécise. Elle ne voulait pas le laisser, mais c'était le mieux qu'elle puisse faire. Il fallait que l'attention se porte sur autre chose et faire reprendre les jeux était la meilleure chose à faire. Maël avait besoin d'être seul. Où plutôt d'être avec moi au vu de ses mains serrées sur ma taille. Et je ne comptais certainement pas l'abandonner. Brièvement, mes yeux tombèrent sur Kenan et la colère monta comme une flèche dans ma poitrine. Il ne détourna pas les yeux, sa mâchoire se crispant simplement un peu plus qu'elle ne l'était déjà. Mais ce n'était pas le moment de régler mes comptes.

Bianca avait finalement décidée de m'obéir, se tournant vers la foule de gens qui nous contemplait entre fascination et crainte. J'avais peur qu'elle ne parvienne pas à ramener l'ordre, mais me surprenant, un simple mot de sa part suffit à faire se détourner les regards. Je soupirai de soulagement quand enfin la pression redescendit un peu. Mais il me restait encore beaucoup à faire. Doucement, j'essayai de relever le visage de Maël, l'écartant légèrement mais il refusa de croiser mon regard. Sa souffrance était si puissante que j'avais peur de ne pas réussir à le soulager. Pourtant je devais le faire, coûte que coûte.

- Tu peux te lever ? Questionnai-je doucement.

- Probablement, répondit-il sans conviction.

Je hochai la tête alors qu'il tentait déjà de le faire, ses jambes tremblant encore. Je venais vivement poser mes mains sur ses épaules pour le soutenir et il me lança un regard en coin, ses yeux toujours humides de larmes. Il avait honte d'être aussi faible, chose ambivalente quand il avait aussi terriblement honte d'être puissant. Je tâchai de la rassurer dans un sourire doux mais il détournait les yeux en me faisant soupirer discrètement.

Sobrement, je vins appuyer mon épaule contre la sienne afin de l'aider à marcher, son bras passa autour de mes épaules sans trop d'hésitation et il commença à avancer avec moi. J'étais très attentive, veillant à ce qu'il ne retombe pas à genoux quand son esprit était si troublé que son corps agissait en conséquence. Ses mains étaient froides, de la sueur coulait sur ses tempes et ses jambes étaient si tremblantes que je savais que nous ne pourrions nous écarter que de quelques mètres. Mais ce serait suffisant.

Water Lily : la floraison.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant