Quand il a gravé son nom (3/3)

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Les dernières formalités réglées à l'élevage, nous étions enfin rentrés. Le Maître s'était installé sur le fauteuil brun du salon et parcourrait sur son appareil les documents qu'on lui avait transmis. Pour la première fois depuis qu'il m'avait achetée, il ne m'avait pas enfermée dans ma chambre et m'avait autorisée à rester en sa présence. Ne sachant que faire de ce nouveau privilège, je m'étais assise sur le tapis à quelques pas de lui et attendais en silence. La fourrure sous mes jambes était douce mais poussiéreuse ; il faudrait bien la nettoyer, un jour. Mais y aurait-il un jour futur ? Même si le Maître avait décidé de me garder, il était encore trop tôt pour me réjouir ; il pourrait très bien me faire vivre un enfer !

— Trente-six degrés virgule quatre, annonça-t-il soudainement. C'est ta température.

Je sursautai, arrachée à mes pensées par ses mots inattendus.

— Et ton pouls vient de faire un bond, s'amusa-t-il en me montrant sa tablette.

Je me renfrognai. Jouait-il encore avec moi ? Je levai lentement les yeux pour regarder l'affichage, sans réussir à distinguer un mot dans cette bouillie de pixels verts qui le composait.

— J'arrive rien à lire, murmurai-je avec honte.

— Vraiment ? Pourtant c'est très lisible, s'étonna-t-il avant de reposer son attention sur l'écran.

Vexée, je baissai la tête. Les vampires et les hommes n'avaient pas la même vision. L'avait-il oublié ou s'amusait-il à me rappeler à quel point je lui étais inférieure ?

— Approche, ordonna-t-il soudain.

Au lieu de me lever, je me figeai sur place, troublée par son changement de ton.

— Ça a encore augmenté ! s'exclama-t-il avec un sourire ravi, fixant toujours sa tablette.

J'écarquillais les yeux en réalisant qu'il prenait du plaisir à se moquer de moi. Quel pervers ! Quel monstre ! Mes doigts s'enfonçaient dans le tapis tandis que j'essayais de contenir ma colère.

Le sourire du Maître retomba dangereusement. Il me menaça du regard avant de demander :

— As-tu oublié de m'obéir ?

Sans attendre un second avertissement, je me rapprochai du fauteuil et m'installai à coté de ses pieds, inquiète. Que me voulait-il ?

— Le dossier indique que tu t'appelles Lyse, dit-t-il en glissant son doigt sur sa tablette. Est-ce vrai ?

— C'est le nom que mon ancienne Maîtresse m'a donné, réfutai-je sans oser lui mentir.

— Et quel est ton vrai nom ?

J'avais espéré qu'il ne me poserai pas cette question. Je préférais le garder secret. Peu m'importait qu'il ne s'adresse pas à moi en utilisant mon vrai nom. Au contraire, je trouvais plus simple de ne pas avoir à obéir en mon nom. Je pouvais ainsi jouer le rôle de quelqu'un d'autre et protéger celle que j'étais autrefois.

— Je l'ai oublié, inventai-je en baissant la tête.

Non convaincu par ma réponse, le Maître attrapa subitement mon menton. Sans me laisser le temps de protester, il plongea son regard rougeoyant dans le mien.

— Tu t'appelles Camille, lança-t-il en détachant ses pupilles des miennes. N'essaie pas de me mentir !

Camille. Cela faisait si longtemps que personne ne m'avait appelée ainsi. Camille. Ce nom transportait avec lui les souvenirs de ma vie perdue. Ceux de ma famille. Ceux de mes amis. Qu'étaient-ils devenus ? Les larmes affluèrent sur mes joues, chassant aussitôt la main du vampire.

Les chiens des vampiresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant