ROUGE ARDENT-L'HISTOIRE DE KEL (1)

Chapitre treize et demi

Chapitre corrigé le 15/07/2018

Les Slaads nous ont lâchement attaqué par derrière. Je me suis retrouvé dans cette situation grotesque avec Kaeris. Il est bien là, la dernière personne avec qui j’avais envie de me retrouver. Ashana nous sert de tireur à distance grâce à son arc. Il est accompagné de son amant, un humain à qui, il a appris à tirer les flèches.

Mais ces pourritures sortent de partout. Ces putains de mages noirs sont déterminés à prendre Eiríksmal coûte que coûte. Le pouvoir attire forcément les convoitises. Le royaume de Vahöll est puissant et riche.

C’est bien ce qui a failli coûté la vie de l’immortel Kaeris. S'il n’avait  rencontrer son actuelle épouse, je doute fortement qu'il dirigerait encore son royaume. Malheureusement, la probabilité pour qu’une âme sœur se réincarne est faible. Avoir une personne avec qui nous partageons l'absolu est quelque chose d'aussi magnifique que douloureux.

Après avoir éclaté en morceaux la tête d’un de ces fumiers, l'elfe descend de son arbre avec son amant, assis sur son épaule. Nous sommes essoufflés et blessés mais nous tenons le coup. Des soldats de nos troupes nous ont rejoints, eux-mêmes blessés.

—Majesté Kalaën !
—Que se passe-t-il ?
—Votre époux est porté disparu.
— Son Altesse Eins et lui ont été séparé !

Ils étaient supposé rester ensemble, merde !

— Si son Altesse est en vie, il n'y a aucune trace de votre époux.

Sans me contrôler, je saisis le soldat par le col de son armure avant de sauvagement le plaquer contre l'arbre le plus proche. Sous la pression, son armure se fissure. S’il arrive malheur à Kel, je ne me le pardonnerai pas.

— Où est Eins ? Lui demandé-je.
— E-En ville, Majesté !

Je le lâche sans me tourner vers lui pour rejoindre Eins. Je laisse derrière moi mes équipiers, ils peuvent se débrouiller sans moi, c’est certain. Kel est en danger, et je n’arrive pas sentir sa présence.

Ne me dites pas que malheur lui est arrivé ?

Je cours à travers la la capitale, en faisant de grandes foulées, sautant les obstacles. Qu'importe les coupures que me fait la pierre et les brûlures causées par la feu, je dois sauver Kel. Je me suis juré de le protéger en risquant ma propre vie s'il le fallait.

Comment ai-je pu le laisser seul un instant ?

Kel est un garçon niais qui ne connait rien de la guerre. Même s’il sait se défendre, face à un ennemi expérimenté, il n’a aucune chance.

Une fois près de la porte Est, je tombe nez à nez sur Eins. Ce dernier est en sale état, il semble s’être rudement battu. Quand j’arrive à sa hauteur, il finit de cracher son propre sang. À ma vue, il se redresse en titubant légèrement, sans que je puisse intervenir pour le rattraper, Kaeris me devance. Il m'a suivit en toute discrétion.

— Je dois l’emmener voir Ashana, il est en sale état.

Malgré la gravité de son état, il est encore conscient. Il accepte de répondre à mes questions avant de partir avec son père.

Lui et Kel ont été attaqué par des familiers. Ils ont fini pas se perdre de vue et a à été attaqué par plusieurs Slaads en même temps. D’après lui, Kel serait allé du côté de la vielle ville. Je m'y hâte sans hésiter en laissant

Dieu, fais que Kel n'ait rien !

Je continue sans réfléchir mon ascension en traversant le centre ville. Tout a été ravagé par ces mages noirs. Le sol a connu de terribles dégâts. Les murs des maisons et de l’église principale ne tiennent qu’à un fil. Il faudra beaucoup de temps à Eiríksmal pour se remettre de cette tragédie.

Je ne compte pas le nombre de corps inertes et mutilés sur lesquels je tombe. J’ignore les cadavres avec beaucoup d’amertume mais je ne peux rien y faire. Cette vue ne me réjouit pas. Malheureusement, je ne peux pas pleurer le sort alors que Kel manque à l’appel.

Sur ma route, mon regard croise celui de Dalaël. Le roi de ce putain de clan.

Race de merde !

— Maisne serait-ce pas sa Majesté Kalaën ?
— Dalaël ?

Je ne le connais pas personnellement. Je ne l'ai vu que lors de conseils. Des réunions qui réunissent les rois afin de régler nos comptes ou encore de passer des alliances. Dalaël est assez discret. Il est très puissant et malsain. Ce que je remarque, c'est le sang qui recouvre son bras droit. À première vue, ce n’est pas le sien.

—Le sang des vampires est irrésistible, n’est-ce pas ?

Il lèche le liquide carmin en se réjouissant du goût dans sa bouche. Il rit d'une manière agaçante mais je n’ai pas de temps à perdre avec cet enfoiré, Kel court un grand danger, je dois absolument le trouver ! J’ignore cet individu en lui passant devant, accélérant ma course.

Je m'aventure dans le quartier de la vielle ville. Cet endroit est aussi détruit que le centre. Il y a des cadavres qui trainent également dont celui d'une fillette qui attire mon attention. Elle est couchée contre un cadavre, recouvert par un vieux drap. Je décale avec respect le corps inerte de cette pauvre fille avant de soulever le drap.

Mon cœur rate un battement en découvrant le corps de Kel, inerte. Son teint est aussi blanc que neige et en portant une main à son visage, je comprend qu'il... Qu'il est mort. Une douleur envahit mon cœur et mes larmes percutent ses joues.

—Ouvre tes yeux ! Kel !

Je le serre contre mon torse, tentant de le réchauffer désespérément. Mes pleures ont pris le dessus. Je cris et prononce désespérément son prénom en le gardant près de moi.

Comment a-t-on pû tuer un être aussi pur et naïf que lui ?

Je prends mon courage à deux mains pour regarder l’énorme trou dans son ventre. Ce serait la cause de sa mort ?

Dalaël avait le bras en sang. Il a dit quelque chose sur le sang qu’il léchait plus tôt. Cet enfoiré a tué Kel ? Mon instinct de roi ne me trompe jamais.

Je soulève Kel en continuant de verser des larmes. Son corps percute le mien tel un pantin. Un corps sans vie. Je tremble en le prenant dans les bras, ne réalisant pas cette vision horrifique.

Le plus difficile c’est de l’annoncer à Silina et Theos, Kel était leur seul enfant.

Le perdre de cette façon est probablement la chose la plus tragique.

Je décide de gagner le palais de Vahöll avec son corps contre moi.