Chapitre 14 : Le plan est en marche

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Elona Ryder:

    Le cours de mathématique vient de s'achever. Je suis la première sortie. Arpentant les couloirs à la recherche du casier de Johnny Grant, j'espère que je ne vais pas attirer l'attention. Le petit bout de papier plié en quatre au creux de ma main scellera le début de mon plan « Trouver un tatouage à Walled » .

    Je marche à toutes vitesse dans le couloir, évitant ça et là quelques bousculades. Me voilà, à présent, à quatre casier de celui de John. J'ai une brève monté d'adrénaline lorsque je glisse mon message à travers les fentes de la portes métalliques. Furtivement, je lance un regards à droite puis à gauches, personne ne semble s'être aperçu de mon étrange manège, je souffle un cou et retrouve le sourire .

« Hey ?! El? m'interpelle Prudence me stoppant d'une main sur l'épaule.
- Oh Prud , tu m'as fait peur !
- Peut être aurais-tu préféré que se soit la main de Johnny, me chuchote-t-elle plus bas.
- Johnny?! Sérieusement ?
- Oh, El arrête de me prendre pour une idiote, je t'ai vu déposer un petit mot doux dans son casier. »

    D'accord, pour la partie « déposer le mot dans le casier de John sans se faire remarquer» je repasserai. Mais qu'importe je n'ai franchement pas envie d'impliquer Prud dans cette histoire alors jouant sur les mots je tente de m'en sortir:

« Ce n'était pas un mot doux .
- El pour une fois fait attention. Tu as peut être besoin de passer par une période mauvais garçon mais John est plus que ça, il est dangereux et a une famille de mafieux. »

    Je déteste quand elle prend ce ton moralisateur. Encore plus, quand elle est à côté de la plaque. Alors, sans attendre la fin de son explication qui n'en finis plus je la coupe:

« Prud relaxe je n'ai aucune envie d'être ça petite amie.
- Bon sang, tu joue à quoi dans ce cas ?
- À rien ne t'en fait pas . Parlons d'autres choses .
- Pourquoi tu prends ce que je te dit à la légère. Je suis très sérieuse, si tu t'approche de lui je ne serais pas là pour venir à ton secours . »

    Son ton sec refroidi notre conversation et me coupe l'envie de poursuivre . Si, seulement, elle savait je ne prends pas du tous ça à la légère. J'ai pleinement conscience de se que je m'apprête à demander à John. Je veux rencontrer le Carré, les quatre plus grands mafieux du secteur 14 qui le dirige de façon non officiel. Je sais qu'avec eux on ne rigole pas et que leur demander un service n'est pas gratuit mais j'espère que la promesse qu'ils m'ont faite à la mort de mon père tient toujours .

****

    Le cours d'histoire me parait durer des siècles. Cependant, je ne m'ennuie pas, je suis bien trop anxieuse de la rencontre qui m'attends lorsque la sonnerie retentira et le stylo que je suis entrain de broyer dans ma main ni change rien.
    Il ne reste plus que cinq minutes, mes yeux ne quitte plus la pendule et je suis prête à bondir hors de cette salle dès que le gong se fera entendre. «DRIIIIIIIINNNG » ce bruit strident manque de me faire faire une attaque. Je suis la première dans le couloir qui est encore vide, j'accélère le pas espérant éviter le flot de personne qui ne va pas tarder à déferler.

    J'arrive bien évidement avant John au lieu du rendez vous, le local à poubelles. Ça me paraissait être une bonne idée personne ni vient jamais et il se situe assez à l'écart de l'établissement pour qu'on ne m'y voit pas entrer. L'odeur commence à me piquer le nez et je ne suis plus très sûr de moi. Vais-je être à la hauteur?
    La poignée de la porte s'abaisse, je retiens mon souffle et chasse toutes pensées négatives. Je présume que c'est John mais dans cette pénombre ambiante, je ne distingue pas très bien son visage. Une odeur de tabac envahit la pièce et mes doutes s'estompent , mes yeux se sont accommodés et j'aperçois sa salle face: ses petits yeux vert perçant, son nez cabossé et son sourire de tordu.
     La clope au bec, il prends la parole:
« Ryder.
- Grant, j'ajoute sur le même ton suffisant.
- Alors comme ça tu veux me voir? souligne t'il en me soufflant sa fumée au visage. »

    Je ne recule pas et reste impassible. Son sourire malin s'intensifie mais je le stop de la main:

« Ne t'emballe pas. J'ai une demande à te faire.
- Et qu'est-ce qui te fait croire que j'ai envie d'écouter? »

    J'agite un petit sachet remplie d'une poudre blanche devant son visage. Il s'en empare, l'hume et ricane:
« Tu commence à me plaire Ryder. Je t'écoute.
- Arrange moi un rendez vous avec le Carré. »

    Ricanant de plus belle, il s'exclame:

« Rien que ça! Tu sais que c'est un gros service que tu me demandes là. Que comptes-tu me donner en échange? »

    Il tripote une mèche de mes cheveux et la place derrière mon oreille. Ecoeurée, je retiens un frisson mais ne laissant rien paraître, je poursuit:

« Je peux t'en donner cinq autre comme ça, dis-je en pointant le sachet du doigt. Voyant son hésitation j'insiste: Elle est de qualité. »

    Il gratte sa barbe de trois jours prenant le temps de réfléchir et m'annonce:

« Huit et je ne te demande pas de services supplémentaire.
- Entendu.
- Vendredi soir à onze heures derrière le centre commerciale, ponctue t'il d'un clin d'oeil avant de quitter le local. »

    J'attends quelques minutes, puis, sors à mon tour. Je m'apprête à tourner mais Prudence m'attend à l'angle plus remontée qu'un inquisiteur:

« Tu faisais quoi?
- Rien, je marche, c'est tous.
- Oh oui. Rien de mieux que de se dégourdir les jambes dans un locale à ordure en compagnie de Johnny!
- Mais qu'est-ce que tu raconte?
- Je vous ai vu en sortir. On est ami nan? Arrête de me mentir.
- Prud tu te fais des films je t'assure.
- Ok, j'ai compris. Tu ne me diras rien mais ne viens pas me voir en pleurant lorsque tu auras des ennuis.
- La question ne se posera pas alors s'il te plait arrêtons de parler de ça. »

    Elle me scrute et n'a toujours pas l'air convaincu. Cependant, le reste de la journée se déroule sans que nous ayons à en reparler.

Haywire TimeWhere stories live. Discover now