VIII.

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Elle souriait encore davantage. Elle ne voulait qu'aucun de ces jours ne touchent à leur fin, et c'est toujours avec nostalgie qu'elle regardait l'obscurité qui l'attendait devant elle. A cette pensée, elle se raidit et son sourire s'évanouit de son visage.

-Je n'ai pas envie d'arriver au dernier étage.

-Pourquoi ?

L'ascenseur trembla et fut presque au bout de sa montée.

-J'ai peur, Ben.

-Tu n'as pas besoin d'avoir peur de quoi que ce soit.

Elle lui sourit tandis que Ben remarqua que son sourire dissimulait sa peine. Mais pourquoi une fille pétillante et joyeuse comme Gaia pouvait-elle être malheureuse ? Dans tous les cas, elle ne le méritait pas. Elle ne le méritait pas du tout.

L'ascenseur peinait à arriver au septième étage, mais il y était parvenu, après avoir grincé à tous les niveaux. Ils sortirent de l'étroit sas, bagages à la main et aperçurent Luke et l'énorme Gungan qui les attendaient.

-Cet élévateur en a mis, du temps ! A mon avis, l'un d'entre vous a légèrement trop forcé sur les sucreries. Bien, poursuivit  Gudrun, veuillez me suivre, je vous montre vos suites d'exc-e-ption !

Cela fit rires ses trois clients qui le suivirent à travers les dédales de couloirs qui composaient la gigantesque auberge. Des tableaux étaient accrochés au murs blancs, représentant des portraits Gungans, l'air fier sur un fond noir, tranchant parfaitement le contraste entre les murs et ces peintures. Ben remarqua le dernier portrait, au bout du couloir, représentant Gudrun. Le Gungan ouvrit une porte métallique à l'aide d'une carte magnétique qu'il avait faite tournoyer entre ses doigts jusqu'à présent.

-Je pense que ce sera ta suite, Luke, fit-il en entrant dans la pièce.

La pièce était majestueuse : le lit à baldaquin, au centre de la chambre était recouvert de couvertures de satin, les rideaux en velours rouges rendaient la suite merveilleuse et incroyablement royale.

-Gudrun, entama Luke, je pense que c'est la plus belle pièce où je n'ai jamais logé. Ces draps, et puis ce sol ! Tu t'es surpassé dans la décoration.

-Oh, mais ce n'est pas moi qui ait tout stylisé, c'est mon employé, Deldoro qui a tout agencé. Et puis, ce ne sont que des babioles, rien de bien surnaturel. Dépose tes bagages, Luke, tes deux accompagnateurs vont eux aussi découvrir leurs chambres.

Il prit un air fier et regarda Gaia avec dédain. Son air supérieur amusa la jeune fille plus qu'il ne l'exaspérait. Il sortit de la pièce, laissant Luke continuer d'admirer la pièce grandiose. Il s'avança dans le couloir en sifflant et en faisant tournoyer le trousseau de cartes magnétiques sur ses doigts boudinés. Soudain, il s'arrêta et jeta un coup d'œil en arrière, pour regarder de plus près les deux Padawan. Il ne tourna pas les talons mais les scruta avec méfiance. Ben ne sut pas pour quelle satanée raison il les observait de la sorte. Il voulut dire quelque chose mais retint sa bouche de s'ouvrir pour ne pas déclencher des représailles.

-Bien, s'exclama Gudrun en se tournant et en ne changeant pas d'air, vous avez la même suite mais deux pièces séparées, vous me suivez ?

Ils furent obligés d'acquiescer sous le regard insistant du gérant. Le Gungan poussa la porte blanche après avoir enclenché son ouverture. La chambre n'avait rien à voir avec celle de Luke : les meubles étaient à moitié pourris, les portes des deux chambres étaient crasseuses et une petite porte fenêtre éclairait la pièce principale. Il sortit de la chambre, en laissant deux cartes sur l'un des meubles, sans même dire un mot. Gaia regardait fixement la porte, ses bagages toujours entre ses mains. Elle avait la bouche ouverte et ses sourcils froncés, comme si elle était sur le point de pleurer. Et elle était presque en train de pleurer, d'ailleurs. Ben l'avait constaté.

-Il aurait pu nous dire deux mots, avant de filer comme ça, se plaint Ben. Mais bon, nous ne sommes pas grand chose, après tout.

Elle ne parvint pas à cracher le moindre mot et n'avait pas changé de pose depuis tout à l'heure.

-Laisse tomber, Gaia. Certaines personnes n'arrivent pas à éprouver de la compassion envers les gens.

-Mais... Je ne comprends pas, bégaya-t-elle.

-Il n'y a rien à comprendre. C'est peut-être leur manière d'accueillir les gens.

-Tu as vu le regard qu'il nous a jeté, avant de pousser la porte ? demanda-t-elle en lâchant ses valises à terre. Tu crois que c'est une démonstration de respect ?

-Ne t'emportes pas.

-Je suis désolée. J'ai besoin de me calmer un peu, je suis fatiguée. Et quand je suis fatiguée je me mets à faire n'importe quoi et à être contrariée pour pas grand chose.

-Oublions ça, Gaia, dit-il posément et en riant doucement, il faut défaire nos bagages et désormais se focaliser sur ce pourquoi nous nous sommes déplacés jusqu'ici.

-Tu as raison, soupira-t-elle en ramassant ses paquets. Je prends cette chambre !

Elle courut à l'intérieur de l'une des deux petites chambres. Elle se jeta sur son lit en soufflant et en frottant son visage. Gaia songea longuement à ce qu'elle était. Elle allait certainement devenir Jedi, elle. Avec son air innocent et ses cheveux longs, avec ses rires et sa moue constamment boudeuse, avec sa joie de vivre et ses doux yeux bleus. D'autres auraient été bien mieux à sa place. Peut-être ne méritait-elle pas son destin fructueux, elle n'était pas faite pour contenir la force en elle.

Ben déposa ses affaires dans l'autre chambre quelque peu insalubre mais tout de même convenable. Elle était très peu décorée mais sur une commode reposait une vieille babiole : un casque noir avec quelques lignes de métal gris. Ben le prit dans ses mains et, d'un coup, il pensa à son grand père. Cette pensée lui donna envie de fracasser le casque contre un mur. A la place, il le remit sur la commode et le retourna pour ne plus le voir de face. Cette simple pensée lui faisait horreur et il s'assit sur son lit, la tête entre les mains, cherchant à chasser au plus vite cette macabre pensée de sa pauvre mémoire.

Ben Solo ✵ A star wars storyWhere stories live. Discover now