Chapitre 46

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PDV Lucy

Ça fait 2 jours. Deux putain de jours qu'il est parti. Mon frère, mon pilier, mon tout. Et ça fait 2 jours qu'aucunes larmes n'a coulé sur mes joues. Je ne peux pas pleurer. Je n'y arrive pas. C'est juste un cauchemar, je vais me réveiller, dans ce parc, avec mon frère qui se fout de moi parce qu'un filet de bave a coulé sur ma joue durant ma petite sieste. Mais en attendant à cause de ce putain de cauchemar, je me retrouve là, devant mon miroir, toute en noir. Je prends mon collier entre mes doigts et joue doucement avec. Ce collier, il me l'avait offert quel temps après la mort de papa. Des ailes d'ange. Je le mettais rarement, ne voulant pas me rappeler que j'avais perdu le premier homme de ma vie. Mais maintenant, tout semble différent. Lui aussi est devenu un ange, et dieu m'a pris les deux hommes de ma vie. Ma mère entre doucement dans ma chambre. Elle s'avance vers moi et autour ses bras autour de ma taille, sa tête reposant sur mon épaule. Je regarde notre reflet dans le miroir. Je vois ses cernes, ses yeux vitreux, pleins de larmes. Et les miens, froids et sans expression.

- Mon bébé...

Elle va craquer, je le sens. Mais je ne la laisse pas faire, pas maintenant.

- On doit y aller maman, c'est l'heure.

Elle ferme les yeux et inspire un grand coup. Elle fini par me lâcher en hochant la tête. Jérémy et ses parents nous attendent devant la maison. Ce sont eux qui nous emmène. Ma mère n'aurait pas été capable de conduire.

Lorsque l'on rentre dans l'église, ma mère est déjà en larme. On s'avance vers le premier rang, et j'aperçois Matt et les autres dans une allée. Jérémy va rejoindre Zoé, qui quitte les bras de Jack pour se réfugier dans les siens. Matt me regarde, semble analyser le moindre de mes gestes. Je ne lui souris pas. Je ne peux pas.

Un rapide tour des yeux me fait remarquer l'absence d'Alison. Peut-être n'est-elle pas encore arrivée. La cérémonie passe. J'écoute sans vraiment écouter, les yeux fixés sur ces quatre planches de bois où repose mon frère. A la sortie de l'église, les gens viennent me voir, m'adressent leur condoléance. J'en ai rien à faire. Je n'en veux pas. Je veux juste qu'on me rende Jordan. Mais je hoche toujours la tête, j'accepte les étreintes sans rien dire. Les gens partent, et seul un petit groupe de personne se dirige vers le cimetière, pour la mise en terre. Un autre discours. Et c'est à moi. Je dois dire quelques mots. J'observe les gens devant moi. Mes amis, ma famille. Ma mère n'a cessé de pleurer, dans les bras de celle de Zoé. Cette dernière s'accroche à Jérémy. Alison, qui doit être arrivée entre temps, est à coté. Elle semble un peu à part, mais je ne m'en formalise pas. Et puis il y a la bande. Tous semblent peinés pour moi. Je suis heureuse dans un sens de les savoir ici, pour moi. Le regard de Matt ne me quitte pas, il m'entoure de sa chaleur.

C'est à moi, je dois parler. Je tourne le regard vers le cercueil, plongé dans ce trou.

J'ouvre la bouche.

Je vais dire ce discours.


Il est mort.


Ce n'est pas un cauchemar, c'est vrai.

J'éclate en sanglot.

Je verse toute ces larmes que je retiens depuis deux jours, je tombe à genoux, mes jambes ne me tenant plus. Il est parti. On me l'a pris. On ma brisé.

Deux bras puissants m'entourent, ma tête repose contre un torse. Je n'ai pas besoin de me retourner pour savoir à qui il appartient. Il me berce, me caresse les cheveux, dépose des baisers sur mon front. Il me murmure des paroles dont je ne comprend pas le sens. Je m'en fous. Je ne pense qu'à lui, mon frère, une partie de mon âme que l'on m'a arrachée. Pourquoi ? Qu'ai-je fais pour mériter ça ? Qu'a-t-il fait lui ? Certes, il n'était pas un exemple de vertu, mais il était bon. Il était mon frère. Il ne méritait pas de mourir, pas maintenant. Il devait vivre. Il devait vieillir avec moi. Il devait être la à mon mariage, à la naissance de mes enfants. Il devait m'accompagner à l'autel, puisque papa n'est plus là. Il devait me dire à quel point je suis belle dans cette robe blanche. Essuyer mes larmes en me disant de ne pas tuer mon maquillage. Que l'homme que j'avais choisi était le bon, et que sinon il l'enterrerait lui même. Il devait être le parrain de mes enfants, leur offrir des tas de jouets qui font du bruit pour lesquels je lui crierai dessus. Leur apprendre des tas de bêtises, et au final se dénoncer pour eux quand ils se feront prendre. Il devait ronchonner en voyant que j'avais toujours son vieux t-shirt de basket, mais au fond il serait heureux que je l'ai gardé. Il devait être là dans ma vie, et moi dans la sienne. Le jour où il aurait trouvé sa voie, celui où il trouverait celle qui le fera changer. Dans 10, 20 ou 50 ans, on irait encore dans ce parc, on achèterait toujours les mêmes glaces, au même vendeur. On rirait aux mêmes souvenirs débiles, et à de nouveaux surement. On regarderait notre famille, celle que l'on a crée, suivre nos pas, ou faire leur propre chemin.

On parie bad boy ? - Bad Boy Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant