CHAPITRE 3

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Comme d'habitude. Je n'ai presque pas dormi de la nuit. Les heures, les minutes et les secondes s'enchaînent à une lenteur époustouflante. Et un sentiment de mélancolie s'empare de moi. Mes iris bruns balayent les alentours, encore et encore, tandis que le bruit de l'horloge résonne inlassablement. Je déteste ça. Dos contre la tête du lit, j'attends patiemment le déluge. Le soleil se lève, et peu à peu, le ciel commence à devenir d'un bleu immaculé. Bordel, qu'est-ce que je fous encore ici ? Je suis tenté de me barrer, mais je ne le fais pas. Thalia me ferait une scène, et ça me soule déjà rien que d'y penser. 

Toc. Toc. Toc.

Je tourne ma tête vers l'origine de ces coups. La porte. Je souffle profondément et me dirige en grandes enjambées à l'encontre de la porte afin de l'ouvrir. Sans étonnement, la lieutenante Hopkins se tient face à moi. Vêtue de son uniforme de travail, ses cheveux châtains sont attachés en un chignon strict et son maquillage est quasi-inexistant. À vue d'œil, elle doit avoir une trentaine d'années. C'est plutôt étonnant puisque d'une part, son grade est assez élevé et d'autre part, car c'est une femme. Dans un métier tel que le sien, les hommes sont souvent les plus sollicités.

— Qu'est-ce que vous voulez, encore ? dis-je d'un ton nonchalant.

— Hum... déclare-t-elle, assez déstabilisée, sûrement parce que je suis torse nu. Le repas est prêt ! Et, pour le dîner de ce soir, n'hésitez pas à vous servir dans les tiroirs.

— Ok.

— Oh ! J'allais oublié. La salle de bains est juste en face. Tous les objets essentiels sont sur le lavabo ! dit-elle rapidement avant de continuer. Au fait, je ne rentrerai pas avant demain matin. Mon emploi du temps est vraiment chargé, donc ça sera souvent comme ça dans les jours à venir.

Je suis arrivé la veille, et elle s'absente déjà alors qu'elle est chargée de me protéger : c'est quel genre d'incompétente ça ? La lieutenante Hopkins est en pleine réflexion et décide de prendre à nouveau la parole, quelques fractions de seconde plus tard :

— Vous n'avez pas le droit de sortir d'ici. Personne ne doit savoir que vous habitez dans cet endroit, ou sinon, le programme de protection des témoins tombe à l'eau.

Mon cerveau bug instantanément sur sa première phrase. Quelle conne ! Une chose est sûre : je vais me barrer tous les soirs sans même qu'elle le sache. Néanmoins, pour ne pas éveiller ses doutes, je réponds sereinement :

— Ok.

— Il faut que vous sachiez que la porte d'entrée doit TOUJOURS être fermée. Cette maison est très souvent victime de cambriolage, donc dès qu'un individu pénètre dans la demeure, appelez la police, poursuit-elle en réfléchissant si elle n'a oublié pas de mentionner quelque chose.

Une policière qui se fait souvent cambrioler : mais c'est quoi ce délire ? 

— Vous avez fini ? 

— Euh... oui, admet-elle. Je pense qu'il n'est pas nécessaire de vous dire de ne pas organiser des fêtes ou bien de créer tout événement pouvant être nuisible à cette habitation...

Laisse-moi rire. Je vais m'gêner, ouais. À cause de son putain de programme de merde, je dois passer tout ma journée à glander dans cette baraque. C'est limite de la séquestration ! 

— Vous devriez partir avant d'être en retard.

— Ah, vous avez raison ! annonce l'officière Hopkins en jetant un coup d'œil à sa montre. J'espère que ce séjour dans notre famille vous plaira !

Et c'est après avoir prononcé ces mots qu'elle s'éloigne de moi pour accéder à la porte d'entrée se tenant dans l'étage d'en-dessous. Je déteste déjà ce séjour. Enfin bref. J'ai la dalle. Il faut que je mange, mais avant ça, il serait peut-être temps que je me lave les dents ainsi que le visage. À pas assuré, j'entre dans la salle de bains en remarquant qu'une brosse à dents et un tube de dentifrice sont préalablement posés sur le lavabo. C'est alors que je procède à ma routine matinale.

Devon Où les histoires vivent. Découvrez maintenant