Chapitre 2

28 4 1
                                    

                       J-30

Ça ne fait qu'une heure que je suis partie de la maison, mais mon excitation ne s'atténue pas.
J'ai le sourire aux lèvres, je dis bonjour à tous les passants que je rencontre (la voisine n'en revenait pas) et c'est limite si je ne sautille pas. J'ai l'impression de partir en voyage scolaire.

Seule.

Oui, bon. On ne peut pas tout avoir hein !
Et puis réfléchis Axelle, on va sans doute se faire des amis sur la route !
Des amis ? Vraiment ? À tous les coups, dans moins de 48h on sera morte découpée en morceaux dans une rivière après avoir été violée par un psychopathe local. 
Mon dieu je ne sais pas me battre. Comment je vais faire quand je rencontrerai des yakuzas ?

Et voilà j'ai dérivé.
Juste, calme toi. Bon. Respire et regarde devant toi. Par où on commence ?

Voyons voir. Je me suis renseignée sur le chemin, et derrière la gare, des cars partent toutes les heures pour les régions frontalières. Ce qui veut dire que j'aurai le choix entre plusieurs destinations. Et entre le nord, l'est, le sud et l'ouest, mon cœur balance.
Je viens de décider que rien ne serait planifier, car j'ai toujours eu du mal avec les prises de décisions.

Alors que je passe devant une poste, j'aperçois une personne âgée qui en sort. Une idée me traverse l'esprit, mais j'hésite à aller l'aborder.
Je ne vais quand même pas agresser une vieille dame innocente pour lui demander quelle destination choisir, si ? Non. Certainement pas, n'impliquons pas d'honnête citoyens dans cette affaire.

- Ah non ! Me hurle une voix parmi tant d'autre dans ma tête.
Tu vas pas te dégonfler maintenant. On ne se rétracte pas, vas lui parler ! Continue t'elle pendant que d'autres personnalités de mon esprit débridé acquiescent en silence.

Boooon. Trrrrés bieeeen. Je m'approche doucement de cette personne du troisième âge, en espérant secrètement qu'elle change d'avis et retourne d'où elle vient, à savoir au guichet de poste.

- Excusez moi ?

Aucune réponse ne me parvient, la vieille ne semble pas m'avoir entendu.

- Madame ?

Du coin de l'œil, la vieille semble apercevoir mon signe de main et se retourne vers moi.
J'aperçois une touche de peur dans ses yeux. J'imagine que je dois avoir l'air d'une voleuse de dentier.

- Pardon vous m'avez parlé, mon petit ?
- Oui madame. Pardonnez moi de vous déranger, mais je fais un petit sondage...
- Est ce que vous en voulez à mon argent ? Me demande t'elle brusquent.

Mince, je suis tombée sur une parano. Le genre de personne qui suspecte sa propre famille de tremper dans des affaires de meurtres parce qu'elle est arrivée en retard à un repas de famille. Ma grande tante était comme ça. Un jour, elles même appelé la police parce que ma mère lui avait conseillé de placer ses économies à la banque plutôt que sous son matelas.

- Euh, non ?

Ses yeux bleus clairs me déstabilisent. Est ce qu'elle est en train de sonder mon âme ?
Finalement, son regard se plisse, ce qui fait ressortir ses pattes d'oies de chaque côté de ses yeux.

- Mmmh. Vous avez un regard honnête, j'aime ça.
- Euh, d'accord. Donc entr-
- Quel âge avez vous ?
- Je vais bientôt avoir 17 ans. Du coup pour ma quest-
- Et vous vous appelez...?
- Je m'appelle Axelle.
- Sylvie, enchantée.

Comment j'en suis arrivée à faire amie-amie avec le sosie de ma grand-mère, moi déjà ?

- De même. Donc. Entre les lettre O, E, S et N, quelle est votre préférée ?

Sylvie me jauge, comme si elle attendait la fin de la blague.

- C'est pour vos TPE ?
- Excusez moi ?
- Votre sondage, là. Des questions de ce genre, mon petit fils n'a pas arrêté de m'en poser cette année.
- Et bien pas exactement... Je dois faire un choix, et comme je n'arrive pas à me décider, je vous demande votre avis.

Ça sonnait moins bizarre quand je le disais dans ma tête.

Toujours est-il que Sylvie semble réellement réfléchir à ma question, et j'apprécie son effort.

- Le O. Ma fille s'appelle Ophélie, et mon petit fils se prénomme Oscar.
- Merci beaucoup, madame ! Passez une bonne journée, et une bonne fin de vie !

Alors que je tente de m'éclipser dans les règles de l'art, je sens sa main étonnamment ferme me retenir.

- Axelle ? Est ce que tu fais une
fugue ? Me demande Sylvie ma nouvelle amie.

Wait. Depuis quand on se tutoie ?

- Hem, non. Je vais rejoindre des amis.
- Sans savoir où aller ?

Grillée.

- Bon ok. J'ai décidé de partir seule à l'aventure.
- Tes parents sont au courant ?
- Évidement, je mens.

Mais Sylvie est loin d'être bête, et je me doute qu'elle sait que je la mène en bateau. Pourtant, elle ne relève pas et hoche la tête.

- Dans ce cas, laisse moi t'offrir ceci.

La vieille dame attrape ma main de ses doigts boudinés et y dépose une sorte de petit spray. En regardant de plus près, j'apprend qu'il s'agit d'un spray au poivre.

- Tu en auras probablement plus besoin que moi, me lance t'elle avec un clin d'œil taquin.

Est ce qu'elle vient de sous entendre que j'allais me faire prochainement  agresser ?!

- Et à toi aussi Axelle, je te souhaite une bonne fin de vie.

Et après une bise sur chaque joue, ma nouvelle amie s'en va doucement, s'aidant de sa canne en bois.
Je crois que je viens de faire la connaissance de là grand mère la plus cool de l'univers.

Une vingtaine de minutes plus tard, j'arrive enfin au terme de la queue pour acheter un billet.

Ce sera donc l'ouest.

Amis du soir, bonsoir !
Petit chapitre au, on est deter' pour poster régulièrement, ça sent les bonnes résolutions qu'on ne tiendra jamais :D
Un avis sur Sylvie ?
Bonne fin de vie, (entre autre), ne vous maquillez pas à la bombe lacrimo (c'est dangereux ET stupide)
Et portez vous bien :D

Date limite Where stories live. Discover now